Beaucoup de projets sans échéanciers précis. L'environnement devient propice pour certains produits. Les opérateurs restent sur leur faim. Le gouvernement ne semble pas aussi pressé que les professionnels à entamer des réformes urgentes pour sauver le marché financier de l'asphyxie. Le manque de liquidité est de plus en plus chronique et dégrade même la signature de certains établissements bancaires (voir pages 20/21). Les professionnels s'accordent tous à dire que la sphère financière a besoin de décisions à effets immédiats. En parallèle, l'exécutif expose dans le projet de Loi de Finances que «pour redynamiser le marché financier, il est prévu le lancement d'un ensemble de projets de réformes... ». Or, le lancement de tels projets n'engage le gouvernement ni sur un objectif, ni sur un calendrier précis pour l'année 2013. Le gouvernement Benkirane aspire à un marché plus large, plus sûr et plus rapide d'accès. Cette vision est déclinée en 3 principaux axes : la diversification des produits à destination des investisseurs et des émetteurs pour générer plus d'activité sur le marché financier ; l'instauration d'un climat de confiance en améliorant la gouvernance et la transparence du secteur financier; et enfin faciliter l'investissement en modernisant le cadre législatif de la gestion collective et la place financière de Casablanca. Les nouveaux produits décrits dans Le projet de Loi de Finances portent sur les instruments à terme, dont le projet de loi a déjà été transmis au Parlement. Mais les parlementaires ne les ont toujours pas fait adopter. Ces types de produits, qui permettent aux épargnants de réduire le risque sur leurs portefeuilles, devraient garantir plus de liquidité sur les compartiments sous-jacents. Le prêt-emprunt de titres, dont le cadre législatif est prêt, permettra, par exemple, aux investisseurs d'anticiper les mouvements de hausses, comme de baisses, sur le marché des actions, condition sine qua non, selon Karim Hajji, pour plus d'efficience, car «cela permet de corriger les éventuels excès de valorisation, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui». Déjà évoquées sous l'ère Mezouar, les obligations sécurisées ressurgissent cette année. Ces produits n'ont pas pu percer par le passé. Mais, aujourd'hui, le cadre réglementaire a nettement évolué avec les différentes lois sur la titrisation des créances et les investisseurs sont devenus exigeants sur la qualité du papier émis. Les obligations sécurisées trouveront sans doute leur place dans le climat actuel. Ces obligations, qui sont émises par les sociétés financières, sont un moyen de financement très prisé en Europe. Elles sont sécurisées car elles bénéficient d'une double garantie. Un panier de sécurité constitué d'actifs de bonne qualité ou prêt public ainsi que la garantie habituelle de l'émetteur. En revanche, ces obligations ne permettent pas d'économies de fonds propres, comme dans les opérations de titrisations traditionnelles (voir tableau). Concernant la gestion collective de l'épargne, le projet de Loi de Finances prévoit, pour 2013, la mise en place du cadre juridique pour de nouveaux instruments financiers, dont les OPCVM axés sur les placements en actifs immobiliers pour redynamiser le marché immobilier, et les Sukuks qui permettront d'agrandir la gamme de produits offerts au public avec des actifs conformes à la Chariaâ, selon le gouvernement. Sur le volet de la transparence, la principale réforme est relative au statut de la nouvelle autorité marocaine des marchés financiers pour lui offrir plus d'indépendance et plus de moyens d'intervention. La loi sur les assurances et la nouvelle loi bancaire devront accompagner cette ambition de réglementer le secteur financier. Par ailleurs, 2013 sera caractérisée par l'entrée en vigueur de la circulaire modifiant le statut de Casa Finance City (www.financenews.press.ma) et la multiplication des opérations séduction auprès des investisseurs et émetteurs locaux et étrangers. Le marché se dit déçu Les opérateurs de marché auront souhaité pour cette rentrée fiscale un régime plus avantageux pour les plus-values de cession aussi bien pour les particuliers que pour les investisseurs institutionnels. Or, le gouvernement peut facilement leur faire miroiter l'échec du plan d'épargne actions à redynamiser le marché et la situation budgétaire de l'Etat qui le poussent à supprimer toutes les niches fiscales qu'il trouve à portée de main.