Une forte capacité à drainer l'épargne des particuliers. Les investisseurs institutionnels préfèrent des maturités courtes. Pour les émetteurs, c'est une question de coûts. Dans le cadre d'un projet d'analyse et d'évaluation du potentiel de la finance islamique au Maroc, le cabinet IFAAS a mené une étude pour mieux comprendre l'attrait des produits islamiques auprès des particuliers marocains, et plus spécialement sur les Sukuk. L'étude a été réalisée avec un échantillon représentatif de la population marocaine composé de 800 personnes, hommes et femmes, âgées entre 18 et 55 ans. Le premier constat est que 97% de la population sont favorables à la commercialisation des Sukuk par les réseaux bancaires, sachant que 46% des interrogés uniquement sont bancarisés et que 50% arrivent à épargner régulièrement des montants allant de moins de 300 à 2.500 DH par mois. Il ressort de cette étude que ces produits ont une forte capacité à mobiliser l'épargne des particuliers, car 47% de la population sont prêts à investir dans ces produits pour une durée de 12 mois, alors que 27% le sont pour une durée comprise entre 1 et 5 ans et 16% pour une durée supérieure à 5 ans. 55% de ces épargnants se disent prêts à investir 500 DH ou moins par mois, alors que 32% peuvent consacrer plus de 700DH par mois à ces projets. Au côté de cette étude destinée à étudier le potentiel des produits islamiques auprès des particuliers, le CDVM a également mené sa propre étude auprès des institutionnels, que ce soit des investisseurs ou des émetteurs. Il a ainsi adressé des questionnaires aux banques et à certaines sociétés cotées ayant déjà émis des obligations cotées pour sonder les émetteurs, et des questionnaires aux sociétés de gestion des OPCVM pour sonder les investisseurs. Du côté des émetteurs, il ressort que 90% de l'échantillon pourraient envisager d'émettre des sukuk si le cadre légal et réglementaire au Maroc le permettait. 62% considèrent que c'est un instrument complémentaire aux produits de financement déjà existants et 25% le considèrent comme étant un substitut à l'obligation classique. 50% de l'échantillon choisiraient d'émettre des sukuk à la place d'une obligation classique si les coûts relatifs à chaque instrument étaient identiques, mais seulement 13% opteraient pour des sukuk sans considération de coût. Par ailleurs, 62,5% de l'échantillon sélectionné seraient intéressés par des investisseurs réticents aux instruments conventionnels pour des raisons religieuses et 62,5% des sondés préfèrent la cotation des sukuk pour des raisons de liquidité et de dynamisation du marché boursier. Du coté des investisseurs institutionnels, le choix entre un investissement sukuk ou obligation classique se décidera selon le couple risque/rendement de chaque instrument, la stratégie d'investissement du fonds, ainsi que les besoins de la clientèle qui peuvent aussi être motivés par des convictions religieuses. De plus, 100% déclarent qu'ils n'auraient aucun problème à investir dans des sukuk si l'instrument était attractif du point de vue financier et s'il répondait aux besoins des clients. Quant à leur préférence en terme de maturité du produit, le tiers des sociétés de gestions préfèrent le court-terme dans un premier temps en raison de la nouveauté du produit sur le marché. Ils envisageraient de proposer d'introduire progressivement des maturités plus longues auprès de leur clientèle, une fois le produit plus connu. Dans son étude, le CDVM s'est également intéressé au développement des Sukuk dans d'autres pays. Il a notamment étudié l'évolution mondiale de ce marché qui connaît une forte progression depuis 2009. Le total des émissions mondiales était de moins de 40 Mds de dollars à l'époque et devrait s'établir à 123 Mds de dollars à fin 2012, avec la Malaisie comme plaque tournante qui draîne plus de 70% du volume total de la région Asie du Sud. Cette région détenant à son tour 70% du volume mondial. Le CDVM a également relevé quatre secteurs propices au développement des produits Sukuk. Ce sont les secteurs de l'immobilier, de l'industrie, de l'agriculture et des énergies renouvelables. L'Etat étant engagé dans des chantiers à long terme sur chacun de ces créneaux, il pourrait recourir au Sukuk pour les financer. Par A. H. Les Sukuk, de quoi parlons-nous ? Le Sukuk est un produit obligataire islamique. Il a une échéance fixée d'avance et est adossé à un actif permettant de rémunérer le placement en contournant le principe de l'intérêt. Ses détenteurs reçoivent une part de profit et non un intérêt fixe et connu à l'avance. Il existe à ce jour un peu moins d'une quinzaine de types de Sukuk.