Retour sur les moments forts de la première visite du Premier ministre français au Maroc dans le cadre de la 11ème Rencontre de haut niveau franco-marocaine. Ce sont deux jours fructueux dans les relations bilatérales entre le Maroc et la France que les 12 et 13 décembre 2012. Les 48 h qu'aura duré la visite de Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre français, au Maroc, ont permis de donner un nouvel élan aux relations entre les deux pays. Reçu en audience par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans le cadre de la 11ème Rencontre de haut niveau franco-marocaine, le Premier ministre français était accompagné d'une importante délégation ministérielle et de parlementaires. Et cette rencontre s'est par conséquent soldée par la conclusion de plusieurs accords et mémorandum. L'un des moments forts de cette 11ème rencontre a été la participation à l'inauguration du tramway par SM et par la suite la clôture de la rencontre organisée par le Club des Chefs d'Entreprise France-Maroc sur le thème «Maroc- France : un partenariat d'exception au service d'une compétitivité partagée». A l'ouverture de cette grand-messe, la présidente de la CGEM, Meriem Bensaleh, a rappelé les liens qui unissent le deux pays, assurant que le Maroc et la France labourent ensemble ce sillon du partenariat d'exception. «Mais après le labour, il faut semer. Nous avons certes déjà semé et récolté, depuis des décennies. La France est aujourd'hui le partenaire historique commercial du Maroc et le premier investisseur étranger dans le Royaume. Et la moisson est tout aussi bonne s'agissant de la présence d'entreprises françaises au Maroc pourvoyant 120.000 emplois», souligne la patronne des patrons. Elle a par ailleurs énuméré quelques fruits de ce partenariat, notamment le projet de Renault Nissan à Tanger Med ou Safran dans la technopole de Nouaceur, le TGV ... Par ailleurs, Meriem Bensaleh n'a pas manqué d'évoquer que dans les secteurs du transport, du tourisme, de l'aéronautique, de l'automobile comme dans beaucoup d'autres, les entreprises marocaines et françaises ont démontré leur savoir-faire. «Les succès sont divers, mais le potentiel est là; mais comme dit la citation, «ce ne sont pas les perles qui font le collier, c'est le fil". Et le fil entre la France et le Maroc est solide et je vous invite à travers cette journée à en tisser une longueur supplémentaire». La rencontre, qui a été enrichie par des ateliers thématiques, a été l'occasion pour les investisseurs, particulièrement français, de témoigner de leurs expériences au Maroc, leurs réussites, mais également les freins qu'ils ont rencontrés. Des observations et des doléances à même de participer à l'amélioration du climat des affaires, centre des préoccupations des participants. «Cette rencontre est l'occasion de poursuivre les débats engagés lors de la réunion du 28 mars et se rendre-compte des conclusions des groupes de travail sectoriels. Mais cette rencontre a aussi pour objectif de tracer des nouveaux contours du partenariat économique franco-marocain. En effet, ce partenariat d'exception qui nous lie à la France nous impose, dans la conjoncture actuelle, d'être à la fois exigeants et innovants et de rechercher les voies d'un nouveau souffle en capitalisant sur nos atouts respectifs dans des domaines aussi divers que la recherche et développement, les ressources humaines, le coût des facteurs de production ou encore le positionnement géostratégique de notre pays», a déclaré pour sa part Mohamed El Kettani, coprésident du club. Seul bémol, les ateliers étaient exclusivement réservés aux participants, la presse ayant été exclue de la présentation des conclusions des groupes sectoriels mixtes qui ont travaillé depuis mars derniers. La crise crispe Benkirane Le chef du Gouvernement Abdelillah Benkirane, qui a clôturé en présence de son homologue français la rencontre organisée par le Club des Chefs d'Entreprise France-Maroc, a, comme à son habitude, trouvé les mots pour rassurer les partenaires français en affirmant que l'arrivée d'un parti islamiste à la tête de l'exécutif ne change rien aux relations avec la France. Il a salué d'ailleurs le soutien apporté par les autorités françaises au processus de réformes institutionnelles engagées