Le Maroc s'est récemment engagé dans une trajectoire de gestion active du portefeuille public. Mais pour l'heure, les établissements et entreprises publics afficheraient un repli de leurs chiffres d'affaires 2013 par rapport à 2012 (-4%). A cela s'ajoute une baisse du résultat net de 6,7 Mds de DH d'après les prévisions. Au demeurant, la bonne nouvelle est que leur niveau d'investissement est en constante augmentation depuis 2005 (passage de 32 à 89 Mds de DH en 2013). La gestion du portefeuille public suscite un engouement ascensionnel depuis que le Royaume a fait le pari de drainer un investissement massif vers les projets structurants inhérents aux infrastructures (autoroutes, aéroports, eau, électricité, etc.). D'après la synthèse du rapport sur les établissements et entreprises publics (EEP) élaborée par le ministère de l'Economie et des Finances en 2014, on dénombre dans le giron du portefeuille public près de 244 établissements publics et 42 entreprises publiques, sans oublier que ces EEP détiennent eux-mêmes des filiales et des participations (436 unités). Cela dit, la gestion active du portefeuille de l'Etat suppose non seulement que ces EEP soient en phase avec la machine économique, mais aussi que leur situation financière soit constamment améliorée. Un cru moyen en 2013 Cet instrument est l'unique gage pour le renforcement des fonds propres, la maîtrise des risques et la réduction des transferts budgétaires. Dans un contexte budgétaire que tout le monde connaît, la bonne gouvernance financière des EEP devrait légitimement constituer une valeur absolue. Toutefois, les données factuelles semblent conforter une situation beaucoup moins réjouissante. Il ressort clairement de la synthèse du MEF que la performance financière du portefeuille public est moins reluisante en 2013. Les prévisions tablent sur le repli du chiffre d'affaires de 4% (par rapport à 2012) pour se chiffrer à 191,7 Mds de DH. La contre-performance accusée par l'OCP serait à l'origine de ce recul. Plus interpellant encore sont les prévisions qui projettent une chute vertigineuse du résultat net des EEP (-49,6%). Il ne se chiffrerait qu'à 6,8 Mds DH en 2013 (contre 13,5 Mds de DH en 2012). Compte tenu de ces données, l'année qui vient de s'écouler ne risque pas d'entrer dans les annales des prouesses financières du portefeuille public. Ces résultats conduisent à s'interroger sur l'efficacité des mesures prises par l'Etat, en l'occurrence les audits externes des EEP qui en principe devraient s'intensifier et tendre vers les sphères stratégiques, outre les aspects opérationnels et de gestion. Dans cette ambiance de torpeur concernant les résultats de 2013, les Autoroutes du Maroc (ADM) risquent de voir leur situation déficitaire se dégrader en accusant une perte de 1,3 Md de DH. Dans le même registre, l'ONEE accusera aussi un déficit de 2,7 Mds de DH. Ces contre-performances pourraient se répercuter sur le niveau général des dépenses publiques. Du fait que l'Etat est tenu par le biais des transferts budgétaires (19,2 Mds de DH à novembre 2013) de voler au secours des EEP, et le cas échéant en garantissant leurs emprunts. D'ailleurs, cette garantie publique ne cesse d'être pourfendue par certains économistes nationaux, à l'instar du professeur Najib Akesbi qui y voit une cause d'accroissement de la dette du pays. Par ailleurs, on constate aussi que les produits financiers provenant des EEP et versés à l'Etat devraient baisser en 2014. D'après la LF 2014, ils devraient se chiffrer à 10,8 Mds de DH contre 12,5 Mds de DH en 2013 (-14%). Cela dit, ces contre-performances financières contrastent radicalement avec l'effort d'investissement des EEP. Un rythme d'investissement qui ne faiblit pas L'Etat demeure le premier investisseur du pays avec une brochette d'EEP constituant sa cheville ouvrière en la matière (CDG, OCP, ONCF, TMSA, etc.). Concernant les investissements, les EEP ont pu amplement tirer leur épingle du jeu. En effet, la croissance des investissements émanant du portefeuille public n'a pas faibli depuis 2005. Le montant est passé de 32 Mds de DH en 2005 à 89 Mds en 2013. A cela, il faudrait aussi ajouter que les EEP ont réussi à améliorer considérablement le taux de réalisation prévisionnel de leurs investissements (rapport entre les prévisions et les réalisations). Celui-ci est passé de 61% en 2012 à 74% en 2013. En définitive, la gestion active du portefeuille public devrait constituer une préoccupation majeure des pouvoirs publics car elle est le seul moyen pouvant améliorer la santé financière des EEP, indispensable pour pérenniser leur effort d'investissement. Pour l'heure, force est de constater qu'en dépit d'une gestion financière préoccupante, les EEP font office de tête de pont en matière d'investissement, notamment en infrastructures. C'est en partie grâce au concours d'ADM que le Maroc disposera de 1.800 km d'autoroutes en 2015. Il en est de même pour la réalisation de la LGV avec l'implication financière de l'ONCF ou du rôle pilote de Masen et de l'ADEREE concernant le développement des énergies renouvelables pour extirper le pays de sa dépendance énergétique.