Les coupures d'électricité récurrentes au Sénégal ont favorisé l'émergence de deux marchés très florissants : celui des groupes électrogènes... et celui des bougies. Aujourd'hui, presque toutes les entreprises disposent d'un ou de plusieurs groupes électrogènes. Le seul moyen de faire provisoirement face aux délestages, lesquels sont une exception au Maroc. Au niveau des foyers sénégalais, le paquet de bougies n'est jamais loin. Une réalité qui contraste fortement avec les grands chantiers d'infrastructures initiés dans le pays. Sinon, globalement, de gros efforts ont été faits pour favoriser l'environnement des affaires, surtout avec la création de l'Agence de promotion des investissements et grands travaux (APIX) qui facilite l'acte d'investir, tout en offrant aux investisseurs un régime fiscal attractif. Mais, dans ses démarches administratives, l'investisseur marocain retrouvera les mêmes codes qu'au Maroc : glisser un petit billet pour le «café», histoire d'accélérer le traitement de son dossier. Une fois installé, il devra s'accommoder d'autres codes. Et le plus important auquel il doit nécessairement s'habituer est le «masla». S'il n'intègre pas rapidement ce concept qui fait partie intégrante des valeurs de la société sénégalaise, il va vite plier bagages. Il n'y a pas de définition précise pour ce terme. On l'assimile tantôt à une forme d'hypocrisie sociale, tantôt au laisser-aller ou encore à un certain laxisme. En clair, devant une situation donnée, il faut accepter de faire des concessions, quand bien même cela ne vous convient pas forcément. Etre «diplomate», en quelque sorte. Le «masla», dit-on, facilite la vie en société, et certains en profitent pour s'autoriser toutes les dérives. Autre code important : le fatalisme, caractère très répandu chez les Sénégalais. Ils s'exonèrent très facilement de leurs responsabilités en invoquant, devant chaque situation, le «ndogalu Yalla» (la volonté divine). Une manière bien particulière de purger sa conscience. Si l'investisseur assimile bien ces codes, il pourra y couler des jours heureux et découvrir les autres facettes de la vie quotidienne au pays de la «téranga». Justement, dès lors qu'il se fera son premier «ami», il pourra découvrir les premières subtilités de la «téranga sénégalaise». Car ce dernier l'invitera chez lui pour partager en famille le plat national, très connu aujourd'hui des Marocains : le «thiebou-djeun» (riz au poisson). Si, par le pur des hasards, il est convié à déjeuner par un ami qui habite Saint-Louis (ville située 264 km de Dakar et inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco), il doit s'armer de patience : dès l'arrivée de l'hôte, on dresse la table... mais le déjeuner n'est servi que 2 à 3 heures plus tard. De quoi aiguiser l'appétit, mais surtout irriter. Le repas est généralement suivi du thé, communément appelé les trois «barradas» (traduction littérale = trois théières). Rien à voir avec le shaï. Il se déroule en trois étapes (le premier, le deuxième et le troisième), du plus fort (ou plus âcre) au plus léger (ou plus sucré). Mais mieux vaut disposer de tout son temps : le thé sénégalais peut durer une demi-journée (sic !). A suivre.