[Parc informatique]L'encours des crédits bancaires a affiché une hausse de 8,5%, qui reste inférieure au rythme à deux chiffres enregistré durant la période 2009-2010. Les créances en souffrance ont accusé une progression supérieure à 10,6% pour un encours de 34,3 Mds de DH. L'expectative constatée chez bon nombre de chefs d'entreprise a impacté négativement la dynamique de distribution de crédits. Le tassement dans les encours bancaires constaté à fin mars 2012 n'est en fait que le reflet de la stagnation de l'économie réelle. La période 2009-2011 restera gravée dans les esprits comme une période tumultueuse et fortement contrastée selon les secteurs d'activité. Les statistiques publiées par la Banque centrale indiquent qu'à fin mars 2012 et comparativement à la même date de 2011, l'encours des crédits bancaires a atteint 684.302 MDH, en hausse de 8,5% par rapport à la même date de 2011 (6,5%). Cette hausse reste malheureusement inférieure aux rythmes à deux chiffres enregistrés durant les années précédant le déclenchement de la crise financière. Différents sondages ont été effectués au cours du démarrage de l'année 2012 par BAM, l'ODE, le HCP, le CMC... Ils ont tous pour point commun le constat d'une attitude d'expectative chez les chefs d'entreprise à cause de l'incertitude créée par le contexte. Cette attitude va fortement influer la dynamique de la distribution de crédits. En effet, l'étude des crédits bancaires, présentés selon leur objet économique, élaborée par l'Observatoire de conjoncture, fait ressortir que les financements n'ont que faiblement progressé en 2012. Le flux additionnel des crédits bancaires s'est élevé à plus de 53,3 Mds de DH ou 8,5% après 38,5 Mds de DH ou 6,5% enregistré un an plus tôt. Cette hausse est liée particulièrement à l'accélération des crédits de trésorerie, qui sont passés d'un additionnel de 12,5 Mds de DH ou 9,3% en 2011 à 23,5 Mds de DH ou 16% en 2012. De même, l'encours des crédits à la consommation a augmenté de 4,2 Mds de DH ou 12,8% contre 2 Mds de DH ou 6,8% au terme de l'année 2010. Aussi, les données publiées montrent que le flux additionnel des crédits immobiliers destinés à l'habitat a atteint 12,7 Mds de DH ou 10% contre 13,6 Mds de DH ou 12,1% en 2011, en lien avec la dynamique du secteur de l‘habitat, notamment social. A la fin de la même période, les créances en souffrance ont accusé une progression supérieure à 10,6% pour un encours de 34,3 Mds de DH. Contrastant avec ces secteurs qui ont bénéficié des concours bancaires dont la hausse est à deux chiffres, les autres rubriques ont accusé des rythmes de croissance assez faibles, se situant dans une fourchette de 2 à 4%. C'est le cas notamment des crédits destinés à l'équipement, dont l'encours a fortement décéléré (136,7 Mds de DH contre 133,6 Mds de DH, donnant un additionnel de 3,1 Mds de DH en 2012 et de 12 Mds de DH en 2011) et des crédits immobiliers destinés aux promoteurs immobiliers, dont le volume de financement ne cesse de baisser depuis 2009 (3,7% de croissance en 2012, contre 55,5% en 2009 !!). Créances en souffrance : une montée en flèche La ventilation des crédits par secteur économique met en évidence la prépondérance du secteur privé qui absorbe environ 82%, dont 49% échoient aux entreprises et le reliquat (33%) revenant aux autres composantes du secteur réel (ménages principalement). Les deux autres composantes, secteur public et sociétés financières, s'accaparent respectivement 13% et 5%. Tous ces indicateurs de crédits analysés laissent entrevoir que la distribution des crédits pour le restant de l'année en cours sera largement conditionnée par la dynamique des activités réelles. Au-delà de cette diversité constatée dans les rythmes d'évolution des concours bancaires, ces baisses de financement sont le reflet d'une conjoncture morose. Devant les difficultés de trésorerie ressenties par les entreprises, ces dernières n'avaient pas d'autre choix que de se tourner vers le système bancaire pour solliciter davantage de moyens de paiement. Ce sont ces mêmes raisons qui expliquent la stagnation des crédits à l'équipement ou la montée en flèche des créances en souffrance. A travers les indicateurs macro-économiques, la situation n'augure rien de bon. En terme nominal, la balance des échanges extérieurs continuerait d'accuser un déficit plus accentué en ressources, passant de 10,7% du PIB en 2010 à 14,1% en 2011 et à 16,3% en 2012. Globalement, le taux d'épargne nationale (l'épargne intérieure et les revenus nets en provenance du reste du monde) connaîtrait une légère baisse, passant de 28% du PIB en 2011 à 26,9% en 2012, alors que l'investissement brut (FBCF et variation des stocks) serait de 35,5% du PIB en 2012, au lieu de 36% en 2011. Le gap entre l'épargne et l'investissement, représentant le besoin de financement de l'économie nationale, devrait continuer à se creuser pour atteindre 8,6% du PIB en 2012 au lieu de 8% en 2011, en jumelage avec le maintien du déficit du budget de l'Etat au niveau de 5,2% du PIB en 2012, après avoir culminé à 6,2% en 2011. Ces déséquilibres ont pour corollaire un épuisement du stock des réserves en devises. Or, compte tenu du rôle des avoirs extérieurs nets (stocks de devises) dans les contreparties de la masse monétaire, les tensions sur la liquidité continueraient de marquer le secteur bancaire, exigeant la poursuite des interventions de BAM sur le marché monétaire.