* Si la flambée des prix du baril de pétrole se poursuit, la Caisse de compensation accusera des arriérés de 3 milliards de DH dici la fin de lannée. * La Fédération de lénergie préconise de prévoir des ressources budgétaires complémentaires pour permettre à la Caisse de tenir ses engagements. * Selon une étude, la moitié des réserves pétrolières prouvées et exploitables a été épuisée et les compagnies nextrairont plus que 39 millions de barils par jour en 2030, contre 80 millions aujourdhui. * Pour le Maroc, la question des énergies alternatives, notamment le nucléaire, se pose avec acuité. Un conflit éclate et le prix du baril senvole ! Le Maroc, pays non producteur, doit subir de plein fouet ces hausses répétitives et rapprochées du prix du baril qui na pas le temps de reprendre son souffle avant quune autre hausse ne survienne. Le conflit au sud-est de la Turquie et au nord de lIrak est le dernier évènement en date qui a provoqué une hausse vertigineuse du prix du baril qui sest établi à 93 dollars. Pour Moulay Abdallah Alaloui, Président de la Fédération de lénergie, cette hausse va dangereusement déstabiliser les équilibres fondamentaux de la Loi de Finances 2008. Rappelons à juste titre que la Loi de Finances 2007 avait tablé sur un prix du baril à 65 dollars alors quil avait frôlé et souvent dépassé les 80 dollars. Ces estimations dépassées par une flambée du baril ont causé un déficit compris entre 400 et 450 millions de DH et lécart est appelé à se creuser davantage puisque lannée nest pas encore terminée. « En 2007 jusquà la mi-octobre, lEtat a remboursé au secteur 8 milliards de DH sur un total de 9,5 milliards de DH prévu dans le Budget 2007. Ces versements ont permis dapurer les arriérés des années antérieures et de diminuer substantiellement la dette de lannée en cours», explique-t-il. Cependant, comme le confirme Moulay Alaoui à cause de la hausse du prix du baril non reflétée sur les prix à la pompe, le montant des subsides ont fortement augmenté depuis lété. Et «au rythme actuel, si des ressources budgétaires supplémentaires ne sont pas dégagées, la dette de lEtat pourrait atteindre 3 milliards de DH dici la fin de lannée», poursuit le Président de la Fédération. Conséquence, les sociétés de distribution seront dans lobligation de recourir à leurs propres frais aux emprunts bancaires pour maintenir lapprovisionnement régulier du marché. «Il en résulterait, à Dieu ne plaise, un ralentissement des investissements des sociétés de distribution», enchaîne Moulay Abdallah Alaoui. «Nous demandons ou préconisons que des ressources budgétaires complémentaires soient dégagées en 2007 pour permettre à la Caisse de compensation de faire face à ses engagements». Des ressources budgétaires financières suffisantes évaluées sur la base du pétrole réaliste, entre 85 et 90 dollars le baril, et qui soient destinées à la Caisse de compensation. Un marché privatisé et non libéralisé Une brève analyse du secteur énergétique du Maroc permet de constater que cest un marché qui est loin dêtre libéralisé contrairement à ce quon pense. My Abdallah Alaoui approuve ce constat. Pour lui, il ny a pas de libéralisation mais une privatisation du secteur puisque les prix des combustibles sont négociés, discutés et structurés. Même le prix de la bombonne de gaz est calculé. «Il ny a pas de concurrence, alors quelle est appréciée puisquelle permet de mettre les produits énergétiques et leurs prix en concurrence. Les subventions apportées au secteur sont détournées si lon prend lexemple du gaz butane qui est normalement destinée aux foyers dans la précarité. On constate ainsi que la bombonne de gaz est utilisée dans les chauffe-eau, les forages et les pompages deau et même certaines industries utilisent le butane qui est normalement subventionné, au détriment dautres sources dénergie. Ça fausse complètement le marché». Mais lon peut dire que lincendie survenu il y a quelques années, a ouvert une brèche à limportation des produits finis. Limportation assure aujourdhui 20 % des besoins en produits pétroliers et 80 % des approvisionnements du pays sont assurés par la raffinerie de la SAMIR. «Certes, la raffinerie a fait des efforts pour augmenter sa capacité de production pour faire face à la demande croissance des besoins en produits pétroliers, mais au-delà de 2012 avec le démantèlement douanier total, le marché sera ouvert aux sociétés d importation et la part de ces importations passerait dès lors de 20 à 50 %», poursuit le Président de la Fédération. Cest une bonne chose puisque cela permettra un contrôle des prix. Ainsi, beaucoup de pays recourent et à la production et à limportation de produits pétroliers pour éviter les coûts de production élevés. Cest le cas de certains pays africains qui, même en ayant des raffineries, procèdent à limportation. Un marché libre pousserait la Samir à faire des efforts de compétitivité et de productivité pour se maintenir sur le marché et cela passe par une meilleure qualité du produit et un coût dexploitation plus bas. Le nucléaire plus que jamais à lordre du jour Ardant défenseur et seul à avoir ouvertement évoqué le développement du nucléaire à usage civil au Maroc, Moulay Abdallah Alaoui a vu son rêve se réaliser. Ainsi, le dossier du nucléaire serait sur de bons rails. Suite à la visite de Nicolas Sarkozy, ce dernier a donné des échos favorables quant à une éventuelle coopération dautant que lexpérience française a fait ses preuves. Dans ce sens, la semaine prochaine connaîtra la visite dofficiels marocains qui rencontreront leurs homologues français à Paris à ce sujet. Cela dit, ce nest là quune action dexploration puisque la voie reste ouverte à dautres partenaires. Une chose est sûre, le Maroc devrait étudier sérieusement le renforcement des énergies alternatives puisque selon une étude récente, réalisée par un cabinet de renommée mondiale et publiée récemment à Londres, le pic pétrolier brut de la planète a été atteint en 2006 où la moitié des réserves prouvées et exploitables a été épuisée par lactivité humaine et le développement économique. «Lextraction de lor noir serait désormais sur une pente déclinante de 3 % par an. Et les compagnies nextrairont plus que 39 millions de barils par jour en 2030 contre 80 millions aujourdhui. Ce qui revient à dire, toujours selon les scientifiques, appuyés en cela par lAgence Internationale de lEnergie, que les réserves prouvées, exploitables et rentables au coût actuel ne sont pas, contrairement aux estimations officielles, de 1.200 milliards de barils mais de 854 milliards de barils», conclut Moulay Abdallah Alaoui. Ce qui revient à dire que les chiffres souvent avancés par les pays producteurs de pétrole ne sont pas dune transparence réelle. Le Maroc doit donc prendre les devants dans ce domaine.