■ Explication de Jan Fischer, vice-président en charge des opérations à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), sur les priorités de leur institution pour les pays du Sud. ✔ Finances News Hebdo : Comment percevez-vous le choix de cette thématique du MEDays 2011 ? ✔ Jan Fischer : Je remercie les organisateurs de cet événement pour avoir eu la bonne idée de tenir ce forum et d'avoir choisi cette thématique qui est d'actualité. C'est la première fois que nous participons au MEDays en tant qu'institution. Plusieurs événements se sont déroulés cette année, notamment le printemps arabe. Notre engagement, ou notre futur engagement dans la région, est de créer les opportunités de développement de projets ainsi que l'amélioration du dialogue. Actuellement, et face à la conjoncture, notamment les problèmes financier et économique partout dans le monde, personne n'est à l'abri, et il est inévitable que chacun de nous devra participer à ce débat global. Il est donc clair que l'engagement de toutes les régions du monde est plus que nécessaire face à cette crise actuelle afin de pouvoir sortir de cette impasse. C'est pour cette raison que je considère que cet événement est bien nécessaire pour prendre les engagements qui s'imposent. ✔ F.N.H. : Face à cette conjoncture que connaît l'Europe, pensez-vous que la BERD continuera à soutenir les pays en voie de développement ? ✔ J. F. : Absolument, la crise économique n'interrompera en aucun cas cette volonté de soutenir les pays en voie de développement. En fait, on a beaucoup fait, surtout pendant la première phase de la crise entre 2008 et 2009 pour les pays de l'Europe de l'Est, afin de les aider dans leur système bancaire. Nous offrons cette immense expérience aux pays du Nord de l'Afrique pour qu'ils puissent tirer leur propre conclusion afin de minimiser l'impact de la crise sur leur développement. ✔ F.N.H. : Quelles sont les priorités de la BERD pour la région du Sud ? ✔ J. F. : Je veux d'abord expliquer certaines choses. Premièrement, la sélection de ces priorités a été faite pour chaque pays avec la contribution des autorités concernées ; c'est le cas du Maroc, de l'Egypte et de la Jordanie. C'est de cette manière qu'on a toujours procédé, qu'on procède et qu'on continuera de procéder. Nous devrons élaborer, en étroite collaboration avec les autorités locales, les documents stratégiques couvrant les projets des pays concernés en engageant un dialogue transparent avec les hommes d'affaires pour avoir une visibilité claire et vaste du pays à travers des études et analyses précises et appropriées : études critiques, économiques... Ces derniers vont nous permettre d'avoir une idée claire sur le climat des affaires et de l'environnement interne de chaque pays. La stratégie de la BERD est donc basée sur l'ensemble de ces études pour la sélection des priorités. Nous devons également améliorer le rôle des systèmes bancaires. L'objectif du groupe est également de faire transférer l'argent de Libye et d'aborder d'autres projets, notamment celui des municipalités, l'approvisionnement en eau, les constructions énergétiques… Donc, pour commencer, nous allons demander une collaboration technique à travers le transfert de notre politique de dialogue, l'amélioration des capacités de construction, l'économie, l'amélioration du système de consommation, les énergies renouvelables… La première phase qui sera entamée lors du premier semestre de l'année prochaine concernera les études de collaboration technique pour préparer la voie aux investissements. Le deuxième semestre sera consacré au lancement des premiers investissements. Pour les priorités par secteur, celui de la finance tient une place importante dans la stratégie de la BERD. Nos priorités sont les PME et TPE qui génèrent de l'emploi. Nous comptons créer des lignes de crédits accessibles pour les banques qui, à leur tour, devront octroyer les crédits aux PME et TPE. Nous devons également améliorer le rôle du système bancaire et sa capacité à devenir autonome. Quant aux priorités dans le secteur économique, celles de l'agriculture et de l'agroalimentaire nous attirent un peu plus vu qu'il y a énormément d'améliorations à apporter depuis la production (relation producteur et fermier ou éleveurs), en passant par la logistique (transport) jusqu'au consommateur final (supermarché, épicier, etc…). Un autre chantier qui doit être abordé en priorité, c'est celui des énergies renouvelables : nous avons une très bonne expérience dont nous pouvons faire bénéficier les pays en transition, comme le cas de l'énergie solaire que nous avons développée en Europe de l'Est. ✔ F.N.H. : Quelles sont les actions immédiates que les gouvernements des pays en transition devront adopter pour leur reconstruction ? ✔ J. F. : C'est le rôle des gouvernements d'effectuer les réformes nécessaires à leur développement. Nous croyons que le domaine juridique (lois, décrets) est primordial, car il pourra aider à instaurer un climat d'investissement idéal ; l'environnement des entreprises peut aussi devenir crucial pour le développement de ces pays en transition. Nous allons étudier cette progression et l'impact de chaque transition sur l'environnement du pays concerné, ainsi que sur les pays voisins. Nous allons aussi expliquer comment les réformes et les directives économiques adoptées lors des transitions et qui seront appliquées par les institutions contribueront à rendre l'environnement du travail plus attractif. Voir aussi comment instaurer un climat d'investissement meilleur en se basant sur ces mêmes observations, ce qui nous aidera à mettre à jour une stratégie globale performante et opérationnelle afin qu'elle soit appliquée à chaque pays, en prenant compte de sa situation actuelle et future. ■ Dossier réalisé par L. Boumahrou