En 2018, le nombre de consultations du Credit bureau a dépassé la barre des 2,5 millions, les demandes de scores ont franchi le seuil des 500.000. Eclairage de Sidimohamed Abouchikhi, administrateur-Directeur général de Creditinfo Maroc, délégataire historique de Bank Al-Maghrib pour la gestion des centrales des risques.
Propos recueillis par M. Diao
Finances News Hebdo : Comment se comporte l'activité du Credit bureau au Maroc ? Sidimohamed Abouchikhi : Il faut savoir que le lancement des services à haute valeur ajoutée a été effectué par Creditinfo Maroc depuis fin 2016. L'utilisation de ces services ne cesse d'évoluer. Nous sommes fiers d'annoncer que durant l'année 2018, le nombre de consultations du Credit bureau a dépassé la barre des 2,5 millions. Ce qui représente une évolution de 22% par rapport à l'année 2017. L'autre chiffre important à mettre en avant est le nombre de demandes de scores qui a franchi le seuil des 500.000. Ce qui veut dire qu'à peu près 20% des requêtes de rapports de solvabilité ont été faits avec une demande de score. Ces chiffres traduisent un changement radical du secteur financier pour l'utilisation de cette gamme de services qui permet une meilleure gestion du risque. La hausse de l'activité est à relier aux besoins exprimés par le marché. Lesquels ont été satisfaits par Creditinfo à travers la mise en place du score Credit bureau. Il faut également garder à l'esprit que la bonne tenue de l'activité est à relier à la transformation digitale du secteur bancaire. Cette mutation vers la digitalisation engendre naturellement l'automatisation de certains process. Laquelle nécessite l'utilisation de données traitées. Les solutions mises en place par Creditinfo ont été adoptées par les acteurs de la place (banques, associations de microcrédit, sociétés de financement, etc.). Ceux-ci ont recours à l'utilisation du scoring pour l'octroi des crédits et le suivi de portefeuille qui se fait via le monitoring, l'alerting et les solutions de recouvrement. De nouveaux services seront bientôt lancés afin de satisfaire d'autres besoins.
F.N.H. : L'utilisation croissante des nouvelles technologies dans le secteur bancaire engendre-t-elle de nouveaux risques ? S. A. : La transformation digitale du secteur bancaire représente certes une opportunité, mais génère aussi des risques qui sont maîtrisables. Des solutions sont taillées pour mieux appréhender ce type de risques. Les données facilitent la prédictibilité et une meilleure gestion du risque d'insolvabilité. Concrètement, l'apparition de nouvelles fonctions à l'instar du digital risk au niveau du risk management permet au secteur bancaire de mieux gérer les risques liés à la digitalisation. En Afrique de l'Est par exemple, où le paiement mobile est très développé, plusieurs informations inhérentes à l'utilisation du téléphone sont utilisées pour l'amélioration de la gestion du risque, même s'il y a lieu de souligner que les montants en jeu ne sont pas importants car inférieurs à 10.000 DH. Aujourd'hui, l'utilisation croissante des smartphones et des réseaux sociaux constitue une opportunité à la fois pour les consommateurs mais aussi pour les opérateurs. Le digital facilite l'accès au financement et accroît l'inclusion financière.
F.N.H. : Qu'en est-il de votre roadmap de produits destinés à la TPE et au recouvrement ? S. A. : Toujours dans le cadre de la digitalisation, Creditinfo, qui est un groupe innovant sur le marché marocain, lancera au cours de l'année 2019 des produits destinés aussi bien aux particuliers qu'aux entreprises. Cette clientèle pourra avoir accès aux informations de crédit et au scoring via le numérique, à travers une application digitale. Cette gamme de nouveaux produits aura un impact positif sur les habitudes de paiement des clients ainsi que sur le secteur financier à travers la réduction du risque d'insolvabilité et l'éducation financière.
F.N.H. : Au niveau international, l'aspect psychologique constitue une variante importante pour le Credit bureau. Quelle importance accordez-vous à ce paramètre ? S. A. : Il faut savoir que le groupe Creditinfo offre sur d'autres marchés le score psychologique. Ce dernier se base sur les informations liées à la personne. En l'absence de données classiques, il est important d'avoir des éléments liés à la personnalité qui remplacent celles-ci. Le paramètre psychologique est crucial pour le secteur des assurances. En termes de nombre d'accidents de la route par année, le Maroc est classé parmi les premiers pays. A ce titre, il est de bon augure de savoir que des solutions ont été testées au niveau national. Le risque est toujours lié au conducteur. D'où l'importance de cerner la psychologie du conducteur pour l'évaluation du risque.
F.N.H. : Comment accueillez-vous l'arrivée du deuxième bureau de crédit au Maroc, notamment Quantik, qui est votre concurrent ? S. A. : Il faut savoir que dans les autres pays, il existe plusieurs Credit bureau. Avec l'évolution de l'activité au Maroc, il est tout à fait normal que d'autres acteurs fassent leur entrée sur le marché national. La venue de ce nouvel opérateur n'a pas impacté notre activité. Creditinfo Maroc est l'opérateur historique qui, au fil des années, a cumulé une grande expérience, tout en étant dépositaire d'une fine connaissance du marché marocain. D'ailleurs, comme évoqué plus haut, l'utilisation de nos services est en progression. L'arrivée d'un opérateur de plus ne peut être que bénéfique pour l'écosystème. Cela doit aussi s'accompagner par l'ouverture de l'activité du Credit bureau à d'autres utilisateurs, à l'instar des opérateurs de télécoms et des fournisseurs d'eau et d'électricité. Nous espérons que cette ouverture se fera avec la mise en place de la réglementation de la part du régulateur. ◆