par SM le roi Mohammed VI. Et si la rencontre intervient dans un contexte économique et financier de crise, et de réels défis économiques et sociaux pour les deux pays, il n'en demeure pas moins que le chef du gouvernement marocain estime qu'à force de prononcer le mot crise, ça finit par le crisper. Il a d'ailleurs estimé qu'un grand pays comme la France va surmonter cette crise conjoncturelle. «Il faut reprendre confiance en soi et en ses moyens», lance-t-il à l'assistance. Insistant sur le concept de «Colocalisation», le chef de l'exécutif marocain estime que les entreprises marocaines et françaises peuvent se compléter sur les mêmes chaînes de valeurs faisant des emplois créés au Maroc par les entreprises françaises un facteur de compétitivité pour les industries françaises à l'international. Bien évidemment, Benkirane était attendu sur d'autres sujets évoqués durant cette rencontre, notamment l'amélioration du climat des affaires. Il a dans ce sens appelé les chefs d'entreprises français à faire part au gouvernement des obstacles et difficultés éventuellement rencontrés au Maroc pour pouvoir les lever. Il a une fois de plus rappelé les projets en cours susceptibles d'améliorer davantage le climat des affaires au Maroc, notamment la réforme de la Justice ou la réforme fiscale, toujours au stade de chantiers. Il a par ailleurs rappelé tous les atouts du pays faisant du Maroc une plate-forme d'un intérêt particulier pour les entreprises françaises et l'investissement étranger de manière générale. Le socialiste et les businessmen Cette rencontre a été l'occasion pour le Premier ministre socialiste de s'adresser à la communauté française des affaires au Maroc, réitérant l'engagement de son gouvernement de redresser la situation économique en France. «Nous avons lancé sans attendre de grands chantiers : donner un nouvel élan à la construction européenne; diminuer notre endettement public; lutter contre le chômage et redresser la compétitivité de nos entreprises. Nous les avons engagés sur la base d'un constat lucide de notre situation et avec la volonté de valoriser tous nos atouts. Nous les avons engagés en misant sur le dialogue social et la concertation, conditions indispensables à la mise en œuvre de réformes ambitieuses et durables». Et d'ajouter, que les premiers résultats sont déjà au rendez-vous. «La situation de la zone euro est pour l'essentiel stabilisée, même s'il faut maintenant la consolider. Dans le domaine budgétaire, le déficit public sera réduit dès cette année à 4,5% du PIB et en 2013, nous respecterons l'objectif de 3% pour lequel nous nous sommes engagés, tout en finançant les priorités que constituent l'éducation et la formation, la recherche, le logement, la politique de l'emploi». L'occasion pour le Premier ministre français de rappeler les décisions pour remettre en route le moteur de l'économie française. «J'ai présenté le 6 novembre dernier un pacte national pour la compétitivité, la croissance et l'emploi, sans précédent par son ampleur. Il prévoit d'abord un allègement du coût du travail pour les entreprises, à hauteur de 20 milliards d'euros, soit près de 6% de la masse salariale. Nous le financerons largement par de nouvelles économies de l'Etat». Pour revenir aux relations franco-marocaines, Ayrault a assuré la confiance de l'exécutif français dans la capacité du Maroc à avancer, à l'écoute d'une société qui évolue, selon le rythme et les modalités qu'il aura définis lui-même; confiance dans le jugement des investisseurs marocains et français, auxquels il a réaffirmé la détermination de la France à accompagner le Maroc sur la voie du progrès. Dans ce sens, rappelons que la première journée de travail s'est soldée par la signature de huit textes en présence des deux chefs de gouvernement. Le premier concerne une Convention entre la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc et le ministère marocain de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies pour la création d'un éco-parc à Berrechid. Une deuxième convention de prêt a été signée, accordant quelque 23 millions d'euros à Casa Transports destinés à financer la 1ère ligne de tramway de Casablanca (30 km). Les deux parties ont conclu un protocole d'accord entre l'AFD, le ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, le ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, et le ministère de l'Economie et des Finances relatif à la mise en place des Instituts de formation aux métiers des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (IFMEREE). L'AFD a également signé une Lettre d'entente avec le ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, le ministère de l'Economie et des Finances et le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies relative au renforcement des capacités de formation professionnelle dans le secteur de l'aéronautique. L'agence a par ailleurs conclu une convention de prêt de 150 millions d'euros accordé à MEDZ (CDG) pour la réalisation de 4 technopoles pour le plan Emergence industrielle, 2 agropoles (Meknès et Berkane) pour le Plan Maroc Vert et de Haliopolis à Agadir (plan Halieutis) et de plateformes industrielles intégrées sur tout le territoire (à l'exception de Tanger Med, confiée à TMSA). Un quatrième protocole d'accord a été encore signé entre l'AFD et MEDZ (aménageur – développeur de la Caisse de Dépôt et de Gestion) relatif au parrainage de partenariats entre technopôles marocains et pôles de compétitivité français. Dans le cadre de ce protocole d'accord, deux partenariats seront conclus. Le premier entre le technopole Rabat-Technopolis, l'Université internationale de Rabat et le Pôle de compétitivité mondial SCS (Solutions Communicantes Sécurisées) / Sophia Antipolis, instaurant un partenariat pour la mobilisation de la recherche et l'appui aux entreprises innovantes dans les métiers de la microélectronique, des logiciels, des télécommunications et du multimédia. Ainsi que la Convention-cadre entre MEDZ (CDG) et le consortium ADER-Méditerranée (Association pour le développement de l'enseignement et la recherche)/ACIM (Agence pour la coopération internationale et le développement local en Méditerranée), instaurant un partenariat pour le développement, l'innovation et la création d'entreprises à partir des plateformes industrielles intégrées. Déclaration de Rabat A la fin des travaux de la séance plénière de la RHN qu'a accueillie le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération les deux chefs de gouvernement ont réaffirmé la volonté des deux pays de contribuer à l'émergence d'un espace de paix, de stabilité et de prospérité en Méditerranée. A ce titre, la France et le Maroc réitèrent leur plein engagement en faveur de l'avènement d'une Méditerranée des projets au service de la jeunesse. La France a confirmé son engagement historique en faveur du partenariat entre l'Union européenne et le Maroc, à travers notamment le renforcement de leurs relations au moyen du Statut avancé accordé au Maroc sous la Présidence française du Conseil de l'UE en 2008 et a exprimé sa volonté de poursuivre son appui en faveur d'un rapprochement optimal du Maroc de l'Union européenne. Les deux parties se sont félicitées de la finalisation du Plan d'action pour la mise en œuvre du Statut avancé pour la période 2013-2017 et se sont engagées à collaborer étroitement en vue de la réalisation des objectifs visant l'établissement d'un Espace de valeurs partagées et d'un Espace Economique Commun entre le Maroc et l'UE... Pour renforcer le dialogue stratégique entre les deux pays, les deux Chefs de Gouvernement ont convenu d'instaurer un mécanisme de suivi des Rencontres de haut niveau en chargeant les deux Secrétaires généraux des ministères des Affaires étrangères de conduire, en lien avec les ministères concernés, un bilan d'étape complet à mi-parcours de la mise en œuvre des recommandations prises et des accords conclus lors de la XIème Rencontre. Ils ont également convenu de renforcer les dispositifs de concertation entre les diplomaties des deux pays à tous les niveaux, en particulier dans les enceintes internationales au sein desquelles la France et le Maroc défendent des intérêts communs. Les deux parties ont convenu que la première réunion du groupe de travail susvisée, aura lieu au début de l'année prochaine, et ont manifesté un intérêt pour la dynamisation de l'accord de partenariat conclu entre Maroc Export et UBI France en 2009. Pour la période 2013-2015, les deux parties ont souligné l'importance d'une poursuite des