(Reuters) - Les perspectives de croissance de la Chine à court terme se sont améliorées mais le risque d'un ajustement marqué à moyen terme a augmenté en raison de la dépendance de l'économie aux soutiens publics et d'une expansion du crédit qui pourrait devenir "dangereuse", a déclaré mardi le Fonds monétaire international (FMI). Dans son évaluation annuelle de l'économie chinoise, l'organisation précise avoir revu à la hausse sa prévision de croissance annuelle moyenne pour la période 2018-2020, à 6,4% contre 6,0% auparavant, et ajoute que la probabilité de voir atteint l'objectif de Pékin d'un doublement du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2020 a augmenté. Mais elle met en garde les autorités chinoises contre les conséquences à long terme de la politique actuelle. Le principal prix à payer pour assurer une accélération de la croissance consiste en "de nouvelles augmentations importantes de la dette publique et privée", explique ainsi le FMI. "L'expérience étrangère donne à penser que la trajectoire actuelle du crédit en Chine est dangereuse et implique des risques croissants d'un ajustement brutal et/ou d'un ralentissement marqué de la croissance", conclut le rapport. Le FMI ajoute que la croissance chinoise aurait été d'environ 5,5% par an en moyenne sur 2012-2016 si l'expansion du crédit avait été "soutenable", alors que Pékin a enregistré sur cette période une croissance moyenne de 7,25% par an. "L'impératif politique clé est le remplacement des objectifs de croissance chiffrés précis par un engagement à réaliser des réformes qui permettent d'atteindre la trajectoire de croissance soutenable la plus rapide", estime le Fonds. LE POIDS DE L'ENDETTEMENT INQUIÈTE LE FMI Mais l'organisation ne s'attend pas à ce que Pékin progresse beaucoup en matière de maîtrise de la dette puisque son rapport table sur une poursuite de la hausse de l'endettement du secteur non-financier, qui devrait représenter 290% du PIB d'ici 2022 contre environ 235% en 2016. Pour cette année, le FMI s'attend à une croissance de 6,7% du PIB chinois, une prévision sans changement et légèrement supérieure à l'objectif officiel de Pékin d'une expansion d'environ 6,5%. Au premier semestre, le PIB de la deuxième économie mondiale a augmenté de 6,9%. Le rapport intègre des déclarations des autorités chinoises qui ont précisé que la croissance 2017 devrait "légèrement dépasser" le seuil de 6,5% mais qui ont aussi exprimé leur désaccord avec le Fonds sur le sujet de l'endettement, estimant que celui-ci restait gérable et que sa croissance devrait ralentir. Pour le FMI, les mesures susceptibles de conduire la Chine vers une croissance soutenable incluent une réforme budgétaire favorisant la consommation, une accélération de la réforme des entreprises publiques et des efforts accrus de désendettement. Le rapport prend par ailleurs acte des "progrès importants" accomplis par Pékin dans l'encadrement du "shadow banking", le secteur financier non réglementé, ainsi que du contrôle accru des autorités sur le taux de change du yuan et des flux de capitaux. Sur ce dernier point, il recommande un retour à la démarche visant à parvenir à un taux de change fixé par le seul marché. Enfin, le FMI dit s'attendre à un creusement des inégalités en Chine, notamment en matière de revenus, mais ajoute que l'augmentation des dépenses sociales, un impôt sur le revenu progressif et une taxation régulière de l'immobilier pourraient contribuer à les réduire.