◆ En cette crise sanitaire, les TPE ont pris conscience de l'importance de s'adapter aux nouvelles donnes du marché devenu plus digitalisé. ◆ Elles ont besoin pour la majorité d'améliorer leurs «process» afin d'être plus compétitives. ◆ Entretien avec Mohamed Tmart, Directeur général de Capvalue, entreprise spécialisée dans le domaine de la sécurité des systèmes d'information.
Par B. Chaou
Finances News Hebdo : Selon vous, comment cette crise a-t-elle influencé les process des TPE ? Mohamed Tmart : Selon nos observations, plus de 90% des TPE disposent du même réseau informatique que nous avons tous dans nos domiciles, à savoir un routeur Internet fourni par l'opérateur télécoms, des ordinateurs et la Suite Office de Microsoft comme outils de travail quotidien et beaucoup d'archives papier. Ce qui rend l'accès à l'information difficile, puisque tout est matérialisé avec une absence de solutions de sauvegarde des données. Les TPE se sont rendu compte de la limite qu'offre le mode de fonctionnement qu'elles ont adopté jusqu'ici et qu'il est temps de passer à la vitesse supérieure si elles veulent continuer à exister en temps de crise.
F.N.H. : Concrètement, comment avez-vous accompagné les TPE lors de cette crise afin qu'elles assurent la continuité de leurs activités ? M. T. : La décision du confinement général des populations a poussé plusieurs entreprises à opter pour le télétravail. Une situation inédite qui a demandé des déploiements inhabituels d'environnements de travail à distance souvent peu fiables. Plusieurs entreprises n'avaient pas le choix que d'ouvrir l'ensemble ou une partie de leurs systèmes d'information pour permettre l'accès à distance de leurs collaborateurs. De là est venue l'idée d'apporter notre contribution pour permettre aux TPE de continuer à produire en adoptant le télétravail. Concrètement, nous avons branché dans les locaux de chaque TPE un serveur embarquant tous les outils nécessaires pour que leurs collaborateurs puissent avoir accès à toutes les bases de données et services installés dans les serveurs de la TPE, et donc produire en télétravail.
F.N.H. : Ces entreprises ont-elles pris conscience de l'importance de s'outiller afin d'assurer leur développement ? M. T. : Cette crise sanitaire a servi de leçons à tout le tissu économique, qui a compris qu'un organisme minuscule comme un virus peut changer la donne et chambouler tous les calculs. Beaucoup de TPE ont toujours fonctionné avec cette idée d'un autre âge : «Puisque ça marche, pourquoi changer». Notre action a permis à toutes les TPE que nous avons assistées gracieusement de comprendre qu'un paramètre imprévu et hors de contrôle (COVID-19 par exemple) peut tout changer et mettre à rude épreuve toute la vision et les objectifs de l'entreprise. Les TPE comme les PME et les grandes entreprises doivent disposer de tous les outils et moyens techniques (Firewalls, VPN, WAF...) qui leur permettront de s'adapter et continuer à produire en toutes circonstances.
F.N.H. : Quels sont les vides à combler en termes technologiques par ces TPE ? M. T. : Toutes les TPE que nous avons accompagnées ont déjà avancé dans le déploiement d'outils digitaux, qui leur permettent d'exécuter leurs tâches quotidiennes (CRM, ERP, outils collaboratifs…), sauf que ces derniers ne sont accessibles que depuis les locaux de la TPE. Chez certaines TPE, la digitalisation est en marche, car elles ont compris que le gain de temps et la productivité vont de pair, raison pour laquelle il n'est pas exclu que de sérieux soucis pourraient surgir à tout moment pour manque de sauvegardes, redondance… Il ne suffit pas d'investir dans le digital pour être à la page. Il est indispensable d'inclure tous les ingrédients pour qu'ils soient évolutifs et accessibles 24 h/24 et 7j/7, ce qui nécessite un investissement humain, matériel et logiciel pour atteindre les résultats escomptés.