C'est la décision prise avant-hier par le tribunal de commerce de Marrakech. Elle intervient suite au dépôt de bilan de la société Marprom survenu le 3 janvier. L'affaire Samanah Country Club (www.financenews.press.ma) vient de prendre une nouvelle tournure. En effet, mardi 4 février, le tribunal de commerce de Marrakech a placé la société Marprom S.A., propriétaire du Samanah Country Club, en redressement judiciaire. Cette procédure intervient suite au dépôt de bilan survenu le 3 janvier. En effet, selon nos sources, après bien des reports dus au fait que les commissaires aux comptes de la société n'avaient pas envoyé leurs rapports, l'Assemblée générale ordinaire appelée à se prononcer sur les comptes 2012 de Marprom S.A a pu enfin se tenir. Les deux commissaires aux comptes de la société, qui ont fait le voyage jusqu'à Paris pour l'occasion, auraient fait savoir que les comptes 2012 de Marprom n'étaient ni certifiés, ni certifiables parce que le bilan d'ouverture était faux et que cette falsification remontait à 2009. Aussi, pour avoir une lecture fidèle des comptes, avaient-ils recommandé de refaire toute la comptabilité de la société depuis son origine, c'est-à-dire repasser au peigne fin toutes les écritures comptables depuis 2006. Ce qui s'est avéré impossible, précise notre source, d'autant qu'arrivés à Samanah durant l'été 2011, les nouveaux responsables ne disposent pas de toutes les informations nécessaires. C'est sur ces entrefaites que Gaël Paclot, mandataire de Marprom, a immédiatement réuni le Conseil d'administration qui l'a autorisé à déposer le bilan de la société. C'est donc maintenant sous la protection de la justice marocaine que la procédure de redressement Marprom est lancée. A ce titre d'ailleurs, un syndic a été nommé dont la tâche est, en coopération avec les responsables de la société Marprom, de reprendre le dossier des titres fonciers. Un dossier également épineux, puisque, informe notre source, «plusieurs familles marocaines, françaises, belges ... qui ont acquis des villas dans ce qui devait être un projet prestigieux, se retrouvent aujourd'hui sans titre foncier». Un désagrément parmi tant d'autres, au regard notamment de la tournure qu'a prise ce projet qui dégage actuellement le parfum nauséabond d'une affaire rocambolesque aux développements douteux. La double plainte pour «escroquerie et falsification des comptes», déposée à Marrakech et Paris par les nouveaux repreneurs contre Alain Crenn, Richard Hennessy et Gilles Hennessy, initiateurs du projet qui auraient maquillé les comptes de Marprom pour en permettre la cession, en témoigne. En atteste aussi le refus du CDVM, l'autorité boursière marocaine, en novembre 2010, d'autoriser une émission de titres dettes par Marprom à cause d'«erreurs contenues dans les rapports de gestion (...), ainsi que sur les comptes consolidés». Le rapport récent de l'expert judiciaire désigné par le tribunal de Marrakech, qui estime que «les comptes de Marprom au 31 décembre 2010 sont bourrés d'irrégularités et ne reflètent pas la situation réelle de la société, laquelle affichait une situation nette négative de 297 MDH», s'inscrit dans la même veine. En clair, ce projet annoncé en grande pompe à ses débuts, et qui devait participer au renforcement de l'image du Maroc à l'international, a tourné en un véritable fiasco. Un fiasco auquel l'Etat marocain assiste pour l'instant sans broncher, lui qui est pourtant lié à Marprom par une convention d'investissement signé en mars 2006, et dont les termes ont été violés, en particulier les dispositions relatives aux engagements de la société.