Une volumétrie en baisse. Contre-performance de 6,65% à fin avril. Un marché cher et peu attractif. A fin avril 2012, la contre-performance du marché s'élève à 6,65%. Une baisse qui s'ajoute à celle réalisée à la fin de l'année précédente. Comme corollaire à cette situation, les portefeuilles des investisseurs s'amenuisent de plus en plus. Un vrai paradoxe s'installe alors : faire confiance au marché ou se retirer dans l'attente de jours meilleurs. Après un début d'année sous des signes positifs, le Masi a essayé d'éponger ses pertes réalisées en 2011. Mais la tendance s'est vite renversée pour entamer une chute dont on ne connaît pas la fin. En effet, malgré les inquiétudes des investisseurs, l'indice de la place casablancaise est arrivé à atteindre en février dernier un pic de 4,47 % correspondant à 11.521 points. Une période pendant laquelle la volumétrie a repris son souffle en enregistrant un volume moyen quotidien sur le marché central de 103 MDH. Vient ensuite, à partir de mars, le déclin d'une place fragilisée. Cette situation s'est accélérée par la publication des premiers résultats annuels des sociétés cotées, qui sont pour le moins décevants. Ainsi, le Masi clôture le 1er trimestre 2012 sur une note négative de -0,72% et s'établit par conséquent à fin avril à -6,65%. Cette baisse est tirée principalement par le recul des cours de certaines grandes capitalisations. Dans la foulée, le manque de confiance des investisseurs s'est traduit sur les flux d'échanges qui ont sensiblement baissé. A la fin du 1er trimestre, le volume moyen quotidien transigé sur le marché central s'établit à 96 MDH. Selon le trimestriel de BMCE Capital, le flux transactionnel du marché central est polarisé à hauteur de 38,7% par les échanges portant sur les titres IAM, Addoha et Alliances. Par ailleurs, la revue à la baisse du taux de croissance du Royaume, la mauvaise campagne agricole ainsi que l'aggravation du déficit public ont impacté à la baisse la place de Casablanca. Concrètement, un mouvement de ventes s'est accentué sur les valeurs phares de la cote, conjugué à un mouvement de rachat massif des parts détenues dans les OPCVM actions. Or, ces derniers ont accéléré la cadence de la baisse en liquidant les actions détenues pour pouvoir subvenir au financement de leurs clients. Toujours dans le même registre, la tendance baissière est plus contenue pour les valeurs estimées chères et surévaluées en fonction de leur P/E. Et de facto, le P/E de la Bourse ressort lui aussi élevé comparativement à d'autres Bourses internationales. Il s'élève ainsi à 17x, alors qu'au Nigéria le ratio s'élève à 7,7x, ou 9,6x en Turquie. Selon un analyste financier du marché, «le niveau de P/E qu'affiche le marché à fin avril 2012 et qui s'élève à 17x reste élevé comparé à d'autres places boursières de la région. Ceci explique en partie par le manque d'engouement des investisseurs étrangers pour la place casablancaise, jugée chère et moins attrayante dans un contexte géopolitique régional peu favorable. Le niveau élevé du P/E du marché est dû au fait que les valeurs les plus attrayantes sont traitées à des P/E démesurés, ce qui tire le P/E de la place continuellement à la hausse», souligne-t-il. «Dans cette optique, la poursuite de la tendance baissière est inévitable; elle serait de bon augure car elle devrait ramener le P/E du marché à des niveaux plus rationnels et donc plus attractifs», laisse-t-il entendre. Par ailleurs, les analystes financiers du marché sont unanimes quant aux perspectives d'évolution du marché pour la fin 2012. Pour eux, la tendance baissière devrait s'étaler jusqu'au 2ème semestre 2013. Alors, la reprise du marché n'est pas pour bientôt ! Plusieurs raisons sont avancées dans ce sens : une Loi de Finances 2012 pas encore promulguée, un marché relativement cher qui devrait baisser et corriger ses points pour revenir à des niveaux rationnels, des sociétés cotées impactées par la crise économique mondiale, un taux de croissance faible pour un pays en voie de développement, des réformes relatives au marché qui tardent à se concrétiser… En tout cas, l'année 2012 pourrait être semblable à 2011 en terme de variation de l'indice, sinon pire. Aux yeux de certains professionnels, l'offre de papiers frais sur le marché boursier pourrait ,quant à elle, instaurer un climat de confiance en favorisant les échanges et en accroissant la capitalisation boursière. Deux paramètres jugés importants pour des fins de comparaisons entres les Bourses. Mais, les émetteurs n'arrivent pas à franchir le pas. Beaucoup d'entre eux, malgré un grand besoin de s'introduire en Bourse pour lever les fonds nécessaires au financement de leurs investissements, craignent une mauvaise réaction du marché et par conséquent une baisse de leur valeur. De l'avis d'un analyste d'une banque d'affaires de la place, «nous avons plusieurs projets d'introduction en Bourse en instance, nous n'attendons que le feu vert de nos clients. D'autres clients s'orientent vers d'autres marchés de financement comme le marché des taux via les émissions des obligations et les titres de créances négociables». Par M. Bensaoud (Stagiaire) Des réformes qui tardent à voir le jour Plusieurs reformes ont été engagées pour assainir la situation de la Bourse de Casablanca et du marché financier en général. Mais elles s'avèrent insuffisantes. Raison pour laquelle les professionnels insistent pour l'accélération de certaines réformes préconisées mais qui tardent à se concrétiser. Et l'une des plus attendues reste sans aucun doute la mise en place en place du marché à terme.