Depuis la promulgation de la Loi 22-07 relative aux aires protégées en 2010, son décret d'application n'arrive toujours pas à voir le jour. La création d'une vingtaine de sites d'intérêt biologique et écologique prévue à l'horion 2020 par le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification attend toujours la promulgation dudit décret. L'actualisation de l'étude nationale des aires protégées est l'une des priorités de l'organisme étatique. Le budget d'élaboration des plans d'aménagement des 20 sites sera programmé dans les prévisions budgétaires du Haut Commissariat à partir de la création des aires protégées. Malgré un patrimoine naturel riche en espèces rares, en écosystèmes naturels et en paysages de valeur inestimable, le Maroc n'a pris conscience des enjeux de cette richesse qu'en 1934 avec la promulgation du Dahir sur la création des parcs nationaux. Depuis, 10 parcs nationaux ont été créés dont 6 depuis 1996 date de la réalisation de l'étude nationale des aires protégées par le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) qui avait recensé plus de 150 sites d'intérêt biologique et écologique (SIBE). Pour se mettre à niveau, pour s'aligner sur les standards internationaux en matière de préservation des ressources naturelles et afin de préserver cette richesse naturelle menacée, le Maroc a été amené à renforcer son arsenal juridique. C'est ainsi qu'en 2010 a été promulguée la Loi 22-07 relative aux aires protégées qui a identifié 5 catégories d'aires protégées: parc national, parc naturel, réserve biologique, réserve naturelle et site naturel. Une nouvelle politique qui «vise à mettre en place un réseau national des aires protégées couvrant l'ensemble des écosystèmes naturels à travers tout le Royaume est, cependant, régie par une législation ancienne et dont les dispositions ne répondant plus aux critères internationaux qu'il convient d'appliquer aux aires protégées», selon un extrait de la loi. Le Haut Commissariat avait donc fixé comme objectif, à l'horizon 2020, la création d'une vingtaine d'aires protégées. Or, voilà que depuis la promulgation de la loi aucune n'a été créée. Selon le Haut Commissariat, c'est le décret d'application de la loi qui retarde le processus de création des aires protégées. En effet, toujours dans le circuit de validation, ce décret n'arrive toujours pas à voir le jour. «La lenteur des processus de promulgation des textes et des décrets d'application nous bloquent. Aujourd'hui, nous attendons l'adoption du décret par le Conseil du gouvernement, prévue très prochainement, pour entamer le processus de création des aires protégées et le reclassement des parcs nationaux existants», précise-t-on auprès du HCEFLCD. Aujourd'hui, parmi les objectifs prioritaires du Haut Commissariat figure l'actualisation de l'étude nationale des aires protégées pour établir un état des lieux des richesses biologiques et écologiques de notre pays et pourvoir ainsi identifier les SIBE prioritaires à créer. Quid du budget ? D'après la définition de la loi, «une aire protégée est un espace terrestre et/ou marin, géographiquement délimité, dûment reconnu et spécialement aménagé et géré aux fins d'assurer la protection, le maintien et l'amélioration de la diversité biologique, la conservation du patrimoine naturel et culturel, sa mise en valeur, sa réhabilitation pour un développement durable, ainsi que la prévention de sa dégradation». En d'autres termes, les aires protégées ne sont pas des espaces fermés mais plutôt un lieu où il faut concilier la conservation de l'existant, le développement durable auprès de la population et la valorisation du patrimoine. En effet, cette valorisation des richesses doit se faire par la promotion des activités d'écotourisme et des produits du terroir, par la protection de l'environnement.... Ceci implique forcément la mise en place d'infrastructures adéquates. Un dispositif prévu dans la loi stipule que toute aire protégée créée doit être dotée d'un plan d'aménagement et de gestion qui définit toutes les actions à entreprendre au niveau de l'aire protégée. «Le plan d'aménagement et de gestion doit être élaboré selon le processus détaillé dans le décret d'application et en concertation avec tous les départements à savoir le département ministérial, les collectivités locales, la société civile...», précise notre source. Et d'ajouter que le budget d'élaboration des plans d'aménagement des 20 sites sera programmé dans les prévisions budgétaires du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts à partir de la création desdites aires protégées. «Nous ferons certainement appel aux bailleurs de fonds et aux organismes internationaux avec lesquels nous travaillons dans le cadre de partenariat», conclut le Haut Commissariat.