Jouahri lance un appel aux régulateurs les invitant à laisser suffisamment d'espace à la créativité et au développement des services financiers innovants, tout en préservant et renforçant la résilience de nos systèmes financiers et protégeant à la fois le consommateur et l'entreprise. «Le potentiel des nouvelles technologies pour le développement des services financiers en particulier au niveau des économies émergentes n'est plus à démontrer. Elles permettent d'accélérer l'inclusion financière et de l'élargir aux segments les plus fragiles du tissu productif et aux couches de la population les plus défavorisées grâce à la large couverture des réseaux mobiles et à la pénétration de l'Internet». C'est ce qu'a souligné Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, lors de son intervention jeudi à l'ouverture de la deuxième édition de l'«Africa Blockchain Summit 2019» à Rabat. Cet événement, organisé par Bank Al-Mahghrib et Paris Europlace, avec le soutien des sociétés HPS et Talan, a réuni près de 300 participants et des intervenants internationaux de haut niveau autour de l'usage de la blockchain dans les milieux financiers ou encore les défis que cette technologie peut entraîner pour les régulateurs. «La Blockchain est de loin la technologie la plus disruptive de cette décennie. Elle est souvent présentée comme une innovation aussi importante que la naissance d'Internet au regard de ses apports qui révolutionneraient les échanges numériques de valeurs entre particuliers et transformeraient de manière substantielle les modèles d'affaires», a fait savoir M. Jouahri. Après avoir mis l'accent sur la technicité de cette Blockchain et ses avantages pour l'écosystème financier, le gouverneur de la banque centrale a partagé les ambitions du Maroc dans ce domaine. Le Royaume qui déploie aujourd'hui une stratégie ambitieuse d'inclusion financière aspire à tirer profit de la «Fintech». Un nouvel usage qui vise à garantir un accès équitable pour l'ensemble des individus et entreprises à des produits et services financiers formels adaptés à leurs besoins et à leurs moyens. «L'exploitation du potentiel des nouvelles technologies disruptives pour le domaine financier dans notre région n'est aujourd'hui qu'à ses débuts. La dynamique de promotion et de développement des écosystèmes Fintech enclenchée à l'échelle internationale, notamment à travers le programme Fintech de Bali et dans laquelle Bank Al-Maghrib s'inscrit parfaitement, permettra de mieux canaliser les idées et les énergies des acteurs innovants afin d'aboutir à des services financiers digitaux qui soient de qualité, à coût réduit et avec des risques maîtrisés», explique M. Jouahri. Le Maroc s'engage dans cette dynamique tout en restant vigilant aux risques liés à ces évolutions technologiques. «Nous sommes conscients des nouveaux risques auxquels les évolutions technologiques nous exposent, notamment en matière de blanchiment d'argent, de financement du terrorisme, de cybersécurité, ainsi que pour la protection du consommateur et des données à caractère personnel», souligne le gouverneur de la banque centrale. Abdellatif Jouahri lance dans ce sens un appel aux régulateurs les invitant à laisser suffisamment d'espace à la créativité et au développement des services financiers innovants, tout en préservant et renforçant la résilience de nos systèmes financiers et protégeant à la fois le consommateur et l'entreprise. «C'est un équilibre difficile qui suppose une identification des risques et leur classification ainsi qu'une anticipation des effets potentiels des innovations et des nouvelles activités financières. C'est d'ailleurs l'un des chantiers prioritaires de notre plan stratégique 2019-2023», indique-t-il. Pour encourager l'innovation et stimuler la créativité des strat-up marocaines et africaine Bank Al-Maghrib a lancé en marge de l'«Africa Blockchain Summit 2019» un programme d'open innovation ayant connu un grand intérêt auprès des jeunes Fintechs. «c'est un message fort que nous lançons à notre écosystème national et régional. Nous sommes à l'écoute pour apporter les réponses appropriées aux questionnements que se posent les acteurs porteurs de projets à valeur ajoutée pour notre système financier», affirme M. Jouahri. Notons que la deuxième édition de l'Africa Blockchain Summit se veut avant tout une conférence institutionnelle durant laquelle les représentants de banques centrales, d'organisations internationales, d'institutions financières et d'infrastructures de marchés échangent leur vision quant au développement de la blockchain dans la sphère financière. Parmi les révélations faites par Abdelatif Jouahri, hôte de cette rencontre d'envergure, l'éventuelle création d'une monnaie digitale de banques centrales. Une monnaie numérique qui intéresse aussi bien les banques centrales que les grandes institutions financières internationales. Cette évolution monétique permettrait de répondre aux objectifs de politique publique, notamment en termes d'inclusion financière et conférer davantage de sécurité aux consommateurs et aux respects de la vie privée lors de paiement.