Le binôme Alj-Tazi présidera à la destinée de la CGEM pour les trois années à venir. Après la parenthèse Mezouar et ses nombreux soubresauts, le patronat aspire à plus de discrétion, de sérénité et de cohésion.
A.E
La CGEM s'apprête à tourner définitivement la page Salaheddine Mezouar, sur le fond et surtout la forme. Fini la flamboyance et la volubilité de l'ancien président : l'organisation patronale revient à une posture plus «discrète», plus «sereine», et pour qui sait lire entre les lignes, plus «efficace». «Nous avons besoin de sérénité et de cohésion pour être à la hauteur des enjeux de l'économie nationale, et en particulier des petites et moyennes entreprises», a déclaré Mohamed Bachiri, président par intérim de la CGEM, au cours d'un point de presse post-Conseil d'administration du patronat. Le CA en question a validé la candidature du binôme Chakib Alj et Mehdi Tazi, respectivement aux fonctions de président et de vice-président général de la Confédération. Ce binôme est le seul à s'être porté candidat à la présidence du patronat, et devrait, sauf cataclysme, présider à la destinée de la CGEM pour les trois années à venir. L'Assemblée générale ordinaire élective de la Confédération, qui se tiendra le mercredi 22 janvier 2020, ne fera en effet qu'entériner cette candidature unique qui, visiblement, fait consensus au sein des membres de la CGEM. Le patronat s'épargne, par la même occasion, les luttes intestines qui n'auraient pas manqué d'émerger au cas où plusieurs candidatures se seraient manifestées. La nouvelle manière de faire de la CGEM, loin des caméras et des projecteurs, s'est manifestée lors des débats sur le projet de Loi de Finances 2020. «La CGEM n'a jamais été autant entendu qu'aujourd'hui», affirme le président de la Commission de la fiscalité et du régime de change au sein de l'organisation patronale, Mohamed Hdid. «Sur les 10 principales recommandations que nous avons faites au niveau du PLF, 8 d'entres elles ont été prises en considération dans la Loi de Finances définitivement adoptée. Nous avons voulu être discret sur ce point parce que le contexte ne le permet pas», a indiqué le fiscaliste en chef du patronat.
PLF 2020 : un bilan globalement «positif» Les deux recommandations pour lesquelles le patronat n'a pas eu gain de cause concernent le renforcement de la capitalisation des entreprises et l'incitation à l'investissement, ainsi que les mesures visant à soutenir le pouvoir d'achat des classes moyennes. Sur cette dernière mesure précisément, la CGEM a préconisé une révision des tranches de l'IR. «L'amendement a été retiré car l'impact financier sur le budget de l'Etat a été évalué à 4,6 Mds de DH», explique Hdid. «Pour toutes les autres propositions émanant de la CGEM, nous avons eu gain de cause», se félicite-t-il. C'est le cas notamment de la suppression progressive de la cotisation minimale, ou encore la réduction du taux marginal de l'IS à 28% pour les entreprises industrielles dont le bénéfice est inférieur à 100 millions de DH. «Un amendement a été présenté consistant en la généralisation à toutes les entreprises. Il a été retiré en raison de son impact budgétaire qui est de l'ordre de 1,24 milliard de DH», souligne Hdid. La CGEM se félicite aussi que le gouvernement ait répondu favorablement à l'extension de la neutralité fiscale des opérations de transfert entre les sociétés au sein d'un groupe à tous les actifs corporels, incorporels ou financiers. Autres motifs de satisfaction du patronat : l'augmentation du montant de l'investissement dans les start-up, ouvrant droit à crédit d'impôt de 200.000 DH à 500.000 DH, ainsi que les dispositions prises en faveur de la consolidation des rapports de confiance entre l'administration fiscale et les contribuables. Enfin, la CGEM a milité pour la mise en place d'un fonds de soutien et de restructuration des entreprises. C'est désormais chose faite avec l'instaraution du Fonds de soutien à l'entrepreneuriat doté de 6 milliards de DH. «Le bilan est globalement positif. Les soubressauts que la CGEM a connus n'ont en rien altéré notre travail», insiste-t-on du côté du patronat.