Les nouvelles technologies sont de plus en plus utilisées dans l'optique de réduire considérablement les délais de traitement, tout en maîtrisant le risque. Mais l'utilisation de nouvelles solutions génère aussi de nouveaux risques. Sidimohamed Abouchikhi, administrateur Directeur général de Créditinfo Maroc, délégataire de la Centrale des risques de Bank Al-Maghrib depuis 9 ans, apporte son éclairage sur l'évolution de la gestion du risque.
Finances News Hebdo : Pourquoi avoir organisé Global Forum au Maroc ?
Sidimohamed Abouchikhi : Avant d'apporter des réponses à cette question, il y a lieu de rappeler que le groupe Créditinfo, spécialisé dans les domaines du crédit bureau et des solutions, est implanté dans près de 36 pays. L'initiative du groupe d'organiser pour la première fois le Global Forum en Afrique à travers le Maroc est à relier à son dessein de dynamiser le marché africain. Il faut rappeler que la filiale Créditinfo Maroc, qui gère le crédit bureau de la zone de l'Afrique de l'Ouest, est délégataire de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Nos services sont utilisés par près de 150 millions de clients en Afrique et près de 270 établissements bancaires. A cela s'ajoutent les associations de microcrédit. L'objectif du Global Forum de cette année abrité par le Maroc est de partager avec les différents pays africains les multiples expériences issues de divers horizons (Europe, USA). Pour cause, il est inopportun de perdre du temps. Des solutions déjà testées et efficaces existent dans d'autres pays. Cet évènement met en lumière des méthodes de gestion de risques classiques et alternatives et les fintechs à l'horizon 2020. L'objectif est de permettre aux établissements bancaires marocains et africains de s'inspirer de ce qui marche ailleurs. L'échéance de 2020 est proche et l'on sait que certaines banques sur le continent ne se sont pas encore inscrites dans les nouvelles tendances. Il est temps que ces établissements utilisent les nouvelles technologies, gage d'une meilleure inclusion financière qui est un sujet important en Afrique. L'intérêt des nouvelles technologies réside dans le fait qu'elles permettent aux citoyens d'avoir un meilleur accès au financement et aux crédits bancaires. Les nouvelles solutions classiques (données chiffrées) et alternatives (psychométrie, données mobile banking, réseaux sociaux, etc.) offrent une meilleure connaissance du client. En l'absence d'informations, la psychométrie testée dans plusieurs pays permet de détermine le profil risque du client. Cette solution modélisée a rencontré le succès escompté en termes de prévisions et de prévention du défaut de paiement du client.
F.N.H. : En Europe ou aux Etats-Unis, quelle est l'évolution de la relation existante entre les banques et la clientèle ?
S. A. : Il faut savoir que les banques américaines et européennes ont arrêté d'ouvrir des agences. Au contraire, elles s'inscrivent dans une dynamique de fermeture d'entités physiques. Le contact direct avec le client est en baisse au profit du contact digital. Par exemple, un client a la possibilité de payer à travers son téléphone et de demander un crédit à 4 heures du matin par le biais d'une application mobile. Aujourd'hui, ce sont les nouvelles technologies qui sont utilisées dans l'optique de réduire considérablement les délais de traitement, tout en maîtrisant le risque. Mais l'utilisation de nouvelles solutions génère aussi de nouveaux risques. En conséquence, le défi est d'arriver à gérer au mieux les risques précités tout en prenant le virage de la digitalisation.
F.N.H. : Quelle appréciation faites-vous de la gestion du risque des banques marocaines qui s'implantent de plus en plus en Afrique ?
S. A. : Il est clair que la gestion du risque est bien avancée au niveau du Maroc. Les banques ont mis en place des systèmes pour la gestion des risques. La supervision de la Banque centrale et son contrôle d'autant plus rigoureux, au regard de l'implantation de certaines banques marocaines en Afrique, ont favorablement contribué à la meilleure gestion des risques. Toutefois, le bon niveau de l'activité du risque management au Maroc ne doit pas empêcher de s'ouvrir à de nouvelles solutions afin d'améliorer la gestion du risque. Certes, la banque cherche toujours l'équilibre entre le risque et la commercialisation du produit, mais parfois la gestion du risque prend le pas sur la production. De ce fait, trouver des solutions à même d'augmenter la production, tout en réduisant le coût, est souhaitable.
F.N.H. : Quels sont les chantiers de Créditinfo Maroc ?
S. A. : La prise de participation du groupe Créditinfo dans le capital de Créditinfo Maroc a permis de dynamiser le marché par le lancement d'une panoplie de nouveaux services (scoring client, solutions de monitoring et d'alerting). Nous avons une road map de produits sur le court terme qui concerne la TPE, le recouvrement et le consommateur direct. ■