concours financiers de l'AFD au regard de la qualité du soutien de cette institution aux politiques publiques et aux chantiers structurants lancés par le Royaume du Maroc. A cet égard, la France développera des concours orientés en particulier vers les politiques à caractère social (notamment la jeunesse, la formation professionnelle et l'emploi) et vers des entités publiques participant aux missions de service public, notamment dans le domaine des infrastructures, de l'aménagement urbain et du développement durable. En complément, des financements adaptés aux besoins directs ou en intermédiation des entreprises privées (apports de fonds propres, prêts directs, lignes de crédit, garanties) seront proposés. Enfin, le financement de l'économie – et notamment des petites et moyennes entreprises – fera l'objet d'une coopération renforcée. La déclaration de Rabat contient au moins une trentaine de résolutions qui, espérons-le, seront concrétisées rapidement. Pages réalisées par I. B. & S. E. La presse n'est pas en reste La rencontre de haut niveau a connu la signature de la Déclaration d'intention entre le ministère de la Culture et de la Communication de la République française et le ministère de la Communication du Royaume du Maroc. Sur le volet formation, elle implique la création d'une «académie de la communication» avec quatre établissements de formation initiale et continue : ISIC, ISMAC, Institut supérieur des métiers de la publicité, Institut des métiers de l'Internet ; et sur l'expertise : recouvrement des droits d'auteur, développement d'offres légales, mesure d'audience, intégration de la communication électronique dans les régimes juridiques de la presse et des médias, etc. Le 13 décembre, une journée marathon 13 textes ont été signés lors de la deuxième journée allant de la coopération pour le développement des utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire, dont l'exemption réciproque de visas pour les titulaires d'un passeport de service, ou encore l'appui à l'enseignement et la formation à la langue française à l'école. Dans le cadre de la facilitation de l'acte d'investir ou d'échange entre les deux pays les ministres de la Justice des deux pays ont conclu un arrangement administratif. Idem pour les ministres de l'Intérieur des deux pays. Un arrangement technique relatif à la formation opérationnelle des équipages des hélicoptères EC 145 et EC 135 a été conclu. Abdelkader Aamara, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies a, pour sa part, signé une Déclaration conjointe franco-marocaine pour la colocalisation industrielle avec la France. Une feuille de route fixant le cadre, les modalités et le calendrier de mise en œuvre d'un nouveau partenariat franco-marocain dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche a été signée par la ministre française de l'enseignement supérieur et de la recherche et Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres L'AFD a conclu une Convention de prêt de 50 millions d'euros accordé à l'Agence nationale des ports (ANP) et une deuxième de 57 millions d'euros à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) destinés à financer le 3ème programme de renforcement du réseau de transport d'électricité (haute et moyenne tension), qui permettra notamment de raccorder les nouvelles unités de production solaires (Ouarzazate) et éoliennes. Le 11ème texte est relatif au protocole d'accord entre l'Ecole nationale d'administration et l'Académie diplomatique du Maroc en vue de soutenir le renforcement institutionnel de l'Académie, la formation des jeunes cadres marocains par les échanges d'expertises et de formateurs, la mobilité professionnelle, et le transfert d'ingénierie pédagogique. Un Mémorandum d'entente a été signé entre l'Ecole nationale d'administration et l'Université internationale de Rabat en vue d'accompagner le développement de la formation initiale et continue à l'UIR dans le domaine de la gouvernance administrative et territoriale. Enfin, un accord-cadre de coopération entre Adetef et le ministère de l'Economie et des Finances du Maroc a été conclu, sans oublier cinq autres textes signés au préalable (par procédure écrite) et annoncés lors de la RHN,, ainsi que ceux signés lors du Forum MEDEF-CGEM.