La situation tendue avec l'Espagne risque de perturber le retour de nos concitoyens. Des MRE appellent les autorités marocaines à leur donner la priorité au niveau des services administratifs pour rattraper le retard accusé l'année dernière.
Par C. Jaidani
Il y a quelques semaines, il y avait peu de visibilité sur le retour des MRE à la mère-patrie. Le dernier communiqué des autorités marocaines laisse aujourd'hui la porte ouverte à un retour, mais sous conditions. Le Royaume a annoncé la réouverture progressive des frontières aériennes à partir du 15 juin, après des mois de suspension avec une cinquantaine de pays. La reprise des vols de et vers le Royaume est de bon augure pour nos concitoyens, dont la plupart résident dans des pays de l'Union européenne (France, Espagne, Belgique, Italie, Hollande…), classés dans la liste A établie par le Maroc. La décision du Maroc coïncide avec la date habituellement fixée pour le début de l'opération Marhaba, qui se prolonge jusqu'au 15 septembre 2021. Mais en dépit de cette levée de restrictions, quelques contraintes demeurent toujours. En effet, de nombreux MRE préfèrent le retour par voie terrestre, qui leur permet de réduire le coût du voyage (pour les familles nombreuses) et de ramener un maximum de bagages. Pour le moment, les voies maritimes opérationnelles sont celles de Sète et Marseille, en France, et Gênes, en Italie, qui sont reliées à Tanger et Nador. Par voie de communiqué, le ministère des Affaires étrangères a exclu les ports espagnols. Une information confirmée par la suite à la presse par Nezha El Ouafi, ministre déléguée chargée des MRE. Mais un rebondissement de dernière minute est toujours possible, même si les relations entre Rabat et Madrid sont très tendues suite à l'affaire Brahim Ghali et la crise migratoire qui s'en est suivie à Sebta. Selon des sources médiatiques espagnoles, le port d'Algésiras a pris toutes les dispositions nécessaires pour faciliter le transit des MRE. L'agence de presse officielle espagnole EFE a indiqué dernièrement que la direction de la marine marchande relevant du département du transport marocain a demandé aux compagnies maritimes de présenter leur plan d'action. L'opération Marhaba est un événement de grande ampleur, qui nécessite la mobilisation d'un effectif et des moyens logistiques importants (forces de l'ordre, personnel sanitaire, douane…). En l'absence de visibilité, il est difficile de mener correctement les préparatifs et de rattraper le temps perdu. Dans l'expectative, les MRE espèrent toujours un déblocage de la situation. Très attachés à leur pays d'origine, ils souhaitent passer leurs vacances au Maroc, d'autant qu'elles coïncident avec Aïd Al-Adha, une belle occasion de retrouvaille avec la famille. Outre les liens familiaux, le retour des MRE est une opportunité pour régler différentes démarches administratives. «Le retour cette année des MRE sera difficile à plusieurs niveaux. Tout d'abord, il y a le problème avec l'Espagne où 900.000 citoyens transitent en moyenne par an. Les autres voies comme l'aérien ou le passage par la France ou l'Italie ne sont pas à la portée de toutes les bourses», souligne Houari Ghoubari, membre de l'association des MRE de Belgique. Il a appelé «les autorités marocaines à donner plus de priorité aux MRE au niveau des services administratifs pour qu'ils puissent régler leurs dossiers dans les meilleures conditions et rattraper le retard accusé l'année dernière». Il est à rappeler qu'en 2019, 760.215 véhicules et 3,34 millions de passagers ont été recensés. Pour cette année, il est difficile d'atteindre ce chiffre étant donné les restrictions.