La consommation moyenne d'engrais sur le continent est de 20 kg/hectare contre 100 Kg/hectare à l'échelle mondiale. L'OCP a contribué fortement à l'accroissement du rendement agricole au Nigéria. Celui-ci est passé de 2 à 8 tonnes/hectare.
Par M. Diao
La population africaine devrait accroître substantiellement pour atteindre 3 milliards d'ici 2050. Cette donne a inéluctablement des implications sur bon nombre de secteurs marchands qui structurent l'économie continentale encore largement dépendante des matières premières. Plusieurs facteurs (accroissement démographique, réchauffement climatique, cherté des produits alimentaires, etc.) militent pour une augmentation du rendement agricole sur le continent qui, si rien n'est fait dans ce sens, importera pour près de 100 Mds de dollars de produits alimentaires à l'horizon 2030. L'agriculture africaine demeure en effet faiblement productive à cause principalement de la prédominance des petites exploitations ainsi que du manque d'investissement et d'infrastructures. La consommation moyenne d'engrais sur le continent n'est que de 20 kg/hectare contre 100 kg/hectare à l'échelle mondiale. La non- valorisation des produits agricoles, faute d'infrastructures adéquates, (usines de transformation, unités de stockage, routes, etc.) n'est pas sans conséquence sur le développement d'un secteur qui a le potentiel de permettre à l'Afrique de rééquilibrer sa balance commerciale avec le reste du monde. Autre chiffre édifiant : la valeur ajoutée par produit en Afrique tourne autour de 18 dollars contre 100 dollars à l'échelle mondiale. C'est dans ce contexte que l'Office chérifien des phosphates (OCP), s'est associé récemment à l'organisation de la conférence «Argus Africa Fertilizer», événement africain dédié aux fertilisants, qui s'est tenu récemment à Marrakech.
La productivité, cheval de bataille de l'OCP «L'OCP s'évertue à délivrer l'engrais adéquat au bon moment aux agriculteurs du continent», assure Karim Lotfi Senhadji, CEO d'OCP Africa, qui appelle à mettre fin au cycle de la pauvreté qui sévit sur le continent. L'événement panafricain était l'occasion pour le patron de la branche africaine du groupe chérifien de mettre en exergue les actions allant dans le sens de l'augmentation de la productivité agricole en Afrique. L'entité dirigée par Mostafa Terrab, dotée de la technologie de cartographie de fertilité, a contribué fortement à l'accroissement du rendement agricole au Nigéria. Celui-ci est passé de 2 à 8 tonnes/hectare. L'Office contribue également à la formation et à la sensibilisation des fermiers africains (près de 210.000). Cette démarche est de bon augure, d'autant plus que l'utilisation des engrais n'est pas toujours optimale. Dans le même registre, notons que l'OCP a mis en place un master dédié aux fertilisants à l'Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir, qui pilote de plus en plus la recherche et développement de celui-ci. D'ailleurs, le complexe universitaire est doté d'un laboratoire spécialisé dans l'analyse des sols. L'entité publique conscientise par ailleurs les agriculteurs sur la nécessité de préserver les ressources naturelles. Pour rappel, au cours de ces dernières années, l'OCP a doublé sa capacité d'extraction minière avec la même quantité de consommation d'eau. Autre initiative et non des moindres, le groupe œuvre pour le développement des investissements dans l'agriculture continentale avec les bailleurs de fonds engagés dans le développement de l'Afrique, dans un contexte où le continent risque de perdre près d'1 million de terres arables à l'horizon 2030.
Dynamiser le marché des engrais «L'Afrique doit rattraper son retard en matière d'agriculture», martèle Martin Freguene, patron du Département de l'agriculture de la BAD. La banque continentale a mis en place des stratégies devant permettre aux pays africains de donner un coup d'arrêt aux importations alimentaires d'ici 2025. Ceci dit, au regard de l'évolution des choses, il serait hasardeux de miser sur l'atteinte de cet objectif ambitieux dans les délais impartis. Pour rappel, en Afrique, le risque pour un habitant du monde rural d'être pauvre est deux fois plus élevé qu'un citadin, en raison, entre autres, de la faible valeur ajoutée générée par l'agriculture. Pour le responsable de la BAD, il est impératif de mieux structurer le marché des engrais subventionnés à hauteur de 50% sur le continent. Celui-ci n'a pas manqué de souligner la centralité du secteur privé pour y arriver. «L'urgence de booster le marché africain des engrais est également dictée par l'insoutenabilié des subventions ne pouvant pas durer ad vitam æternam», précise-t-il. Notons que les pays qui affichent le plus de dynamisme en matière d'utilisation d'engrais, ne disposent pas de système de subvention. ◆