Les opérateurs économiques des deux bords continuent d'explorer les niches de coopération, notamment en Afrique. Pour leur troisième événement commun en an, la CGEM et le MEDEF International ont eu pour invité prestigieux le président français, himself ! Rabat a accueilli récemment la rencontre de haut niveau Maroc-France sous le thème «De nouvelles coopérations pour un partenariat durable». Organisé par la CGEM et le MEDEF International, ce forum, qui a réuni 600 chefs d'entreprises et officiels des deux pays, a reçu un invité de marque : le président de la République française, François Hollande, en visite d'Etat au Maroc à la tête d'une importante délégation ministérielle. L'objectif de cette troisième rencontre du genre en un an était d'approfondir le dialogue entre les deux partenaires historiques afin de poser les jalons d'une coopération durable, notamment vers l'Afrique. «L'Afrique, à laquelle le Maroc appartient, prend possession de son histoire. Elle est en mouvement, et en développement. Tous les indicateurs nous montrent que l'Afrique suscite désormais la convoitise des investisseurs. Mais cette ruée vers l'Afrique ne se fera pas avec l'arrogance d'hier ni avec les ficelles usées du passé. Nous le savons, l'enjeu pour l'Afrique réside dans la construction d'une pensée en lien avec les réalités sociales, politiques et historiques», a souligné Miriem Bensaleh, la présidente de la CGEM dans son discours d'ouverture. L'idée générale qui a marqué cette rencontre était qu'il ne fallait pas voir dans la présence marocaine en Afrique une concurrence aux entreprises françaises, mais une opportunité de complémentarité et de développement mutuel du business. Et ce, d'autant plus que la forte présence chinoise, indienne et britannique sur les marchés africains, rend la coopération nécessaire entre les deux pays pour gagner des parts de marché. Comme l'a d'ailleurs souligné Mohamed El Kettani, co-président du Club de Chefs d'Entreprise France - Maroc : «En combinant nos forces et en donnant du contenu à la co-localisation, nous ferons mieux réussir le couple Maroc-France dans la compétitivité internationale». Ou encore Moulay Hafid Elalamy, PDG du groupe Saham, qui a insisté sur cette concurrence virulente qui vient d'ailleurs. Pour sa part, Mostafa Terrab, le PDG de l'OCP, a insisté sur le problème de perception de ce continent et sur le rôle des politiques publiques pour créer une réelle stratégie de coopération et de partenariat entre l'espace méditerranéen, nord-africain et subsaharien. Débat fructueux Les opérateurs français présents au Maroc ont également témoigné de leurs expériences dans le pays, ce qui a permis de croiser les avis. Concluant cette première partie de la rencontre, Jean-René Fourtou, co-président du Club de Chefs d'Entreprise France-Maroc, a appelé les opérateurs des deux pays, d'aller ensemble vers de nouvelles coopérations, notamment vers l'Afrique. Les deux tables rondes programmées lors de cette rencontre sur les thèmes «Entreprises françaises et marocaines au service du continent» et «Mieux-vivre en ville», ont permis aux hommes d'affaires des deux pays d'échanger leurs expériences et de consolider la complémentarité franco-marocaine en matière de villes durables et d'opportunités d'affaires en Afrique. La première table ronde dédiée au thème «Entreprises marocaines et françaises au service du continent» a permis, à la fois de s'enquérir des expériences de grands groupes marocains déjà implantés en Afrique et de faire valoir les avantages compétitifs des opérateurs économiques des deux pays. La deuxième table ronde a traité de la thématique du «Mieux-vivre en ville», qui traduit la volonté des pouvoirs publics, marocains de créer des espaces urbains orientés vers le mieux vivre et l'économie de ressources. Ce programme prometteur sera accompagné de l'amélioration de la qualité des services et des transports publics ainsi que d'une conception de villes nouvelles qui intègrent le concept d'écosystèmes urbains durables. Le président français a d'ailleurs affirmé la disposition de la France à accompagner le Maroc dans ce programme d'envergure. Cap sur l'avenir Clôturant cette journée de travail, le présidant français, tout en faisant un bref diagnostic des relations entre le Maroc et la France, a identifié trois axes qui devraient permettre de renforcer la coopération bilatérale. Il s'agit d'abord, selon lui, d'amplifier les investissements français au Maroc, mais également de susciter des investissements marocains en France dans le sens d'une relation bilatérale. De même, il a plaidé pour une meilleure présence des PME et entreprises de taille intermédiaire françaises dans le Royaume, leur nombre étant jugé relativement faible. Le dernier axe concernait l'idée de co-localisation, de sorte à ce que tout investissement profite aussi bien à l'emploi français que marocain. Par ailleurs, François Hollande a insisté sur la nécessité pour la France de retrouver sa place de premier fournisseur du Maroc. Le président a aussi affirmé que «le Maroc était devenu une plate forme de développement pour l'Afrique entière, pour les entreprises marocaines comme pour les françaises», appelant à ce que «le couple franco-marocain soit un facteur de développement commun en Afrique». «Je veux que nous bâtissions une Méditerranée des projets», a conclu François Hollande qui, malgré la tourmente provoquée par l'affaire Cahuzac, s'est gracieusement prêté au jeu des questions-réponses avec l'assistance.