Le Sédar décerné au patron d'AWB montre l'importante place qu'occupe le groupe au Sénégal, c'est un signal fort aux investisseurs et aux décideurs politiques du Sénégal et du Maroc. Si les conditions d'installations d'investisseurs de l'un ou l'autre pays sont assez favorables, les deux gouvernements devront mieux faire. PDG du groupe de Presse Avenir Communication, éditeur de «Le Quotidien» et de «Week-End Magazine» et président du Conseil des Diffuseurs et Editeurs de Presse du Sénégal, Madiambal Diagne explique que la remise du Sédar était une occasion de développer les voies de partenariat. Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous sur la qualité des relations maroco-sénégalaises, et de leur évolution à l'ère Macky Sall ? Madiambal Diagne : Le Maroc et le Sénégal sont deux pays liés par l'histoire et la culture. La proximité entre les deux peuples est si forte qu'il n'est pas rare d'entendre dire au Sénégal que «Le Maroc est le meilleur ami du Sénégal». C'est dire que c'est une tendance naturelle des autorités des deux pays de travailler à renforcer les relations bilatérales. Le président Macky Sall semble avoir bien compris que le Maroc devrait être l'un des principaux partenaires du Sénégal en Afrique et dans le monde. On l'a entendu à plusieurs occasions magnifier cette relation de coopération privilégiée et engager son gouvernement à travailler à la conforter. F. N. H. : Vous êtes arrivés au Maroc à l'occasion de la cérémonie de remise du trophée de l'Intégration africaine au Président Directeur Général du Groupe Attijariwafa bank, Mohamed El Kettani, distingué «Homme de l'Année 2012». Quelle est la valeur ajoutée d'une pareille distinction dans le renforcement des liens entre les différents opérateurs et acteurs d'Afrique ? M. D. : Le trophée des «Sédar», du nom de Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal, a été institué depuis déjà une décennie par le magazine Sénégalais «Nouvel Horizon». Ce trophée consacre le mérite de personnalités qui se distinguent positivement dans leurs domaines d'activités. Le Sédar pour l'intégration africaine, décerné au PGD d'Attijariwafa bank Mohamed El Kettani, récompense la politique d'ouverture du groupe bancaire marocain qu'il préside vers les pays d'Afrique du Sud du Sahara. Naturellement, le Sénégal a été le premier pays d'implantation d'Attijariwafa bank dans cet espace de l'Union économique et monétaire de l'Ouest Africain (UEMOA). AWB y a développé une stratégie d'acquisitions et de prise de participations dans de nombreuses institutions financières et est arrivée très rapidement à supplanter les banques françaises qui dominaient la place financière de Dakar. Le Groupe Attijariwafa bank est devenu aujourd'hui la première institution financière du Sénégal, tant par son réseau d'implantation que par son portefeuille. Il s'y ajoute que le groupe marocain a su mettre en place une politique de «sénégalisation» de son équipe dirigeante qui renseigne encore sur son intention de s'ancrer davantage au Sénégal. Cette belle réussite est saluée à travers le Sédar. Aussi, le groupe Attijariwafa bank s'est-il appuyé sur sa filiale du Sénégal pour étendre son rayonnement dans d'autres pays de la zone UEMOA. C'est dire que ce Sédar décerné au patron d'Attijariwafa bank ne manquera pas de participer, non seulement à mieux faire comprendre l'importante place qu'occupe Attijari au Sénégal, mais aussi devra se révéler comme un signal ou un appel aux investisseurs et aux décideurs politiques du Sénégal et du Maroc. Si Attijariwafa bank a aussi bien réussi au Sénégal, d'autres entreprises marocaines pourraient bien en faire autant au Sénégal comme les investisseurs sénégalais devraient pouvoir réaliser d'aussi belles choses au Maroc. En tout cas, cela devrait rassurer les potentiels investisseurs marocains que le Sénégal leur offre de réelles possibilités d'affaires. F. N. H. : Aujourd'hui, nombre d'acteurs économiques et financiers marocains sont présents en Afrique, et surtout au Sénégal, pays avec lequel nous entretenons des relations séculaires. En tant qu'homme de terrain, quelle évaluation faites-vous de cette présence ? Et comment améliorer celle-ci tout en accompagnant le développement du pays d'accueil ? M. D. : Il faut dire que les conditions d'installations d'investisseurs de l'un ou l'autre pays sont assez favorables, mais les deux gouvernements devront encore travailler à faciliter les conditions d'investir réciproquement dans ces pays. Il appartiendra notamment au gouvernement du Sénégal de peser dans les discussions de politiques communautaires au sein de l'espace UEMOA afin que frontières soient plus ouvertes pour les produits marocains. F. N. H. : Comment pouvons-nous également contribuer à un renforcement de la coopération entre médias des deux pays ? M. D. : Les médias marocains et sénégalais devront pouvoir collaborer par des échanges de contenus rédactionnels, de programmes audiovisuels, et même par des échanges dans le domaine de la formation et du renforcement des ressources humaines. Des journalistes pourraient être invités à séjourner au sein de rédactions de l'un ou l'autre pays. De nombreux étudiants sénégalais en journalisme et communication se forment au Maroc et on peut considérer que des étudiants marocains en journalisme et communication pourronr venir au Sénégal où il existe des écoles de formation bien réputées. De toute façon, des contacts sont déjà établis à l'occasion de la remise du Sédar à M. Kettani, entre les associations professionnelles de presse du Sénégal et du Maroc qui pourront augurer de bonnes relations de collaboration.