Le nombre de logements vacants s'élève à près d'un million d'unités. Le gouvernement lance une série de mesures fiscales pour inciter les propriétaires à mettre leur logement en location.
Le locatif est un segment indispensable pour faire face au déficit en logements, mais il demeure impacté par plusieurs éléments, notamment des prix élevés et des offres incompatibles avec la demande. «Excepté les petites villes, les prix du loyer sont très élevés comparativement avec le pouvoir d'achat de la population, surtout pour les personnes à revenu contenu. Ce qui est paradoxal, car le marché se caractérise par un volume important de logements vacants non ouverts à la location. Une fois ces résidences proposées au marché, l'offre devrait nettement augmenter et les prix seront tirés vers le bas», explique Driss Effina, expert en immobilier. Selon le haut-commissariat au Plan (HCP), le Maroc compte près d'un million de résidences vacantes, soit 12% du parc total de logements. C'est beaucoup trop estime le ministère de l'Habitat : «le parc de logements vacants prend des proportions de plus en plus alarmantes au-delà des limites admissibles pour la mobilité résidentielle», souligne la tutelle. De nombreux propriétaires se montrent réticents à la mise en location de leur bien. En dépit d'une nouvelle loi régissant les rapports entre locataires et propriétaires donnant plus de garanties à ces derniers, la méfiance est toujours de mise. «C'est une situation qui dure depuis des années et le parc des résidences vacantes risque de s'agrandir davantage. Ce sont des investissements qui mobilisent beaucoup de fonds pour un usage qui n'est pas actif. Pour les propriétaires, ce sont en quelque sorte des placements alors qu'ils pourraient être aussi bien une source de revenu et de recettes fiscales. Le gouvernement en a pris conscience et cherche à y remédier en instaurant des instruments plus attractifs», ajoute Effina. En effet, le projet de Loi des Finances 2019 prévoit quelques dispositions qui peuvent intéresser les investisseurs et inciter les propriétaires à proposer leurs logements à la location. Ainsi, pour les revenus fonciers, le texte prévoit la suppression de l'abattement de 40% sur les loyers et l'institution d'un taux libératoire de l'IR de 15% applicable au montant brut du loyer. L'objectif est aussi d'inciter les contribuables à respecter leurs obligations déclaratives. «Cette mesure veut donner plus de visibilité aux propriétaires, surtout aux personnes physiques qui ont toujours sollicité une procédure simplifiée et des taux allégés. Elle peut inciter davantage les propriétaires à s'intéresser au locatif», explique Youssef Oubouali, professeur de droit fiscal. Pour les propriétaires personnes morales ou personnes physiques soumises à l'IR professionnel, l'impôt sera retenu à la source moyennant une attestation de payement. Dans cette même logique d'harmonisation et de simplification fiscale, le PLF 2019 a établi un seuil exonéré pour les loyers dont le montant brut annuel ne dépasse pas 30.000 DH lorsque le contribuable ne dispose que du revenu locatif. «Ce genre de contribuables a le même revenu annuel qu'une personne touchant le Smig, il est normal qu'elle soit exonérée. Toutefois, il faut préciser que sur le plan technique, cette mesure concerne une catégorie de la population disposant en général d'un logement social ou de maison de type marocain dont le montant du loyer mensuel est compris entre 1.500 et 2.500 DH. Selon le HCP, ce type de logement représente 60% des logements vacants», souligne Oubouali. Au niveau de la demande, ce segment d'habitat est très sollicité sur le marché. Il correspond aux locataires formés de jeunes couples, des fonctionnaires touchant un salaire au-dessous de l'échelle 9, des employés ou des personnes qui ne peuvent avoir accès à la propriété à cause de l'avance exigée pour le crédit. ■