Dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire de Bank Al-Maghrib, la Banque Centrale du Maroc, Rabat accueille le 21 novembre 2019, la 2ème édition de l'Africa BlockChain Summit, un évènement dédié à la technologie Blockchain en Afrique et son potentiel aussi bien pour les banques centrales que pour le système financier dans son ensemble. Cette conférence est organisée conjointement par Bank Al-Maghrib et Paris Europlace avec le soutien des sociétés HPS et Talan. Dans son allocution d'ouverture, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, a rappelé sa position ferme sur les crypto-actifs : "Les crypto-actifs se distinguent de la monnaie y compris de la monnaie électronique par le fait qu'ils n'ont pas de statut juridique ou de cadre juridique propre et ne font pas l'objet d'une régulation. Ce sont des actifs hautement spéculatifs, qui exposent de ce fait leurs détenteurs à un risque de pertes substantielles, notamment parce qu'ils ne correspondent pas à une créance sous-jacente vis-à-vis de l'émetteur. De plus, la grande volatilité des crypto-actifs et leur acceptation limitée découragent leur utilisation comme réserve de valeur ou comme moyen de paiement, et rendent difficile leur emploi comme unité de compte". Un peu plus favorable au StableCoins Aujourd'hui, les StableCoins posent pour leur part de nouveaux challenges aux banques centrales et aux autorités publiques en ce sens qu'ils bénéficieraient des mêmes « avantages » que les crypto-actifs et qu'ils visent à apporter une réponse au caractère volatil de ces derniers en liant leur valeur à des actifs « réels ». Jouahri a d'ailleurs rappelé les réactions de plusieurs banques centrales et autorités publiques à l'annonce de l'émission du LIBRA par Facebook constituent en soi un indicateur de l'importance de la problématique. Le G7 s'est empressé de mettre en place un groupe de travail pour examiner les challenges, les gains potentiels et les risques associés aux émissions de StableCoins. Ce groupe de travail précise dans son rapport publié il y a un mois, que les StableCoins pourraient apporter des améliorations aux paiements transfrontaliers qui demeurent lents, chers et opaques même dans les pays les plus avancés qui disposent de systèmes de paiement domestiques quasi instantanés et à coûts réduits. Cependant, l'émission des StableCoins comporte également plusieurs risques liés notamment au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, à la cyber résilience et à la protection des consommateurs et des investisseurs. Les StableCoins qui peuvent être largement accessibles poseraient en plus des challenges et des risques liés notamment à la stabilité financière et à la conduite de la politique monétaire. "On note en parallèle que du côté des banques centrales, les études et les expérimentations s'accélèrent pour explorer la possibilité de proposer une sorte d'évolution de la monnaie classique qui pourrait avoir la forme « digitale » des crypto-actifs tout en étant une « monnaie » à part entière", a indiqué le Wali. Il parle ici des Monnaies Digitales de Banques Centrales (Central Bank Digital Currency - CBDC). "Nous suivons de près" "Pour notre part à Bank Al-Maghrib, nous suivons de très près toutes ces évolutions et examinons, en concertation avec les autres régulateurs nationaux et autorités concernées, leurs implications au plan national à la fois en termes d'opportunités et de risques", a indiqué le Wali, ne fermant pas la porte à des solutions innovantes. Puisque "le Maroc compte saisir l'apport de la Fintech dans le cadre de la mise en œuvre de sa stratégie d'inclusion financière". "En tant que régulateur, nous sommes appelés à laisser suffisamment d'espace à la créativité et au développement des services financiers innovants, mais en même temps, nous devons préserver et renforcer la résilience de nos systèmes financiers et protéger le consommateur et l'entreprise. C'est un équilibre difficile qui suppose une identification des risques et leur classification ainsi qu'une anticipation des effets potentiels des innovations et des nouvelles activités financières". C'est d'ailleurs l'un des chantiers prioritaires du plan stratégique de Bank Al-Maghrib pour la période 2019-2023.