Le secteur de l'immobilier joue un rôle socioéconomique essentiel au Maroc. Au-delà de sa contribution à la création de la richesse et l'emploi, les différents chantiers de construction et d'aménagements urbains ont des effets dominos importants sur les autres secteurs de l'économie et des impacts positifs sur l'amélioration des conditions sociales et d'habitat des populations, ô combien importants par temps de crise sanitaire. Crise qui est venue ébranler le «second souffle» dont a profité le secteur de l'immobilier en 2019 (davantage de mises en chantier avec +17,7%, hausse de la production de 7,8%, reprise des ventes du ciment après trois années de baisses successives). Ce pan principal du BTP (6,1% de la VAT et plus de 1,148 million d'emplois en 2019) est en récession. Le secteur de l'immobilier a subi un double choc : ni offre, ni demande. Avec l'arrêt des chantiers d'un côté, et l'instauration du confinement pendant quelques mois de l'autre, le décor est planté. La FNBTP a tiré la sonnette d'alarme sur l'arrêt des chantiers, entre 50% et 60% selon les régions, en particulier les chantiers du bâtiment, et notamment ceux relatifs aux programmes «villes sans bidonvilles» où 73% des ouvriers sont à l'arrêt. Cela est corroboré par la contreperformance incontestable de ses principaux indicateurs (ventes de ciment en baisse cumulée à fin septembre de 13,13%, diminution du nombre de transactions dans le résidentiel de 55% durant le T2 2020 en glissement annuel Vs 4,4% en 2019 et crédits immobiliers passant d'une hausse de 3,4% à fin février 2020 à 1,7% à fin août 2020.)
Trois chantiers clés Une nouvelle politique pour relancer le secteur de l'immobilier devrait voir le jour et apporter des solutions aux challenges soulevés par la crise de la Covid-19. A leur tête, le digital, pour faciliter toutes les étapes du processus depuis la conception jusqu'à l'acte d'achat, en passant par les autorisations de construire et les crédits bancaires. S'ajoute à cela la nécessité de repenser les agglomérations urbaines. Ainsi, de nouvelles formes de planification urbaine seraient envisageables et favoriseraient des espaces moins denses et discontinus pour aider à lutter contre des foyers de propagation trop denses. Enfin, la transition d'une politique de l'habitat axée plus sur la construction à une politique de l'habitat suffisamment articulée avec les exigences d'un développement urbain harmonieux et intelligent, favorisant autant le dynamisme économique, la cohésion et la mixité sociale que la durabilité environnementale, afin de contrecarrer une propagation rapide d'éventuelles nouvelles pandémies dans le futur. Une politique disruptive, axée sur au moins trois piliers nouveaux : nouvelle approche écosystémique du logement abordable, élargissement des perspectives du secteur de l'immobilier impactant ainsi l'offre et la nature de la demande, et gestion intelligente et inclusive des espaces urbains, d'où l'impératif d'accélérer le chantier de la digitalisation devenu crucial aussi bien en amont qu'en aval du secteur.