■ Le parti est ouvert à toutes les alliances, en priorité avec la Koutla, écartant au passage le PAM. ■ Pour la désignation des ministres, il préfère la compétence, l'homogénéité et un sang nouveau avec un certain profil. Le Roi a accueilli Abdelilah Benkirane à Midelt pour le charger de la formation du nouveau gouvernement. Le choix de cette petite ville du Moyen-Atlas n'est pas le fruit du hasard. Le Souverain, dans sa tournée coutumière dans le Royaume pour s'enquérir de l'état d'avancement des différents projets, ne veut pas perdre de temps pour annoncer une nouvelle équipe et en même temps passer un message clair : le temps où le poste de ministre était synonyme de prestige et de faveurs est révolu. L'heure est au travail et au dévouement pour l'intérêt national. Le parti de la lampe avec 107 députés dispose de 27% des voix au Parlement. Pour gouverner, il a besoin de quelque 80 voix de plus. Avant les élections, le PJD avait annoncé clairement qu'il était plus proche de la formation de la Koutla mais qu'il reste ouvert à tout le monde. Avec son franc-parler, Abdelillah Benkirane, secrétaire général du parti, a déclaré ouvertement qu'il est prêt à toutes les alliances sauf avec le PAM à qui il reproche ses attaques directes et diffamatoires par le passé. Certaines formations du G8, comme le Mouvement populaire ou l'Union constitutionnelle, sont disposées à un rapprochement avec le parti islamiste même si des responsables de l'Alliance pour la démocratie affirment que leur regroupement sera dans l'opposition. Mais le scénario le plus probable et le plus logique est que le Premier ministre sera Benkirane. La Constitution est claire, le Roi peut choisir la personne du parti ayant gagné le plus de voix et non forcément le secrétaire général même si plusieurs voix nationales et internationales ont souhaité que Saâd Eddine El Othmani, le président du congrès du parti, soit désigné, surtout que cet homme est connu pour son charisme, sa position modérée, comme fin diplomate et qu'il a de l'expérience dans le domaine politique. «Il est clair que le Maroc veut jouer la carte démocratique à fond. Benkirane a été élu démocratiquement SG du parti aux dépens d'El Othmani. El Youssoufi dans la première expérience de l'alternance et Abass El Fassi ont été nommés à la Primature alors qu'ils étaient tous les deux à la tête de leur parti», a expliqué Mohamed El Amrani, politologue. Pour ce qui est de la formation du gouvernement, les discussions ne seront pas assez aisées. Le PJD a promis de nouvelles têtes et un sang nouveau dans l'équipe. Il cherche la compétence et une certaine homogénéité. Mais le Maroc aussi a besoin d'expérience. Certains ministres issus de la Koutla ont montré leur capacité et ce n'est pas facile de trouver des remplaçants de même calibre : je cite notamment Ghellab et Hjira de l'Istiqlal, Chami de l'USFP ou Nezha Skalli du PPS. Des questions qui se posent également sur la répartition des départements surtout ceux à caractère social comme l'enseignement, la santé ou l'emploi. Pour ce qui est des ministères dits de souveraineté, Benkirane a annoncé après les élections qu'ils n'ont plus raison d'être avec la nouvelle Constitution et que le gouvernement doit être responsable de tous les départements. Autre point nodal qui existe chez le PJD, c'est qu'à part quelques figures emblématiques, le parti ne dispose pas d'assez de profils qui peuvent être ministrables surtout dans les postes techniques. Le choix d'un cabinet restreint composé de 15 ministres et de 15 secrétaires généraux est également une option qui peut compliquer la composition de l'équipe gouvernementale. En tout cas, l'annonce du prochain gouvernement ne serait qu'une affaire de quelques jours. ■