Le secteur de l'automobile a vu ses exportations passer de 12,74 Mds de DH en 2007 à plus de 27 Mds de DH en 2012. Cette remarquable évolution peut être mise sur le compte d'une stratégie de développement industriel et de promotion bien ficelées. S'il est un secteur avec lequel la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) a été particulièrement laudative dans son dernier rapport de mai 2013, c'est bien celui des métiers mondiaux du Maroc (MMM), dont fait partie l'industrie automobile. Les MMM ont atteint près de 97 Mds de DH d'exportations en 2012 contre 75,5 Mds de DH en 2008. Ce qui est une amélioration considérable en termes de valeurs. Dans cette tendance plus qu'encourageante, une mention spéciale est faite au secteur automobile qui a connu une évolution significative en termes d'exportations. Les récents chiffres de fin septembre 2013 font état d'une progression de 17,5% à l'export, pour s'établir à 21,8 Mds de DH. Eu égard à l'évolution du marché, d'aucuns prédisent, d'ores et déjà, que cette valeur à l'export pourrait considérablement être franchie d'ici la fin de l'année. Cela dit, le secteur automobile marocain, fort d'une expérience de 50 ans, se singularise par l'hétérogénéité des métiers qu'il regroupe (construction, ingénierie, mécanique de précision, câblage, plasturgie, textile auto, électronique, etc.). En 2015, cette industrie pourrait être pourvoyeuse de 70.000 emplois. Cela dit, à quel élément faudrait-il lier ce succès que connaît actuellement le secteur ? Une stratégie industrielle qui s'avère gagnante Si, aujourd'hui, le pays peut se targuer d'être une plateforme automobile pour le Vieux continent, c'est qu'en amont, il a su ficeler des politiques publiques à même de l'aligner au niveau des standards internationaux industriels. Référence est faite ici au Pacte national pour l'émergence industrielle (PNEI). Celui-ci a permis de déceler les opportunités que recèle le secteur automobile et de l'élever au rang d'importance stratégique pour le Royaume. Résultat des courses, ce secteur s'est distingué par des taux de croissance annuels à deux chiffres, que ce soit en termes d'investissements ou d'exportations. L'implantation du groupe Renault à Tanger couronne, d'une certaine manière, la pro-activité industrielle du pays. Certains observateurs restent persuadés du caractère structurant du projet Renault Tanger-Med, du fait qu'une production de 400.000 véhicules/an est attendue à terme. L'investissement projeté se chiffre à 1,1 milliard d'euros. A cela s'ajoute qu'il peut aussi être un rempart contre le chômage des jeunes dans la région de Tanger, puisqu'il générera une création de 6.000 emplois directs et 30.000 indirects. Autre aspect et non des moindres : est l'effet d'entraînement provoqué par la stratégie industrielle déployée (infrastructures, zones franches, etc.) et l'implantation du groupe français. Pour l'heure, on dénombre plus d'une centaine d'équipementiers de différentes tailles installés au Maroc. Pour ne citer que les filiales des grandes multinationales, figurent Valeo, Denso, Lear, Inergy, GMD, Viston, etc. Tandis que d'autres sont en cours d'installation aussi bien dans la zone franche de Tanger (TFZ) que dans l'Atlantique Free Zone (AFZ), à proximité de Rabat. Cela étant, les équipementiers marocains ont amélioré leur compétitivité en misant sur la qualité et le prix des produits, ce qui leur a permis de mieux se positionner dans la zone européenne, au moment où certaines voix se lèvent, aujourd'hui, pour exhorter les opérateurs nationaux à diversifier leurs clientèles (Etats-Unis, pays scandinaves, etc.). Défis du secteur Il est sans conteste que le secteur de l'automobile national ne cesse de s'affirmer à l'international vu l'évolution croissante des exportations de ce secteur. Cela n'empêche que certains défis sont à relever pour accroître la compétitivité du secteur. De l'avis de certains professionnels le premier challenge est de faire progresser l'augmentation des parts de marché du secteur dans l'UE, zone de prédilection des exportations nationales. Tout l'enjeu est de faire progresser l'activité de certains équipementiers dans des pays comme la France où l'industrie automobile génère plus de 30 Mds d'euros annuellement. Pour y parvenir, il est clair que le secteur doit tendre vers des filières parfaitement intégrées (réseaux industriels intégrées). Cela pourrait faciliter le dessein plutôt ambitieux d'atteindre 40 Mds de DH d'exportations d'ici 2015. Par ailleurs, le Maroc dispose de certains avantages comparatifs lui permettant de défier la concurrence particulièrement agressive de certains pays émergents pour ne faire allusion qu'à la Chine, l'Inde, le Brésil ou certains pays de l'Europe de l'Est. Il s'agit, entre autres, de la proximité géographique avec l'UE, la similitude des systèmes de réglementation, de la main-d'œuvre bon marché ou encore de l'existence d'une palette d'ALE. Au demeurant, ces atouts restent insuffisants, selon certains experts industriels pour qui certains équipementiers nationaux devraient davantage amplifier leur capacité d'innovation dans l'optique d'accroître la valeur ajoutée de leurs produits. Développer la créativité de ce secteur suppose, aussi, plus de volontarisme de la part de l'Etat qui devrait, en partenariat avec le secteur, développer plus de pôles de formation et de recherche car, pour l'heure, on n'en dénombre que quatre. Par contre, Omar Karouata, Directeur général de Filtres automobiles et industriels, estime que le secteur des équipementiers automobiles au Maroc fait les frais d'une concurrence asiatique qu'il juge déloyale car leurs produits inondent le marché local sans faire préalablement l'objet de contrôle. Il nous a aussi confié son constat amer quant à l'impact de la fiscalité sur le secteur automobile. A ce titre, il fustige le taux de 29% appliqué à la tôle importée. En définitive, faire mieux figurer le Maroc sur la cartographie mondiale de l'automobile suppose aussi de faire disparaître certains anachronismes.