Le programme, mis en œuvre comme prévu, est sur la bonne voie pour atteindre la majorité des résultats escomptés. Le rapport de la Banque mondiale relève toutefois que le Royaume est loin d'atteindre les Objectifs du millénaire dans certains points et note le dérapage de quelques indicateurs macroéconomiques. Les résultats globaux de la croissance au Maroc n'ont pas été proportionnels par rapport à l'effort d'investissement engagé. Une importante délégation de la Banque mondiales entame une visite au Maroc. Conduite par Inger Andersen, vice-présidente de la région MENA. Cette délégation présentera la stratégie de la Banque mondiale dans la région ainsi que les chantiers de collaboration avec le gouvernement marocain. Les deux parties devraient examiner le rapport à mi-parcours du Cadre de partenariat stratégique (CPS). Ce rapport indique les domaines de coopération ainsi que les progrès réalisés depuis le début du mandat du CPS en 2010 et qui devrait aboutir en 2013. Le rapport de l'institution de Bretton Woods comporte plusieurs volets, notamment le contexte national dans lequel le Maroc a évolué ces derniers temps, une évaluation de la mise en œuvre du CPS, les mesures pour la continuation de ce programme et enfin les risques liés à la politique de gouvernance, aux résultats macroéconomiques, au financement ou aux capacités institutionnelles. Pour rappel, le CPS se concentre sur trois piliers : la croissance, la compétitivité et l‘emploi, la prestation de services aux citoyens et le développement durable dans un climat en pleine évolution. Il a été conçu dans un esprit de flexibilité et est fermement ancré dans la stratégie régionale (MENA) et l'Initiative pour le Monde arabe. Il ressort de ce rapport qu'«avec la vague de changements qui déferle sur la région MENA, le contexte sociopolitique du Maroc a changé depuis la conception du CPS». «Le Maroc a connu son propre printemps arabe, qui s‘est manifesté comme une «évolution accélérée», plutôt qu'une «révolution» ponctuée d‘événements dramatiques comme ceux vécus dans les autres pays de la région. Avant même le printemps arabe, le Maroc s'était déjà engagé dans un programme de réformes de grande envergure, et avait d'autres avantages qui lui ont permis d'être en meilleure posture pour répondre aux cris de la rue», souligne-t-on dans le rapport. A cet égard, l'étude de la Banque mondiale relève l'impact de ces changements dans le pays. Le document note, en matière d'indicateurs sociaux, que «des progrès ont été réalisés dans la réduction du taux de pauvreté, mais que des actions plus efficaces sont nécessaires pour obtenir de meilleurs résultats en matière de développement humain, en particulier pour les femmes». Le Maroc reste toutefois loin d'atteindre les Objectifs du millénaire relatifs au plein emploi productif et au travail décent des femmes et des jeunes. Toutefois, la BM reconnaît que «malgré les bouleversements qui ont touché la région et le ralentissement économique mondial, les performances de l'économie marocaine ont été relativement bonnes au cours de la période du CPS et sont restées robustes en 2011. L'institution internationale relève, par ailleurs, le dérapage de certains indicateurs comme le déficit budgétaire qui atteint 6,8% au terme de l'année 2011, contre 3,5% prévu par la Loi de Finances. Le déficit commercial s'est détérioré, passant de 19,5% en 2010 à 23,1% en 2011, principalement en raison de l'augmentation à l'échelle mondiale des prix alimentaires et du carburant. En conclusion, le rapport de la Banque mondiale estime que «les résultats globaux de la croissance au Maroc n'ont pas été proportionnels par rapport à l'effort d'investissement engagé, ce qui suggère que l'absence prolongée de compétitivité de l'économie, l'amélioration insuffisante de la productivité et l'existence de monopoles, cartels et autres intérêts particuliers, sont des obstacles à une véritable croissance». Pour ce qui est des perspectives, la Banque mondiale reste plutôt confiante pour le Maroc. Le rapport de l'institution relève que «le Royaume a démontré sa bonne capacité à gérer les chocs extérieurs et sa gestion macroéconomique prudente ainsi que les reformes entreprises qui l'ont placé en meilleure posture que d'autres pays de la région». Le Maroc a reconnu que le système de subventions est la principale menace pour l'ensemble du cadre macro-économique, en particulier pour ce qui est de la hausse des cours mondiaux des aliments et du carburant. La position extérieure du Maroc devrait se maintenir dans le moyen terme. Le document de la BM estime que des progrès sont accomplis dans la réalisation des objectifs du CPS. «Globalement, le programme mis en œuvre comme prévu est sur la bonne voie pour atteindre la majorité des résultats escomptés», souligne-t-on dans le rapport. Par Charaf Jaidani Deux orientations fondamentales pour le prochain programme de la Banque La première orientation concerne l'appui aux reformes plus ambitieuses en visant une prestation efficace et une coordination plus poussée autour de résultats concrets. La deuxième a trait à l'introduction d'approches multisectorielles pour le renforcement de l'objectif des programmes et des instruments de la BIRD pour le prochain CPS. Concernant le premier point, il implique deux voies principales : l‘appui renouvelé aux domaines du programme engagés à ce jour et qui restent pertinents, avec une plus grande concentration sur plusieurs questions de gouvernance, la communication et la participation, et un engagement redoublé de la Banque dans le soutien des reformes prioritaires ambitieuses qui touchent à des questions transversales. Les domaines prioritaires pour un engagement accru concernent la compétitivité et la croissance économiques, ainsi que la création d'emplois, la gouvernance (domaine transversal du CPS), la protection sociale et la réforme du système de subventions et le renforcement de la participation, en particulier celle des jeunes et des femmes. La deuxième orientation a trait à l'engagement de la Banque pour le reste de la période du CPS. Il construira les bases d'un renforcement plus poussé du programme pour le prochain CPS, ce qui conduira à des synergies dans la mesure du possible et poursuivra encore plus d'approches multi-sectorielles. Cela permettra de renforcer l'alignement avec les priorités du gouvernement afin de résoudre la complexité des questions intersectorielles tout en établissant le cadre pour le futur renforcement du programme du CPS au Maroc.