La Côte d'Ivoire et le CongoBrazzaville comme points de chute probables. Le chiffre d'affaires et le résultat net semestriels en hausse de 14 et 6,3% respectivement. Emission de 1,4 Md de dirhams d'ORA pour ramener l'endettement à 32% en 2014. Alliance examine sérieusement la possibilité d'internationaliser ses activités. C'est l'une des révélations faites par le président du Groupe, Alami Lazraq, lors de la présentation des résultats au titre du premier semestre. La cible est bien sûr l'Afrique subsaharienne, avec la Côte d'Ivoire et le CongoBrazzaville comme premières cibles. Il s'agira d'abord du BTP, avant de se lancer éventuellement dans la promotion immobilière. «Nous allons en Afrique comme opérateur de BTP avec la filiale EMT bâtiment. Si nous jugeons avoir les garanties réglementaires nécessaires et un foncier de qualité, nous pourrons ensuite investir dans la promotion immobilière et notamment le logement social. Nos collaborateurs ont déjà fait une première prospection sur place», précise Lazraq. Pour l'heure, rien de concret donc, mais le management semble déterminé à franchir le pas. «Les autorités locales nous reçoivent à chaque fois et nous prennent au sérieux», déclare le président du groupe. Il faut dire que l'Afrique subsaharienne, où tout ou presque reste à faire, est devenue l'objet des convoitises de tous les grands groupes marocains. En sautant le pas, ADI devrait rejoindre le club très fermé des champions marocains qui profitent de la crise pour investir en Afrique et compenser le marasme observé dans le Royaume et en Europe. Cette stratégie profite bien à Maroc Telecom, Attijariwafa bank ou encore Wafa Assurance. Alors pourquoi pas Alliance ? Il faut rappeler que le Groupe a entamé un nouveau plan stratégique effectif depuis 2009, avec pour objectif de se lancer véritablement dans le logement social et intermédiaire pour diversifier les sources de revenus et limiter l'exposition au segment du haut standing. Le marché était assez sceptique à l'époque à cause du manque d'expérience du groupe dans ce segment dominé par Addoha. Au final, les chiffres de ce premier semestre devraient rassurer quelque peu les bailleurs de fonds actionnaires ou créanciers. Sur le segment social et intermédiaire, la société a réalisé 5.300 unités durant ce semestre, dont 3.900 unités dans le social. Cette deuxième tranche de l'activité a permis de réaliser un chiffre d'affaires de 1,3 Md de dirhams, soit 60% du revenu total du groupe. Pour l'année en cours, la société table sur la commercialisation de 13.000 logements sociaux pour un chiffre d'affaires de 3,5 Mds de dirhams. A titre de comparaison, Addoha a réalisé 8.611 unités de logements sociaux durant le premier semestre 2012. Le chiffre d'affaires consolidé d'ADI s'établit à 1,9 Md de dirhams au terme du premier semestre, en hausse de 14% par rapport au premier semestre 2012 pour une moyenne du secteur coté de 12,4%. Le REX consolidé, quant à lui, progresse de 44,3% du fait d'une variation de stock positive de près d'un milliard de dirhams. «Nous avons déstocké quelques produits finis dans le cadre de nos partenariats», explique Alami Lazrak. Le RNPG n'augmente, pour sa part, que de 6,3% à 274 MDH contre une progression moyenne de 14,6% pour le secteur immobilier coté. Par ailleurs, le président d'ADI a également annoncé un objectif de ratio d'endettement de 32% à horizon 2014, contre un peu plus de 60% actuellement. Une réduction de 50% du poids de la dette dans le total passif qui proviendrait, selon Lazrak, d'une émission de 1,4 Md de dirhams d'obligations remboursables en actions (ORA). Cette émission obligataire devrait s'inscrire aux capitaux propres de l'entreprise (quasi fonds propres). Le passif sera ainsi augmenté, alors que la dette gardera le même niveau. Coup de gueule contre les institutionnels. Fidèle à lui-même, Alami Lazrak a encore une fois fait valoir son franc-parler. Cette fois, il s'est attaqué aux investisseurs institutionnels. «Ce n'est pas à nous de promouvoir le Maroc, c'est le rôle des institutionnels et ils ne jouent pas tous pleinement ce rôle. Il leur incombe de faire confiance à l'économie du pays et garder leurs investissements intacts malgré la crise. Ce n'est pas à nous, acteurs du privé, de les convaincre», martèle-t-il, tout en faisant allusion au cours de Bourse d'Alliance sur un ton quelque peu agressif. «Nos fondamentaux sont bons. Nous sommes le premier groupe immobilier entièrement intégré comme il n'y en a pas d'autres au Maroc; nous ne prenons pas de risques démesurés et nous sommes le premier constructeur d'hôtels, ce qui ne demande pas d'investissements de notre part vu que nous les réalisons pour des tiers», souligne-t-il. «Nous sommes également sur les plus belles opérations de Casablanca, mais la Bourse va mal», conclut-il. Comme pour beaucoup d'autres sociétés cotées, la chute du cours d'Alliance depuis son plus haut à 790 DH en mai 2010 à 560 DH le 18 octobre (-30%) affecte les fonds propres inscrits au bilan à leur valeur de marché et réduit automatiquement la capacité d'endettement du groupe, d'où peut-être le choix d'ORA pour le financement de l'activité. A noter également les intérêts minoritaires des partenaires du groupe, notamment dans le projet Lixus Taghazout, qui auront sans doute de bonnes retombées économiques, mais qui réduiront peut-être le bénéfice net part de groupe et par ricochet le rendement versé aux actionnaires traditionnels une fois le projet lancé. D'ailleurs, les parts des minoritaires au terme du premier semestre 2012 (114 MDH) représentent 30% du résultat net consolidé, alors qu'ils ne représentaient que 1,7% du résultat net de S1 2011 (4,6 MDH). Le projet Lexus se fera dans une New CO rassemblant tous les partenaires, selon Alami Lazrak, dont la CDG et la FMDT. L'avenant de la mise en valeur de la station Lixus a été signé avec le gouvernement le 25 septembre 2012.