■ Favoriser la culture boursière, élargir l'offre des valeurs cotées et augmenter le flottant réel des sociétés en Bourse, constituent l'essentiel des espérances des acteurs du marché. ■ La place est unanime sur la nécessité d'une grosse opération pour rajeunir la Bourse marocaine. Nouvelle année. Nouvelles résolutions. Nouveau départ. Ce sont les mots d'ordre de chaque début d'année. Celle passée, le marché boursier plongeait dans une morosité sans précédent, qui a démarré depuis 2008. Essayant tant bien que mal de sortir de cette accalmie, des fois cassant les résistances techniques, et d'autres baignant dans son marasme malgré les moult événements qui devraient, en principe, l'influencer. Il faut dire que, ces derniers temps, le fonctionnement du marché ne répond plus à aucune logique. Le temps des théories de l'efficience des marchés est peut-être révolu ! Le contexte national et international n'aidant pas, les investisseurs particuliers ou institutionnels demeurent frileux quant à la moindre opportunité de placement dans les valeurs cotées. Même les sociétés nouvellement introduites en Bourse pouvaient connaître de jours meilleurs, alors qu'à la sonnette de la cloche de cotation, le titre connaît une contre-performance, allant jusqu'à -6% dans certains cas. Il faut dire que même le paysage politique instable durant l'année n'a pas beaucoup aidé à assurer la stabilité dont le marché boursier avait besoin. Les indices de la place ont clôturé l'année dans le rouge, comme prévu par la majorité des professionnels de la place. En effet, le Masi s'est déprécié de 12,86% à 11.027 points et le Madex s'est délesté de 12,81% pour atteindre 9.011 points. Sur un autre volet, la liquidité, facteur déterminant de la santé financière d'une place, n'a pas été au rendez-vous durant l'année passée. La Bourse de Casablanca a drainé en 2011 un flux transactionnel sur le marché actions de 94 Mds de DH, dont 35,7% réalisés sur le marché central et 17% sur le marché de blocs. Khalid Ayouch, Administrateur Directeur Général de Six Telekurs MENA, nuance les réalisations antinomiques du marché boursier : «La performance du Masi sur 2 ans est positive de 7%. Sur 3 ans, elle est de 13% et il culmine surtout à 220% si l'on se rapporte à la situation il y a dix ans». Pour lui, la situation est alarmante mais loin d'être désespérante. Un autre constat était marquant durant l'année passée. Il s'agit du manque d'opérations d'allers-retours qui, habituellement, boostent les volumes en fin d'année. Sur ce point aussi, à part certaines opérations qualifiées de timides sur quelques valeurs à l'instar d'Addoha, Lafarge, Alliances ou Auto Hall, aucune grande opération de ce type n'a été pointée du doigt. La Bourse a même annoncé vouloir chercher des niches de croissance dans les marchés africains, là où il y a un grand potentiel de développement. Perte d'espoir sur le marché national ou volonté d'acquérir au sein de la cote des entreprises étrangères ? Dans ce cadre, Youssef Benkirane, président de l'APSB a expliqué : «Les entreprises africaines constituent une cible importante qu'il faut prospecter et qui, idéalement, pourraient venir lever les capitaux au Maroc». En somme, la situation stagne, pour ne pas dire empire. Ceci dit, la situation politique du pays s'étant clarifiée, le gouvernement étant constitué, les craintes initialement émises n'ont plus lieu d'être. Il ne reste qu'à attendre les actions du nouveau gouvernement concernant ce domaine. Très patient, Benkirane argue : «Pour le moment, il est un peu prématuré de se prononcer sur les actions ou réformes qu'il pourrait entreprendre en faveur des marchés financiers». Vu l'urgence et l'importance des dossiers chauds à traiter par le gouvernement, Ayouch ne pense pas que «la Bourse soit la priorité des priorités du gouvernement actuel, compte tenu notamment de la multitude des dossiers prioritaires auxquels il doit s'attaquer. L'espoir fait vivre Maintenant que le constat est clair, que l'attentisme est le mot clé prononcé par l'ensemble des professionnels de la place, il ne faut pas se plaire dans le «wait and see». L'obligation incombe à l'ensemble des acteurs du marché financier de faire renaître ce dernier de ses cendres, à coups de réformes notamment. Absence de culture financière. Base limitée des investisseurs épargnants. Quasi absence d'IPO… Tout y passe. Benkirane exprime vivement le souhait de voir se concrétiser rapidement des réformes du marché financier, «notamment tout ce qui a trait au toilettage des textes actuels et à la mise en place de nouveaux textes de loi», précise-t-il. Le besoin est on ne peut plus clair. L'appel à la mise en place de nouveaux produits de placement, à l'institution du marché à terme, à l'introduction de compartiments ou de fraîches réglementations se fait de plus en plus entendre.Les professionnels du marché sont unanimes sur une chose : le retour des IPO, non seulement les petites et moyennes comme celles qu'a connues la Bourse dernièrement, mais les IPO de taille «dont le montant dépasserait le 1 Md de DH», a clarifié Benkirane. Pour sa part, Ayouch assure que «la confiance et le retour des IPO sont les éléments clés pour redynamiser le marché boursier. Ce dernier doit évoluer en profondeur, donner plus d'opportunités aux investisseurs et apporter plus de liquidité». ■ Dossier réalisé Par I. Benchanna