Le social est devenu une cible très prisée par les promoteurs immobiliers au vu de tous les efforts que fournit l'Etat sur ce segment. L'une des demandes des promoteurs est que le dispositif de contrôle mis en place veille, de plus en plus, au respect du cahier des charges défini par le département de l'Habitat. Explications de Driss Berrada, Directeur général de Yasmine Immobilier. * Finances News Hebdo : La relance de l'immobilier sur le logement du social a enclenché un réel engouement pour ce segment. Qu'en est-il pour le Groupe Yasmine Immobilier ? * Driss Berrada : Effectivement, les mesures prises par le gouvernement pour la période 2010-2020 (exonérations de taxes et d'impôts), nous ont motivés à être présents sur ce segment, comme d'ailleurs la majorité des acteurs immobiliers. Avec en plus une vraie visibilité jusqu'en 2020, pour un objectif de 1.500.000 logements sociaux. D'autre part, dans le cadre de notre stratégie de développement, le logement social sous le label «Kenzi» représente 30% des activités du Groupe Yasmine Immobilier. Car nous capitalisons sur une première expérience réussie, en partenariat avec El Omrane, lors d'un projet réalisé en 2005 avec un recasement de bidonvilles. * F. N. H : Concrètement, comment s'articulent vos projets de logement social ? * D. B. : Tout d'abord, nous disposons d'une réserve foncière de 6.000 logements sociaux répartie sur 4 villes : Settat, Deroua, Berkane et Oujda. Notre programme s'étalera sur une période de 5 ans. À Settat, le 1er projet de logement social a été lancé en juin 2011, sur une superficie de 12.000 m2 de terrain, 550 appartements et 40 magasins. Le projet est commercialisé à 50% et la livraison de la 1ère tranche est prévue au 1er semestre 2012. Une extension de 700 autres appartements est prévue dans un 2ème temps. Le 2ème projet à Oujda avec 500 logements sera livré fin 2012. Des extensions de 3.500 logements seront planifiées en 2013. D'autres projets sont en cours de lancement en 2012 : Berkane avec 300 logements (en attente du plan d'aménagement) et Deroua avec 500 logements (en attente de dérogation). * F. N. H : Justement, quels sont les défis rencontrés dans ce segment, vu que le Groupe Yasmine Immobilier est présent dans le résidentiel haut standing depuis 20 ans? * D. B. : Notre vision est de transposer la philosophie du Groupe dans le social, c'est-à-dire que nous proposons le haut standing du social au prix du social. Vous savez, le logement social est un engagement du promoteur vis-à-vis de l'Etat et du citoyen à faible revenu pour combattre l'habitat insalubre. A quoi ressemble un logement social tel que défini par le cahier des charges? Une salle d'eau sans baignoire, pas de jeux de volumétrie, des portes isoplanes avec une porte pleine d'accès, deux prises d'électricité, un foyer lumineux et enfin une cuisine avec buanderie pour éviter une terrasse accessible. Pour le Groupe Yasmine Immobilier, le challenge avec notre signature «Orfèvre de l'Immobilier» a été de conjuguer l'équation entre qualité, surface et prix. Pour nous, il est primordial de réaliser un produit esthétique adapté à notre culture de la qualité, avec une grande attention aux choix des matières et des couleurs, et rester fidèle aux valeurs qui nous définissent. Et, dans notre approche, nous veillons également au respect de la dignité des futurs acquéreurs. C'est pourquoi nos projets sont portés par nos mêmes prestataires et partenaires que pour ceux du haut standing, avec le même respect des procédés de construction et celui du niveau de qualité que nous exigeons de chaque corps de métier. * F. N. H : Avec un prix d'acquisition, certes réduit, le logement social est globalement situé dans les zones périphériques. Pourquoi ce choix ? * D. B. : Dans notre programme social, nos projets se trouvent exclusivement dans la ville. Mais globalement, pour des villes comme Casablanca, il est normal d'aller vers des zones périphériques, tout simplement pour une question de prix du terrain. N'oublions pas également que la valeur maximale d'un logement social est de 250.000 DH. Où trouver à Casablanca, par exemple, des terrains abordables avec des prix de terrain en dessous de 1.000 DH le m2 ? Sans parler de la rareté du foncier ou des spéculations foncières ? * F. N. H : Face à un grand déficit en logements sociaux, une demande nationale très importante et une rentabilité assurée, quels sont vos perspectives ? * D. B. : Aujourd'hui, nos projets de logement social couvrent 2 régions importantes : la Chaouia et l'Oriental. Nous étudierons ensuite les opportunités qui se présenteront dans les autres régions comme Rabat, Souss-Massaa-Draâ et Marrakech. Certes, la demande est là. Et les projets jouissent d'un faible risque commercial, avec une trésorerie maîtrisée. Cependant, il faut avoir une autorisation de construction et réussir le circuit de validation en obtenant le visa des agences urbaines, avant la mise en chantier, qui peut durer 3 mois, voire plus de 6 mois. Et nous espérons vivement que le dispositif de contrôle, mis en place, veillera de plus en plus aux respects du cahier des charges défini par le département de l'Habitat. Quant à la rentabilité du produit, notre marge est beaucoup plus réduite que sur nos programmes de résidence haut standing, avec pour nouveau défi celui de maintenir le niveau de qualité de nos réalisations. Car nous sommes des promoteurs artisans et nous cultivons ce plaisir du travail réalisé dans les règles de l'art. Propos recueillis par Wafaa Mellouk