Les ressources locales représentent 10% des ressources nationales au Maroc, un bon score pour la région. Cependant, ces ressources représentent en moyenne 30% dans la rive Nord de la Méditerranée. Avec une urbanisation galopante, les villes doivent s'adapter aux nouveaux besoins de leurs habitants. La capitale Rabat a abrité, les 18 et 19 mars, une conférence régionale autour du thème «Développer le nouvel agenda urbain régional : session sur les finances publiques». La rencontre donne suite au lancement, en septembre 2012, de la Plateforme de connaissance sur l'urbanisation pour la région MENA. Depuis, des besoins de renforcement des capacités en la matière se sont exprimés notamment par les maires des villes du Maroc, de Tunisie, d'Egypte et du Liban. Leur préoccupation principale étant d'offrir de meilleurs services aux citoyens, mais également de bénéficier d'outils adaptés pour mener plus efficacement leur planification urbaine. La rencontre a été l'occasion de présenter les initiatives et produits de la Banque mondiale. Dans ce sens, Franck Bousquet, le manager du secteur urbain, social et gestion des risques naturels, pour la région MENA au sein de la Banque mondiale, estime que dans la région l'urbanisation est estimée à 60 % et pourrait progresser de 45% à l'horizon 2030, voire doubler dans certains pays, ce qui implique l'importance d'adapter la stratégie urbaine de la BM aux nouvelles réalités de la région. Les soubresauts politiques qu'a connus la région impliquent la mise en place de démocratie, de bonne gouvernance et un meilleur partage des richesses... Ils impliquent aussi le dépassement nécessaire de l'obscurantisme et du passéisme, comme le souligne le maire de Rabat, Fathallah Oualalou, initiateur de la tenue de cette rencontre dans la capitale marocaine. Inverser la tendance «Je veux faire remarquer que nos pays sont restés très méfiants vis-à-vis de la décentralisation et des collectivités locales, ne leur donnant pas les moyens de travailler. Ainsi, beaucoup de pays ont donné le ton aux politiques publiques sur un plan national mais pas local», déclare-t-il. Ainsi, en 2010, les ressources locales représentaient 1% des ressources nationales en Egypte, 7% en Tunisie, 9 % en Jordanie, 10 % au Maroc, et 11 % au Yémen. Alors que chez nos voisins du nord de la Méditerranée, les ressources locales représentent 30% en moyenne des ressources nationales, de même que les deux tiers des investissements sont réalisés par les collectivités locales ! «C'est dire l'urgence d'inverser la tendance dans la région MENA pour donner pleinement aux villes les moyens de devenir de vrais pôles de croissance», insiste F. Oualalou. Or, fait noter le maire de Rabat, une grande partie de la population se concentre dans les villes et, par conséquent, la grande partie de la production nationale y est assurée. Relevant au passage que la ville devient un pôle économique et industriel, la compétitivité de l'économie nationale dépend donc de celle-ci.