En ce mois d'avril, la diplomatie marocaine se montre particulièrement incisive sur la question du Sahara qui, comme tout le monde le sait, est une cause nationale. Cette diplomatie fait de son leitmotiv la crédibilité des solutions politiques de la partie marocaine et la garantie des droits de l'Homme sur toute l'étendue du territoire. L'Agence marocaine de presse (MAP) a fait carton plein. La semaine dernière, en l'espace de deux jours, le représentant du Maroc au Conseil des droits de l'Homme à Genève, Omar Hilale, et la ministre déléguée aux Affaires étrangères et à la Coopération, Mbarka Bouaida, se sont succédé à la tribune de la MAP pour mettre en relief les avancées du Royaume en matière de protection des droits de l'Homme et sa posi-tion immuable sur la question du Sahara qui est une cause nationale. Les férus de la clar-té ayant une aversion pour la langue de bois étaient ser-vis devant la présentation de Mbarka Bouaida. La ministre déléguée aux Affaires étran-gères a tenu à lever toute équivoque sur la question des droits de l'Homme au Sahara en exposant de manière tran-chée la position marocaine. «Les habitants des provinces sahariennes ne sont guère des minorités dans le sens où ils sont des citoyens marocains à part entière avec tous les droits et les devoirs», clame-t-elle en guise de propos introductifs. Elle estime que les droits de l'Homme sont la résultante de choix politiques clairement affichés par le Royaume, avec des garanties constitution-nelles de suivi assurées par les institutions. L'ouverture de deux bureaux régionaux de la Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH) à Laâyoune et à Dakhla en est une preuve de taille. D'après Mbarka Bouaida, la proposition d'autonomie des provinces du Sud faite par le Maroc, en parfaite adé-quation avec les droits de l'Homme, va de pair avec la régionalisation avan-cée pour garantir l'équilibre entre les différentes régions du pays. Cette vision straté-gique est assumée par l'Etat. Réaffirmation de la position du Royaume En d'autres termes, l'auto-nomie des provinces saha-riennes est intégrée dans le processus global de la régio-nalisation avancée, renforçant l'autonomie des différentes régions du Royaume, bien évidemment dans le cadre de la souveraineté nationale. Devant l'auditoire composé, entre autres, d'ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies accrédités à Rabat, la ministre déléguée a réaffirmé l'opposi-tion catégorique du Royaume à l'élargissement des missions de la Minurso au contrôle des droits de l'Homme au Sahara. Et pour cause, ce volet ne fait pas partie des préroga-tives initiales de cette mission des Nations Unies. Dans le même temps, Mbarka Bouaida a aussi exprimé la volonté de l'Etat de voir la durée du man-dat de la Minurso allongée en raison du temps réduit des 12 mois pour se pencher sur la question du Sahara. Plus de reconnaissance du Conseil de sécurité en ce qui concerne le respect des droits de l'Homme au Sahara et la crédibilité de la proposition marocaine d'auto-nomie des provinces du Sud est aussi une requête adres-sée aux Nations Unies. Ce qui est d'autant justifié si l'on sait que la proposition maro-caine concernant les provinces sahariennes (autonomie élar-gie) est le fruit de l'interaction avec l'ONU, qui avait exhorté les parties à formuler de nou-velles propositions. Toutefois, il faut aussi reconnaître qu'il est improbable de voir la pro-position politique formulée par le Royaume réussir sans un appel direct du Conseil de sécurité à la partie algérienne pour le recensement des habi-tants de Tindouf. Cela dit, le Maroc a dans son escarcelle un soutien de taille sur la question du Sahara. Il s'agit des USA qui l'ont encore réaffirmé à travers la der-nière visite (début avril) du Secrétaire d'Etat, John Kerry, dans le Royaume. Preuve s'il en faut de la crédibilité de la proposition politique du Maroc. Outre les requêtes adressées aux Nations Unies, il était aussi question pour la ministre de passer en revue les avancées significatives en matière des droits de l'Homme au Sahara. Ainsi, le Maroc a reçu neuf visites de la part des rap-porteurs des Nations Unies, dont 4 dans les provinces du Sud, et ce sans restrictions ni conditions. Pour l'année 2014, quatre autres rapporteurs sont attendus dans le Royaume qui, au passage, accueille avec beaucoup d'intérêt les conclusions des rapports des organismes onusiens sur les droits de l'Homme au Maroc, en dépit de certaines critiques. Par ailleurs, la décision du Conseil économique, social et environnemental (CESE) d'établir un modèle de déve-loppement intégré au Sahara conforte encore une fois l'at-tachement du Royaume aux provinces du Sud. Toutefois, la ministre déléguée aux Affaires étrangères estime que le Maroc fera un pas significatif dans la résolution de la ques-tion du Sahara s'il parvient à appliquer les recommanda-tions du CESE.