■ Le HCP fait de la fiabilité de l'information statistique une priorité. ■ L'OCDE prévoit une récession européenne, mais pas mondiale. L'Institut national de statistique et d'économie appliquée (INSEA) a célébré le cinquantième anniversaire de sa création. A cette occasion, le Haut commissariat au plan (HCP) a organisé récemment au siège de l'INSEA un séminaire international sous le thème : «Replacer le rôle de la statistique dans un contexte national et international en mutation». Ce séminaire, auquel ont participé des experts et des universitaires nationaux et internationaux ainsi que des représentants de l'administration, de l'entreprise et de la société civile, a été l'occasion d'échanger sur les résultats de travaux de recherche ou de réflexion sur l'évolution que connaissent les concepts, les méthodes et les techniques de la statistique et sur les attentes des utilisateurs. A ce titre, le HCP a fait appel à une réelle prise en compte de la statistique dans les stratégies et politiques et à une mise à niveau des méthodes et de la collecte des données afin de créer un climat de confiance. L'information statistique, si elle est scientifique, rigoureuse et pertinente, est un facteur de démocratisation. Les statistiques ont ainsi un rôle de soutien à la prise de décision des décideurs et gouvernements, ainsi qu'un rôle d'information pour les citoyens et la coopération internationale, diront tous les intervenants. C'est l'indicateur qui sert et aide les sociétés à prévoir et prendre, en toute connaissance de cause, nombre de décisions et d'engagements futurs. Pour Mohamed Horani, ancien lauréat de l'INSEA et président de la CGEM, «avec le HCP qui élabore des stratégies dans différents secteurs et l'observatoire de la CGEM, nous disposons d'éléments clés qui nous permettent de nous projeter, d'anticiper et d'être plus compétitifs, parce que les statistiques permettent la réactivité». C'est dans ce contexte que les intervenants venus d'Europe, des Etats-Unis et du Canada ont abordé les dimensions économiques et sociétales de la production statistique, mais aussi son rôle dans le processus de la décision politique. Avant de présenter les indicateurs avancés de conjoncture et leur performance durant la crise actuelle, Jacques Anas, du Centre français d'observation économique et de Recherche pour l'expansion de l'économie et le Développement des entreprises, a expliqué que «les statistiques sont un élément d'information fondamental pour les décisions individuelles et collectives, au niveau national aussi bien qu'à l'échelon international». Ainsi, il apparaît plus souhaitable de compléter des documents d'orientation et les décisions des pouvoirs publics par des informations statistiques (décrivant par exemple les tendances passées et actuelles de l'économie, de la société, etc.) et de fixer des objectifs quantitatifs d'action gouvernementale. Cette évolution oblige les statisticiens à relever de nouveaux défis et à élaborer de nouveaux concepts et de nouveaux ensembles de données statistiques pour répondre aux besoins des autorités. En outre, les médias et la société civile réclament aussi davantage d'informations pour pouvoir analyser les tendances qui se dessinent et évaluer les effets de diverses mesures. «Nous vivons dans un monde plus complexe et plus difficile a priori, d'où le rôle accru du décryptage de l'information et son utilisation pour élaborer des indicateurs avancés qui permettent d'anticiper et prévoir les points de retournement de la conjoncture», précise Jacques Anas. Les indicateurs probabilistes monétaires et financiers, présentés par ce dernier, prévoient une forte volatilité de la croissance américaine sans le risque d'un ralentissement économique. Par contre, ces mêmes indicateurs avancés donnent un signal de récession en Europe. Cette récession européenne, combinée à l'évolution positive de l'attribution des pays émergents dans la croissance mondiale, auront de lourdes conséquences sur les prix au niveau international. Pour l'Anglais Tim Clode, de l'OCDE, «dans le contexte actuel de la «société de l'information», d'abondantes informations sont directement disponibles (dans la presse, sur l'Internet, etc.); de nouveaux fournisseurs de données jouent désormais un rôle sur le «marché de l'information» et s'efforcent jour après jour de concurrencer les sources officielles pour capter l'attention des médias, des entreprises, des ménages et des individus». Dans certains cas, cette concurrence implique de sérieux efforts pour produire des données qui ne sont pas disponibles ailleurs, mais dans d'autres, des études réalisées par des instituts privés sur la base d'un petit nombre d'estimations individuelles et économétriques sont présentées et commentées comme s'il s'agissait de faits incontestables. Tim Clode poursuit en rappelant l'importance du rôle de l'OCDE «dans l'aide aux décideurs pour améliorer les conditions de vie des citoyens» et rappeler aux gouvernements que «les statistiques ne sont pas une fin en soi, mais un moyen pour prendre des mesures afin d'améliorer le niveau de vie de la population et œuvrer pour un monde avec un visage plus humain». ■