Un accord serait proche pour céder les parts de Vivendi dans Maroc Telecom à l'opérateur Etisalat. Si la transaction se concrétisait, on assisterait à la naissance d'un géant dans les télécommunications qui revendiquerait un total de pas moins de 173 millions de clients. Après plusieurs mois de supputations où tous les scénarii possibles ont été avancés, on devrait bientôt avoir de la visibilité sur la géographie future du capital de Maroc Telecom. En effet, après qu'Ooredoo (l'ex-QTel) a jeté l'éponge, estimant qu'«il n'est plus dans le meilleur intérêt de nos actionnaires de continuer à engager des fonds dans ce qui est devenu un long processus», seul l'opérateur Etisalat reste en lice pour reprendre les 53% de Vivendi dans Maroc Telecom. Et, selon certaines sources, l'opérateur des Emirats Arabes Unis serait proche de trouver un accord avec Vivendi... et les autorités marocaines, lesquelles, avec 30% du capital de Maroc Telecom, ont évidemment leur mot à dire dans le cadre de cette cession. Il ne resterait que des points de détails à régler, selon le quotidien français Les Echos. «Les Emirats ont fait un lobbying très fort auprès de Rabat ces derniers mois et ils pensent qu'ils sont les bienvenus au Maroc. Ils ont une bonne relation avec le Roi et, surtout, une vue convergente sur le développement futur de l'opérateur», rapporte le quotidien français qui cite une source proche de l'opérateur d'Abu Dhabi. L'examen de ces «détails» pourrait néanmoins retarder un peu plus la conclusion de cette opération. Il s'agira, d'abord, pour l'opérateur émirati de dépoussiérer son offre. L'on sait, en effet, que dans le cadre de son offre, Etisalat, conseillé par BNP Paribas, avait posé une panoplie de clauses juridiques jugées excessives par Vivendi. Sur un autre registre, certaines sources ont fait allusion à la volonté des autorités marocaines de voir un consortium d'investisseurs locaux entrer dans le tour de table de Maroc Telecom. Reste à savoir si cette option sera retenue ou non. «Quel que soit le scénario retenu à ce niveau, Etisalat devrait détenir une majorité confortable du capital qui lui permettra de piloter Maroc Telecom selon les orientations définies dans le cadre de son plan de développement stratégique». L'autre «détail» à discuter pourrait également concerner le management de Maroc Telecom. Car, dans une opération de ce genre, l'organigramme de l'entreprise cédée risque fort de connaître des chamboulements. La présidence du Directoire reviendra-t-il à un Emirati ou l'Etat marocain exigera-t-il qu'elle soit assurée par un Marocain ? On verra. En tout cas, ce qui est sûr, si tant est que les trois parties accordent leur violon, Vivendi ne devrait pas tirer de cette cession des 53% de Maroc Telecom les 5,5 milliards d'euros initialement espérés. L'offre transmise par Etisalat à Vivendi en janvier dernier s'élevait en effet à 4,5 milliards d'euros. Quelles synergies entre les deux opérateurs ? L'opérateur Etisalat, présent au total dans 18 pays, serait-il un bon allié pour Maroc Telecom ? Tout porte, a priori, à le croire. Selon un analyste de la place, «d'un point de vue purement stratégique, les deux opérateurs ont une politique de développement complémentaire, notamment en Afrique. La seule équation sera le business modèle à développer au Gabon où tant Maroc Telecom qu'Etisalat sont présents». Il faut rappeler, en effet, qu'en Afrique, Maroc Telecom est présent en Mauritanie (Mauritel), au Gabon (Gabon Telecom), au Burkina Faso (Onatel) et au Mali (Sotelma). Pour sa part, outre le Gabon, Etisalat est opérateur dans 10 autres pays africains, notamment en Tanzanie, au Nigéria, en Egypte, au Soudan, en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Togo, au Gabon, au Niger et en Centrafrique. Par ailleurs, Etisalat dispose d'une expertise certaine dans la 4G, technologie que le Maroc devrait lancer mi-2014. Il a été la première compagnie du Golfe à lancer cette technologie en 2011, en partenariat avec Huawei. De même, Etisalat est un opérateur qui peut être considéré comme un «bon client» pour le Royaume, d'autant qu'il investit. Rien qu'au Nigeria (toutes choses étant égales par ailleurs), il a investi près de 2 milliards de dollars en 7 ans de présence dans le pays.