* Le commerce intra-régional représente actuellement moins de 15% du commerce total de la région. * Le secteur des services représente environ 50% du PIB en Egypte, au Maroc et en Syrie et environ 70% du PIB en Jordanie et au Liban, la Tunisie se situant entre ces deux groupes, avec 60%. Les ministres du Commerce de l'UE et des pays méditerranéens se sont réunis le 24 mars dernier à Marrakech, pour la 5ème conférence du commerce euro-méditerranéen afin de promouvoir le commerce et les relations économiques dans toute la région méditerranéenne. Durant cette réunion, les ministres du Commerce devraient réitérer leur engagement en faveur de la création, à l'horizon 2010, d'une zone de libre-échange euro-méditerranéenne intégrée. La conférence devait être suivie de l'ouverture officielle de négociations sur la libéralisation du commerce des services et des investissements entre l'UE et un premier groupe de pays méditerranéens. Les relations commerciales entre l'UE et les pays voisins de la Méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Jordanie, Autorité palestinienne, Israël, Liban, Syrie) sont régies par le partenariat euro-méditerranéen ou « processus de Barcelone », qui a été lancé en novembre 1995. Le processus vise à approfondir les relations entre l'Union européenne et ses voisins du Sud. Sur le plan du commerce, l'objectif fondamental est d'établir, à l'horizon 2010 une zone de libre-échange euro-méditerranéenne. L'UE a conclu, avec tous ses partenaires de Barcelone, à l'exception de la Syrie, des accords d'association qui sont entrés en vigueur. Les pays Euro-Med bénéficient d'un accès en franchise de droits au marché de l'UE pour les produits manufacturés, et les produits agricoles sont progressivement libéralisés. L'un des objectifs-clés de la conférence ministérielle de Marrakech est le lancement des négociations sur la libéralisation du commerce des services et des investissements. Bien que la Turquie soit évidemment un partenaire européen majeur dans la région méditerranéenne, les relations commerciales de l'UE avec ce pays sont régies par une union douanière qui est entrée en vigueur le 31 décembre 1995, mettant en uvre l'accord d'association UE-Turquie de 1963. L'Union douanière couvre le commerce des produits industriels, mais le commerce des produits agricoles fait l'objet de concessions commerciales bilatérales. En outre, des domaines tels que les services ou les marchés publics ne sont pas inclus. L'objectif primordial de la libéralisation du commerce dans le processus de Barcelone est de donner une impulsion à ces échanges commerciaux dans le but ultime d'établir, à l'horizon 2010, une zone de libre-échange de la Méditerranée. Comment stimuler le commerce entre les pays de la Méditerranée du Sud ? L'UE a déjà étendu l'accès en franchise de droits à toutes les exportations de produits manufacturés des pays du Sud de la Méditerranée, et ces pays démantèlent progressivement leurs droits de douane à l'importation pour les produits manufacturés de l'UE. Dynamisé par cette nouvelle ouverture, le commerce de l'UE avec les pays méditerranéens s'est considérablement développé depuis 1995. Les exportations à destination de l'UE de produits des pays de la Méditerranée du Sud ont doublé entre 1995 et 2004, alors que les importations de produits de l'UE à destination des pays de la Méditerranée du Sud ont augmenté d'environ 60%. La région méditerranéenne enregistre un déficit des échanges de biens avec l'UE. Toutefois, le volume relatif de ce déficit commercial a diminué : il a été ramené de 20% en 1995 à moins de 10% en 2004. Dans le domaine de l'agriculture, l'UE et les pays de la Méditerranée du Sud se sont déjà mis d'accord sur une certaine libéralisation, et une large proportion d'exportations agricoles des pays de la Méditerranée du Sud entre déjà dans l'UE en franchise de droits. Toutefois, des difficultés de libéralisation subsistent entre l'UE et les pays de la Méditerranée du Sud et entre pays de la Méditerranée du Sud. L'autre objectif essentiel du volet commercial du processus de Barcelone est de dynamiser le commerce et l'intégration économique régionale entre les pays de la Méditerranée du Sud. A mesure que l'intégration se développera, les pays de la région bénéficieront d'économies d'échelle, deviendront plus attrayants aux yeux des