SINGAPOUR, 12 novembre (Reuters) - Les cours du pétrole sont en nette hausse lundi après l'annonce par l'Arabie saoudite d'une réduction de sa production le mois prochain, une mesure qui vise sans doute à endiguer la rechute du prix du baril après la forte baisse subie ces dernières semaines. Le Brent se traitait à 71,54 dollars le baril vers 06h00 GMT, en hausse de 1,94%. Au même moment, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) s'échangeait à 61,00 dollars, soit 1,35% au-dessus de son cours de clôture de vendredi. Le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al Falih, a déclaré dimanche que son pays allait réduire son offre de 500.000 barils par jour (bpj) en décembre, en arguant d'une diminution saisonnière de la demande. Cette décision équivaut à une baisse d'environ 0,5% de l'offre pétrolière mondiale. Elle traduit aussi une inflexion de la politique de l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, après des hausses de production atteignant jusqu'à environ un million de bpj cette année sous la pression des Etats-Unis et d'autres pays consommateurs, qui souhaitaient un rééquilibrage du marché pour compenser la baisse de l'offre iranienne liée aux sanctions américaines. Mais après l'annonce par Washington d'exemptions à ces sanctions au profit de plusieurs pays clients de l'Iran, les investisseurs craignent désormais une offre excédentaire, ce qui a favorisé la rechute des cours du pétrole. Le prix du Brent est tombé vendredi sous le seuil de 70 dollars le baril pour la première fois depuis avril alors qu'il avait dépassé 86 dollars le 3 octobre. Quant au WTI, il a porté sa baisse depuis son pic du mois dernier à plus de 20%, ce qui définit un "marché baissier" ("bear market"), un signal technique préoccupant. EXEMPTIONS SUR L'IRAN, PRODUCTION RECORD AUX USA "Nous avons augmenté la production en réaction à la demande", a dit Khalid al Falih dimanche à Abou Dhabi, où il participait à une réunion du comité de surveillance du marché pétrolier réunissant pays membres de l'Opep ou extérieurs au cartel. "Je vais vous donner une information qui est que les prévisions de décembre sont inférieures de 500.000 barils à celles de novembre. Nous assistons à une modération qui est liée en partie à la fin de l'année, en partie à des opérations de maintenance, (...) donc nous livrerons moins en décembre que nous ne le faisons en novembre." Reuters avait auparavant appris dimanche de deux sources que l'Arabie saoudite discutait d'une proposition susceptible de se traduire par une diminution d'un million de bpj de l'offre de l'Opep et de ses alliés. Les sources ont précisé qu'un tel accord dépendrait entre autres du niveau des exportations iraniennes après l'entrée en vigueur des sanctions américaines et des exemptions accordées à plusieurs pays, dont la Chine et l'Inde. "L'Arabie saoudite passe à l'action face à la baisse du marché en annonçant volontairement qu'elle va réduire ses exportations", estimait lundi Stephen Innes, directeur du trading Asie-Pacifique chez Oanda à Singapour. Pour lui, l'Opep doit aussi s'adapter à l'augmentation continue de la production pétrolière des Etats-Unis, qui a inscrit un record à 11,6 millions de bpj et pourrait dépasser les 12 millions l'an prochain. (Henning Gloystein, avec Rania el Gamal et Dmitry Zhdannikov; Marc Angrand pour le service français, édité par Patrick Vignal) Reuters