L'industrie représente plus de 22% de la consommation énergétique totale. Les combustibles produits pétroliers représentent près de 70% de la consommation finale du secteur. Et pourtant, le pourcentage potentiel d'économie d'énergie dans la grande majorité des entreprises industrielles peut aller de 10 à 48%.
Par M. Diao
L' ambitieux programme «Tatwir pour la croissance verte» pour l'appui à la décarbonation des TPME industrielles, lancé récemment par le Département ministériel dirigé par Moulay Hafid Elalamy, légitime le fait de se pencher sur la mise en place et le développement de la stratégie d'efficacité énergétique qui concerne différents secteurs productifs et énergivores, notamment la branche industrielle. Cette dernière, pourvoyeuse de richesse et d'emplois stables, constitue un enjeu majeur de développement durable pour le Royaume en raison de ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Les données officielles relayées par l'Agence marocaine pour l'efficacité énergétique (AMEE) confortent amplement cette donne. L'industrie représente plus de 22% de la consommation énergétique totale. Les combustibles produits pétroliers représentent près de 70% de la consommation finale du secteur industriel. C'est dire l'enjeu de la décarbonation du secteur industriel et la pertinence de miser sur l'efficacité énergétique afin de baisser les coûts liés à l'énergie dans le secteur industriel et la dépollution de cette branche également affaiblie par la crise liée au Coronavirus. Le pays s'est fixé un objectif ambitieux, celui de réduire la consommation énergétique nationale de 17% dans l'industrie à l'horizon 2030. Les experts de l'AMEE sont formels. Le secteur de l'agro-alimentaire est le deuxième consommateur d'énergie après le secteur des matériaux de construction. Les autres principaux secteurs consommateurs d'énergie et dont le potentiel d'économie d'énergie reste important pour la compétitivité industrielle nationale sont principalement le secteur textile, la branche minière et celle liée à la transformation des métaux. Dans le même ordre d'idées, il est important de savoir que le pourcentage d'économie d'énergie potentiel dans la grande majorité des entreprises industrielles peut aller de 10 à 48%. D'où la nécessité pour les pouvoirs publics de redoubler les efforts allant dans le sens de la multiplication des incitations fiscales et financières afin de pousser les industriels à privilégier l'installation de mécanismes et d'équipements contribuant à la réduction de la consommation énergétique. Sachant qu'outre la dimension économique (baisse de la facture énergétique), l'efficacité énergétique participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un grand pas en avant Le dispositif juridique relatif à l'audit énergétique obligatoire a été publié au Bulletin officiel le 2 mai 2019. Il s'applique aux structures dont la consommation finale totale d'énergie exprimée en tonne équivalent pétrole (TEP) est supérieure à 1.500 TEP /an pour les entreprises et les établissements relevant du secteur de l'industrie, y compris les entreprises et les établissements de production d'énergie. Les entités dont la consommation finale totale d'énergie exprimée en TEP est supérieure à 500 TEP /an pour le secteur tertiaire (tourisme, santé, éducation, enseignement, commerce et services, etc.), les entreprises et les établissements de transport et de distribution d'énergie et les personnes physiques, sont aussi concernés par le décret relatif à l'audit énergétique obligatoire. Par ailleurs, en vertu du dispositif juridique précité, les entreprises industrielles dont la consommation énergétique finale totale dépasse les 1.500 TEP sont tenues de déclarer leur consommation à l'AMEE et d'établir un audit énergétique. D'après l'Agence publique désormais placée sous la tutelle du département ministériel de l'Industrie, l'intérêt d'établir ce type d'audit fournit l'état énergétique des entreprises industrielles ainsi que les solutions nécessaires menant à la réalisation des économies d'énergie. Notons enfin que les actions d'économies d'énergies dégagées par les audits constituent la matière première utilisée pour la mise en place du Système de management de l'énergie ISO 50001. Ce dernier permet aux consommateurs d'arriver à des économies d'énergies de 15 à 25%, complétées par des mesures spécifiques susceptibles de générer des économies oscillant entre 5 et 10%.