Le social pésente des perspectives plus qu'alléchantes pour les groupes opérant dans ce segment. Integra Bourse a diffusé dernièrement une note sectorielle recommandant à l'achat les valeurs d'Addoha et d'Alliances. L'économie de la production urbaine est dominée au Maroc par trois grands groupes : Alliances, Addoha et la CGI. A eux trois, ils font la pluie et le beau temps dans le secteur de l'Immobilier, allant jusqu'à prendre à leur compte la problématique de la décennie passée, le logement social. C'est effectivement de ce segment que ces groupes tirent une partie non négligeable de leurs profits, et c'est sur ce champ précis que la bataille entre les trois devrait avoir lieu dans la décennie actuelle. Sur un plan financier stricto sensu, le social présente des perspectives plus qu'alléchantes pour les trois groupes, à telle enseigne que les sociétés de Bourse, qui s'y intéressent depuis un bon bout de temps, recommandent ces valeurs à l'achat. Le social rend aujourd'hui ces valeurs sûres. À cet effet, les analystes d'Integra Bourse ont diffusé dernièrement une note sectorielle recommandant à l'achat les deux valeurs, comparées par leurs soins, Addoha et Alliances. Leur argumentaire se base à la fois sur les fondamentaux des deux groupes, consolidés au fil des années d'activité, mais aussi sur leur positionnement stratégique passé et à venir, empreint de réalisme et d'opportunisme, à leur honneur d'ailleurs (flexibilité de la stratégie en fonction des perspectives du marché et de la dynamique de la production sociale). Ainsi, ce qui, pour Integra, devait avoir l'allure d'une comparaison finit par prendre la forme d'une structure de marché homogène. En effet, comme l'indique si bien la note d'Intégra, Addoha «s'était initialement lancé dans la production de logements sociaux à Casablanca », avant d'étendre ses activités à d'autres zones géographiques et à des segments nouveaux «à l'origine du lancement des projets haut standing». Du côté d'Alliances, c'est plutôt la logique inverse qui a été adoptée, mais qui finalement aboutit au même résultat : la présence sur tous les segments du secteur. «La société Alliances s'est très tôt spécialisée dans les projets hôteliers», rappelle le rapport, réalisant par la suite les opportunités nouvelles offertes par le logement économique et intermédiaire (consacré priorité nationale par les dernières Lois de Finances) pour s'attaquer elle aussi à la question du déficit structurel dans ce segment. Alliances ira même jusqu'à «actualiser sa structure organisationnelle en 2011 autour du pôle métiers» qui en comprend un dédié à «l'habitat social et intermédiaire». Absente du rapport, la CGI, spécialiste de l'immobilier de luxe, aurait pu être intégrée à cette note comparative, du fait de ses nouvelles ambitions affichées tout récemment pour le logement social. À la présentation des résultats financiers au titre de l'exercice 2011, ses ambitions à ce sujet ont été largement chiffrées. En effet, les concurrents directs de CGI savent désormais que la filiale de la CDG réclame et entend avoir sa part du gâteau. De ce fait, quelle qu'en soit la raison principale, le logement social donne des ailes aux promoteurs immobiliers, et rend légitime, sur le papier, la confiance d'Integra. Cette dernière rappelle également, puisqu'il ne saurait y avoir de production urbaine sans assise foncière, que les réserves foncières d'Addoha sont «très importantes)», «dépassant (à fin 2010) les 5.700 hectares lui permettant de poursuivre son activité pendant 20 ans». Un atout d'autant plus appréciable que «cette réserve, acquise à des prix relativement intéressants, assure à la société des marges confortables aussi bien sur les logements haut standing que sur les logements sociaux», indique le rapport. Sans oublier «l'acquisition en 2011 de 130 hectares et la signature de plusieurs compromis de vente destinés à réaliser environ 30.000 unités», poursuit le même rapport. Alliances, pour sa part, dispose d'une réserve foncière estimée à «4.566,7 hectares à fin 2011», dont «40% pour le (seul) pôle intermédiaire et social». Une assise financière non négligeable, comparativement à Addoha, même si la couverture géographique est nettement plus centrée sur «l'axe Casablanca–Rabat» notamment. Si on ajoute à tous ces éléments l'évolution (positive) des résultats financiers réalisés par ces entreprises, cela fait «ressortir une recommandation à l'achat pour les deux titres» (Addoha et Alliances). Il y a toutefois quelques facteurs qui obligent à la nuance, du moins à la prudence. Fin 2010, et pour les mêmes raisons avancées aujourd'hui, les valeurs Addoha et Alliances étaient recommandées à l'achat. On sait aujourd'hui, et à fin décembre 2011 déjà, qu'outre la contre-performance réalisée par le secteur en Bourse (-32,70%) en 2011, Addoha allait terminer l'année sur un repli équivalent à celui de l'indice du secteur, et que Alliances devait constater un recul de sa performance boursière de 10,17% sur l'année. CGI, de son côté, clôturait l'année sur une perte de plus 43% de sa valeur en Bourse. Certains diront que le marché de l'immobilier, dans toutes ses composantes, est «spécial» au Maroc, ou que l'année 2011 l'était tout autant. N'empêche que les investisseurs ont besoin de certitudes, notamment dans un marché boursier marocain où la prise de risque est défendue. Cela repose aussi, au-delà de la particularité du secteur de l'immobilier, sur la question de la déconnexion entre valeur réelle et valeur fondamentale des sociétés cotées d'une part, et d'autre part, sur celle plus primordiale de l'efficience du marché boursier dans son ensemble.