Le Trésor s'apprête à lancer des produits des plus novateurs, en l'occurrence les covered bonds. la dernière sortie de Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances, a eu son lot de surprises. Aussi confiant qu'innovant, le ministre a annoncé une batterie de réformes. Des mesures qui visent l'encouragement de l'épargne longue et de doter le système financier d'autres alternatives de financement à part le marché interbancaire, jugé cher, ou encore la dette privée. Ceci afin de pallier le manque des liquidités qui ont toujours été un frein pour un financement adéquat et suffisant de l'économie. Concrètement, il s'agira de lancer incessamment les plans d'épargne entreprise et également la création d'organismes de placement collectif en immobilier (OPCI). Ces derniers seront lancés par la direction du Trésor qui est d'ailleurs en train de préparer leur cadre juridique qui s'inspire des OPCVM. Ensuite, il s'agira de créer un fonds où il y aura des actifs immobiliers, un moyen efficace pour financer le secteur immobilier. A ne pas confondre avec la titrisation ! Mais la mesure la plus innovante reste le projet de loi portant sur les obligations sécurisées (covered bonds) qui est préparé en collaboration avec un bureau d'études de la Banque mondiale. Ces obligations sont des instruments de créances émis par les banques et couverts principalement par des crédits hypothécaires ou des créances du secteur public. Deux types d'obligations sécurisées verront ainsi le jour. Les obligations sécurisées couvertes par des prêts hypothécaires et les obligations sécurisées qui le sont par des prêts accordés aux collectivités locales. A première vue, on pourra les confondre avec les actifs titrisés de type asset-backed securities. Certes, ils ont plusieurs points communs, mais les crédits/créances restent inscrits dans le bilan de la société émettrice. Car dans le cadre d'une titrisation, les prêts sont cédés à un véhicule ad hoc. Ainsi, les actifs sont sortis du bilan, les risques de crédit et de remboursement anticipé sont transférés et une économie en fonds propres est réalisée. Ce véhicule ad hoc se refinancera ensuite lui-même via l'émission de titres adossés aux créances. De plus, lors de la crise des subprimes, les établissements financiers qui avaient reporté leurs émissions d'obligations sécurisées à cause de la forte volatilité et des mouvements erratiques des spreads de crédits au début de la crise ont ensuite émis plusieurs covered bonds. C'est ainsi qu'en France, BNP Paribas avait émis 2 milliards d'euros d'obligations sécurisées en 2008. La même année, le Groupe Banque Populaire a procédé à la première émission de titres dans le cadre de son programme de Covered Bonds (1 milliard d'euros sur 25 milliards prévus). De ce fait, cet instrument s'est avéré le meilleur moyen de se prémunir de la crise financière, puisqu'il offre aux investisseurs une sécurité supérieure, ils ont un taux fixe, a contrario, les subprimes sont des crédits à taux variables. De plus, la garantie la plus importante réside dans le fait que ces obligations recourent à un pool d'actifs qui couvre l'obligation si son émetteur devient insolvable. Au Maroc, les détenteurs de ces obligations jouiront d'un cadre légal spécifique et d'une supervision permanente de Bank Al-Maghrib. M.A.H