Afin de bénéficier de conditions de négociations plus favorables, les gérants des bureaux de change demandent l'entrée en vigueur de la décision de Bank Al-Maghrib qui leur offre la possibilité de lui céder directement leurs excédents en devises. Plus de détails avec Kamal Mouti, gérant d'Al Baraka Xchange et membre de l'Association casablancaise des bureaux de change . Finances News Hebdo : Avant tout, veuillez nous présenter votre société. Kamal Mouti : Nous avons ouvert notre premier bureau de change en juin 2008 et nous venons d'en inaugurer un autre l'année dernière. Nous opérons dans le change manuel, c'est-à-dire faire des achats et vente de devises sous l'autorisation de l'Office des changes. Notre activité est agréée et réglementée par le même organisme. Il y a un suivi quotidien de toutes les opérations. A la fin de la journée, nous envoyons un rapport à l'Office où figurent toutes les opérations de vente et d'achat de devises effectuées auprès de la clientèle et des banques, à l'aide d'un logiciel agréé par l'Office, selon un cahier des charges permettant, notamment, une connexion informatique pour la transmission directe des données. F. N. H. : Quelles opérations effectuez-vous ? K. M. : Notre activité consiste principalement à acheter des devises contre des dirhams auprès des MRE, les étrangers résidents et les touristes, ainsi que les Marocains résidents. Pour la vente comptant des monnaies étrangères contre le Dirham, nous intervenons seulement dans le cadre des modalités et conditions autorisées par l'Office des changes. C'est-à-dire, les dotations touristiques, les dotations pour émigration à l'étranger, les allocations en faveur des étudiants marocains à l'étranger ou bien la reprise du reliquat des dirhams des personnes non-résidentes après la fin de leur séjour. Malheureusement, nous ne sommes pas autorisés à effectuer des dotations d'affaire. Cela nous arrive aussi de céder notre excédent aux banques, puisque nous n'avons pas le droit de conserver plus de 250.000 DH. Théoriquement, nous sommes autorisés à placer notre argent auprès de Bank Al-Maghrib en y ouvrant un compte. En revanche, ce n'est pas le cas dans la réalité. Personnellement, j'ai contacté dernièrement la Banque centrale, mais ma demande a été rejetée sous motif qu'il n'y avait pas assez de demandes d'ouverture de compte de la part des autres bureaux de change. F. N. H. : Mais vous aviez ce compte auparavant ? K. M. : Oui, effectivement, mais en mars 2010, Bank Al-Maghrib a adressé un courrier à tous les bureaux de change pour les informer de la décision de la fermeture de leurs comptes. Cette décision n'a pas été motivée et on nous refuse toute explication jusqu'à présent. Depuis, nous nous sommes retrouvés dans une situation où nous devons compter uniquement sur nos achats clientèles pour alimenter nos réserves en devises. Nous nous sentons lésés par cette décision car nous n'avons pas l'accès aux mêmes conditions de marchés que les banques commerciales. F. N. H. : Et comment se fait-il que vous ayez toujours des devises dans vos bureaux, alors qu'un client qui se présente à une agence bancaire peut ne pas en trouver ? K. M. : Effectivement, une agence bancaire, à un moment de la journée, doit restituer sa trésorerie. En revanche, nous avons le droit de conserver 250.000 DH en devises dans nos agences, c'est le plafond autorisé par l'Office des changes. Mais vu que le marché est très étroit, parfois nous manquons de devises. A titre d'exemple, pendant le mois de Ramadan, le Rial saoudien est très demandé, ce qui nous oblige à fournir beaucoup d'efforts pour chercher des clients qui peuvent nous le céder. F. N. H. : Comment fixez-vous vos prix et vos marges ? K. M. : Bank Al-Maghrib nous fixe une fourchette de prix minimum et maximum à exercer. Ainsi, nous fixons nos prix dans cette fourchette, selon laquelle nous versons à notre banque les devises achetées auprès des clients. La différence entre le prix d'achat et celui de vente représente notre marge. Si nous avions un compte chez BAM, nous gagnerions plus bien sûr, puisque le prix appliqué par les banques commerciales est plus élevé que celui appliqué par BAM. Et même si nous réussissons à négocier avec elles des taux préférentiels au cas où nous arrivons à bloquer un capital supérieur à deux millions de dirhams. F. N. H. : Vous avez parlé de la concurrence des banques. Qu'en est-il de l'informel ? K. M. : Cela ne représente pas un grand risque, puisque les cambistes clandestins ou les bazars n'ont pas la possibilité de vendre des devises contre le cachet de dotation. En revanche, ils nous concurrencent au niveau de l'achat de monnaies étrangères contre des dirhams en appliquant des cours très avantageux, puisqu'ils n'ont pas de charges ni d'import à payer. Si nous avions un compte chez Bank Al-Maghrib, nous ferions des efforts au niveau des cours de changes. Dans ce cadre, nous avons créé l'Association casablancaise des bureaux de changes il y a deux mois pour défendre nos intérêts auprès de la Banque centrale et des banques commerciales.