La priorité est donnée à la professionnalisation et au renforcement des métiers et industries liés à la culture et aux arts. Cela passe par un accompagnement réglementaire et législatif. Sur l'international, Mohamed Amine Sbihi, ministre de la Culture, est pour une réelle présence organisée et non pas décidée à la dernière minute. • Finances News Hebdo : On voit de plus en plus d'opérateurs économique soutenir des manifestations culturelles. A votre avis, quel serait l'apport de l'économique dans le monde des arts ? • Mohamed Amine Sbihi : Aujourd'hui, si l'on veut faire avancer l'action culturelle dans notre pays, il faudra avancer de manière sérieuse vers le renfoncement des industries créatives culturelles, aussi bien au niveau théâtral, qu'à ceux des arts plastiques et de la musique … Ça passe par une professionnalisation des métiers de la culture, par l'organisation des nouveaux métiers liés à la culture, par la prise en charge de tout ce qui est accompagnement réglementaire et législatif. Le développement et la professionnalisation des métiers de l'art passent également par le développement et l'élargissement du public intéressé par l'art et la culture. Et cela ne saurait se faire sans une culture éducative qui sensibilise l'enfant à la lecture et qui l'initie à l'art. Il s'agira également de renforcer les maisons de la culture et la création de vrais centres culturels qui impactent au niveau local avec une vraie animation culturelle. • F. N. H. : Justement, cela figure-t-il dans vos priorités ? • M. A. S. : C'est un grand chantier et l'idée de créer une vraie économie culturelle est de montrer que les métiers de l'art et les métiers de la culture sont aujourd'hui des métiers comme les autres qui créent une plus-value économique. Vous savez, en Espagne, les industries culturelles créatives représentent à peu près 6 % du PIB, soit bien plus que l'industrie de l'automobile. Nous avons aujourd'hui la possibilité d'avancer graduellement vers la création d'une richesse nationale à travers la culture. C'est l'un de nos objectifs et nous y travaillons avec ambition mais aussi avec réalisme connaissant les difficultés que nous pouvons rencontrer dans ce genre d'actions. • F. N. H. : Nous avons des artistes de renommée dont certains connus mondialement, mais le rayonnement international de la culture marocaine reste limité par rapport à des pays comme l'Egypte, la Tunisie … • M. A. S. : Parmi nos priorités figure la diplomatie culturelle qui permet deux choses : d'abord de faire connaître à l'opinion internationale un pays fort de son histoire et de sa civilisation, mais également un pays en mouvement où il y a une effervescence culturelle particulièrement ces dix à quinze dernières années, liée à l'élargissement des libertés publiques et l'instauration de la démocratie. Il y a une vraie création culturelle aujourd'hui avec de jeunes talents aussi bien au niveau du roman, de la musique que des arts plastiques… Il faut que l'on s'organise pour montrer ce visage de ce Maroc en mouvement au niveau culturel. C'est important. Nous allons nous organiser par une présence réelle tout au long de l'année dans les grandes manifestations culturelles, et non pas une présence de dernière minute faite à la va-vite, cela n'a aucun impact parce que c'est mal organisé. Il s'agit donc de professionnaliser cette présence de la culture marocaine. Cela fait partie de nos priorités et du plan d'actions budgétisé que nous sommes en train de peaufiner et qui sera rendu public dans quelques semaines. Ce plan met en valeur cette diplomatie culturelle. Propos recueillis Imane Bouhrara