investisseurs étrangers et renforceront leur concurrence nationale - tous ces éléments stimuleront la croissance économique et l'emploi. Cependant, en raison de la fragmentation du marché de la Méditerranée du Sud, le commerce intra-régional représente actuellement moins de 15% du commerce total de la région. C'est le taux le plus faible au monde pour une région de cette taille. Les progrès en faveur de l'intégration commerciale régionale ont été lents. L'Egypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie ont signé l'accord arabo-méditerranéen de libre-échange (connu sous le nom d'accord d'Agadir) en février 2004, mais il n'est pas encore entré en vigueur. D'autres ALE ont été conclus par exemple entre Israël et la Jordanie, le Maroc et la Turquie, la Tunisie et la Turquie, et des négociations sont en cours entre d'autres pays méditerranéens en vue d'instaurer des accords similaires avec la Turquie. Stimulé par ce progrès initial en matière d'intégration régionale, le commerce entre les pays de la Méditerranée du Sud est en augmentation : il représentait moins de 1 milliard d'euros en 1995 mais plus de 2,6 milliards d'euros en 2004, ce qui correspond à une augmentation moyenne annuelle de près de 13%. L'Algérie, Israël, la Jordanie et le Liban enregistrent tous des taux de croissance moyens annuels de plus de 15%. Toutefois, pour le Maroc et la Tunisie, ces échanges commerciaux ont diminué au cours de la même période. A Marrakech, en mars 2006, les ministres définissent les étapes suivantes pour rapprocher les réglementations de l'UE et des pays euro-méditerranées. L'objectif est de donner aux partenaires euro-méditerranées la possibilité de participer au marché intérieur de l'Union européenne en faisant en sorte que les produits industriels méditerranées puissent accéder au marché communautaire sans subir d'essais supplémentaires et vice versa. Pourquoi se concentrer sur les services ? Le secteur des services est capital pour les économies des pays de la Méditerranée du Sud. Il représente environ 50% du PIB en Egypte, au Maroc et en Syrie et environ 70% du PIB en Jordanie et au Liban, la Tunisie se situant entre ces deux groupes, avec 60%. Il est moins important en Algérie dont l'économie est dominée par le secteur de l'énergie. Les pays de la Méditerranée du Sud devraient retirer des avantages considérables de l'ouverture progressive du secteur des services et de l'attraction de nouveaux investissements. Ces avantages seront encore plus importants si les négociations débouchent non seulement sur une ouverture du commerce avec l'UE, mais favorisent également le commerce des services entre pays de la Méditerranée du Sud. Le commerce des services dans la zone euro-méditerranéenne présente un très fort potentiel de développement. Le commerce des services avec les pays méditerranéens ne représente actuellement que 3,5% du commerce total des services de l'UE. Le commerce des services ne représente que 3,5% du volume des échanges de biens. Les exportations de services de la Méditerranée vers l'UE sont pour l'heure fortement axées sur le tourisme, mais il existe un véritable potentiel dans un certain nombre d'autres secteurs : services financiers, télécommunications, distribution élargie, services environnementaux et transports. Selon la Banque mondiale, la libréralisation du commerce des services dans l'économie égyptienne donnerait lieu à une augmentation de 13% du PIB et une libéralisation de l'accès aux marchés communautaires porterait ce chiffre à 21%. En ce qui concerne la Tunisie, la Banque mondiale estime que la libéralisation dans six secteurs de services entraînerait une augmentation de plus de 5% du PIB, essentiellement grâce à la libéralisation des services financiers, des télécommunications et des transports. Les flux d'investissements étrangers à destination de la région méditerranéenne restent excessivement faibles. La part de cette région dans l'investissement direct total de l'UE à l'étranger représentait moins de 3% en 2002. Depuis 2000, les pays méditerranéens n'ont attiré en moyenne que 1% de l'investissement direct de l'UE à l'étranger. La libéralisation des régimes d'investissement, conjuguée à la création d'un marché régional intégré, aura un impact positif sur le niveau des investissements nationaux et étrangers dans la région méditerranéenne.