◆ Profitant d'une hausse à deux chiffres des crédits et des dépôts, le bilan de CIH Bank a pris du poids durant la première moitié de l'année. ◆ Son top management reste toutefois lucide sur la suite des événements, notamment la sinistralité attendue avec la crise sanitaire.
Par A. Hlimi
CIH Bank est à mettre dans la case des entreprises qui auraient connu une année 2020 de tous les records si la crise sanitaire n'était pas passée par là. Il suffit de regarder son compte de résultat et son bilan pour s'apercevoir de la forte croissance des indicateurs qui ne sont pas directement liés à la crise sanitaire. Son PDG, Lotfi Sekkat, l'a d'ailleurs confirmé en conférence de résultats : «Les agrégats non corrélés à la crise ont bien progressé. C'est le résultat d'un travail qui a démarré il y a quelques années, où nous avons mis l'accent sur l'amélioration de nos process, la transformation digitale et la concentration de la stratégie autour de la gratuité pour attirer et garder des clients qui utilisent nos produits et demandent des crédits». Pour s'en convaincre, un petit coup d'œil sur le total bilan montre que le groupe bancaire a pu progresser plus vite que le marché en 2020, et même au-delà. Son total bilan progresse en effet de 12% à fin juin pour s'établir à 84,2 Mds de dirhams, profitant d'une hausse de 19,2% des dépôts clientèle et de 13,3% des ressources marchés. Les crédits ont, eux, progressé de 17,2% par rapport à juin 2019 et de 9,2% depuis fin 2019. On notera au passage la poursuite de la diversification des crédits, avec des crédits hors immobiliers en hausse de 29,7% sur un an. Ces chiffres viennent consolider la position du groupe dans le paysage bancaire marocain. Sur un horizon plus long, on constate en effet que le total bilan de CIH Bank a progressé de 15,3% en moyenne sur la période 2016-2019, en comptes sociaux, là où le total bilan du reste des banques a progressé en moyenne de 6%. Sur la même période, les dépôts ont bondi de 16,6% contre 3% en moyenne pour le secteur, profitant du passage, pour la première fois, de la part de marché sur les dépôts à vue au-delà de la barre des 4% à fin juin 2020. Leader sur le digital On le sait, CIH Bank a fait de la banque digitale et de la gratuité son terrain de prédilection. Les indicateurs spécifiques à cette activité au premier semestre montrent que la banque a pu protéger avec plus ou moins de réussite son statut de leader sur ce segment de plus en plus disputé par la concurrence. Ainsi, sur la monétique, le groupe revendique la première place en termes de nombre de cartes actives TPE et E-commerce au S1, avec une part de marché de 41%, le positionnant comme leader sur les cartes valides à l'international et une 4ème position sur le stock de cartes émises sur la période. CIH Bank revendique en outre la première place sur le nombre de transactions NFC au S1 et un impressionnant taux de 93% pour le nombre de virements effectués en ligne en 2020. Hausse du coût du risque La progression des parts de marché a eu un impact favorable sur le produit net bancaire qui s'est envolé de 17% au premier semestre. Mais l'impact de la pandémie sur le coût du risque pour 174 MDH et la contribution au Fonds Covid-19, avec quasiment un tiers des bénéfices, a considérablement fait reculer le résultat net part du groupe ce semestre. Younes Zoubir, DGA adjoint en charge des Finances, et Lotfi Sekkat, insistent sur le caractère proactif et anticipatif de la charge du risque en prévision d'une période difficile en 2021 pour l'économie et les entreprises. Le top management du groupe bancaire explique qu'il continuera son effort de provisionnement au deuxième semestre pour parer à toutes les éventualités, pronostiquant que la charge du risque devrait revenir à des niveaux normatifs à partir de 2022, voire au-delà, en fonction de l'évolution de la situation. «On ne peut pas encore parler de compensation ou autres. Il faut continuer l'effort et constituer des matelas supplémentaires», a indiqué Lotfi Sekkat, qui écarte pour le moment tout besoin additionnel de fonds propres pour la banque.