Une récession en double dip est caractérisée par une première chute du produit intérieur brut suivie, après une reprise avortée, d'une rechute plus profonde. C'est ce que semble pronostiquer le HCP pour le Royaume, et ce à l'horizon 2014. C'est l'un des scénarios les plus piégeurs que peuvent vivre politiciens, investisseurs et citoyens. Et c'est ce que prévoit le HCP pour le Maroc pendant les deux prochaines années. En effet, alors que la croissance en 2012 était de 2,7%, le HCP s'attend à une croissance de 4,6% en 2013, suivie d'un ralentissement à 2,5% en 2014. Le même pronostic est établi pour le déficit courant des échanges extérieurs qui passerait de 10% du PIB en 2012 à 6,8% en 2013 et à 7,4% en 2014. Ainsi, le revenu national brut disponible connaîtrait une amélioration significative, de l'ordre de 7,9% en 2013, au lieu de 2,4% en 2012 et 4,8% en 2011. L'épargne nationale devrait, ainsi, atteindre 26,2% du PIB en 2013 ou 228,9 milliards de dirhams au lieu de 25,3% ou 209,9 milliards en 2012. Dans son étude exploratoire le HCP conclut sur ce dernier point que : « Les avoirs extérieurs nets représenteraient, ainsi, à fin 2013, l'équivalent de 3,7 mois d'importations en biens et services, au lieu de près de 4 mois en 2012». Un constat que ne partage pas le gouverneur de BAM qui, lui, voit une stagnation, voire une amélioration, de ce délai, grâce notamment aux sorties à l'international des banques marocaines pour des emprunts en devises de près de 1 Md de dollars. Renversement de tendance en 2014 Quoi qu'il en soit, le HCP s'attend à une année 2013 meilleure que 2012, mais l'embellie serait de courte durée car, en 2014, la croissance devrait revenir autour de 2,5%. Les activités non agricoles devraient enregistrer une légère amélioration de leur rythme de croissance, passant de 3,1% en 2013 à 3,6%, tout en restant, cependant, inférieur à la moyenne de 4,6% enregistrée durant la période 2010-2012. Le secteur primaire, sous l'hypothèse d'une campagne agricole moyenne dégagerait une valeur ajoutée en régression de 3,8%, au lieu d'une hausse de 14,7% estimée pour 2013. La demande intérieure devrait s'accroître de 2,8 en volume, au lieu de 5% en 2013. Et sa contribution à la croissance serait de 3,2 points, au lieu de 5,8 points en 2013. Aussi, le taux d'épargne intérieure devrait-il poursuivre sa tendance baissière observée ces dernières années, en raison d'une progression plus rapide de la consommation finale nationale en comparaison à celle du PIB. L'épargne intérieure passerait, ainsi, de 19,7% du PIB en 2013 à 18,4% en 2014, soit le niveau le plus bas depuis l'année 2000. Enfin, et pour conclure son étude, le HCP n'y va pas par quatre chemins : le Maroc a choisi de soutenir la demande des ménages par une politique d'investissement public volontariste. «Cependant, si le niveau élevé des transferts courants avait permis de soutenir le financement de ce modèle de croissance tiré par la demande intérieure dans le cadre d'une ouverture accélérée de l'économie nationale sur la compétition internationale, les effets de la crise mondiale sur les principaux partenaires de notre pays, n'ont pas tardé, depuis 2008, à aggraver son déficit interne et externe». Et d'ajouter : «La perduration prévisible de ces effets devrait continuer à exercer une pression sur ses réserves en devises, sous contrainte d'un régime de change fixe, et réduire son potentiel de croissance économique en limitant l'accès au financement interne de ses entreprises». En d'autres termes, le HCP prône des réformes structurelles profondes car le modèle actuel ne soutient plus correctement la croissance. De quoi s'agit-il ? Sans doute de la réforme des retraites et celle de la compensation.