■ La cherté des terrains urbanisables, due à leur rareté dans les grandes villes du Royaume, est la cause de la hausse continue des prix de l'immobilier. ■ Le logement sociaal, tel que conçu aujourd'hui, a permis de réguler le marché du segment social. ■ La diversification et l'intensification de l'offre en logements sont les meilleurs moyens pour réduire les coûts de production. ■ Explications de Fatna Chihab, Directrice de l'Habitat Social et des Affaires Foncières et Mounia Diaa Lahlou, Directrice de la promotion immobilière au ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'Espace. ✔ Finances News Hebdo : Comment évaluez-vous le secteur immobilier ? ✔ Fatna Chihab & Mounia Diaa Lahlou : Le secteur immobilier est un levier capital de l'économie nationale. Les indicateurs économiques de l'immobilier confirment une tendance haussière des activités immobilières. Ainsi, le cumul de la consommation du ciment à fin septembre 2011 a enregistré une augmentation de 8,71% en passant de 11,05 millions de tonnes (fin septembre 2010) à 12,02 millions de tonnes (fin septembre 2011). Concernant l'emploi, il a été créé plus de 151.000 postes nouveaux entre le 1er trimestre 2010 et la même période de 2011. Quant aux investissements directs étrangers en immobilier durant le premier trimestre 2011, ils ont atteint 2,03 MMDH contre 1,83 MMDH durant la même période en 2010, soit une augmentation de 10,9%. Cette évolution est expliquée par l'effet induit de la relance du marché immobilier par le nouveau programme du logement social, qui a été le catalyseur de la reprise de tout le marché immobilier et qui a instauré la confiance chez les investisseurs et les acquéreurs. Cette stratégie a généré un effet d'entraînement positif dans tous les segments du secteur. Aujourd'hui, la reprise de l'immobilier permet d'être optimiste quant à l'avenir du marché. C'est dans ce sens que ce ministère s'est doté d'une stratégie prospective, englobant toutes les facettes de ce secteur à l'horizon 2020, en vue d'acquérir les outils nécessaires au pilotage stratégique du secteur immobilier pour le moyen et le court terme. ✔ F.N.H. : Quelles sont les mesures mises en place afin d'encourager la promotion de ce secteur ? ✔ F. C. & M. D. L. : L'immobilier, de par son importance dans l'économie nationale, a bénéficié d'un grand nombre d'actions d'encouragement touchant les segments les plus influants, notamment le logement social et le logement des couches moyennes. La politique publique en matière de développement de l'habitat social ne date pas d'aujourd'hui ; elle a évolué avec les données socio-économiques et urbanistiques que connaît notre pays. Le logement social d'aujourd'hui (à 250.000 DH HTVA) est celui qui s'adapte le mieux à la conjoncture actuelle, et d'ailleurs ses indicateurs le démontrent : le nombre de mises en chantier a dépassé 100.000 unités; depuis fin 2010 à aujourd'hui, le nombre de logements conventionnés a atteint les 700.000. Concernant le logement de la classe moyenne, le ministère a emprunté une démarche de concertation avec tous les concernés par ce segment en organisant des ateliers de réflexion qui ont abouti à la réalisation d'une note d'orientation spécifique pour ce produit. Elle contient 20 mesures destinées à la promotion de ce segment traitant du domaine urbanistique et foncier, des modalités techniques et d'aménagement ainsi que du financement. Sans toutefois oublier les actions actuellement en vigueur permettant de faciliter l'accès à la propriété telles que le Fonds Damane Sakane (Fogarim, Fogaloge), le plan épargne-logement, la déduction à hauteur de 10% de la base imposable relatives aux intérêts d'emprunt pour acquisition, exonération temporaire des constructions nouvelles pour les habitations principales pendant 5 ans, etc. Par ailleurs, et dans le but de soulager la pression sur le foncier, plusieurs zones d'urbanisation nouvelles ont été ouvertes dans plusieurs régions du Royaume correspondant à près de 70.000 Ha ; cette politique permet d'éviter le recours aux dérogations et aux villes de se développer d'une manière cohérente et étudiée. ✔ F.N.H. : Plusieurs promoteurs immobiliers sont bloqués dans leur croissance, notamment à cause du problème foncier. Qu'en pensez-vous ? ✔ F. C. & M. D. L. : Le secteur immobilier a connu un essor sans précédent au cours de cette décennie ; toutefois, le foncier en tant que composante-clé pour toute programmation immobilière pose et posera toujours problème, puisque la cherté des terrains urbanisables, due à leur rareté dans les grandes villes du Royaume, cause la hausse continue des prix de l'immobilier. A cet égard, une stratégie d'ouverture de nouvelles zones urbanisables a été lancée par ce ministère (ZUN et villes nouvelles) en vue de stimuler l'offre en foncier et de réduire ainsi les prix de revient. ✔ F.N.H. : Quelles sont les actions entreprises par votre ministère pour faire face à ce problème ? ✔ F. C. & M. D. L. : En plus de l'ouverture des zones nouvelles urbanisables comme cité dans la réponse précédente, un projet de loi a été lancé par ce ministère concernant la création d'Agences Foncières Régionales. La création de ces entités aura pour objectif de clarifier la gestion du foncier et d'instituer un partenaire régional unique en la matière ; ce dispositif permettra aussi de créer une réserve foncière urbanisable qui sera remise sur le marché en temps et en quantité suffisants pour réguler les fluctuations des prix du foncier selon les régions. D'autres actions issues de la stratégie 2020 conçue par ce ministère, seront également mises en pratique afin d'ouvrir d'autres opportunités d'investissement et de réduire la pression sur le foncier ; notamment, en encourageant la rénovation du parc ancien en vue de renouveler l'offre et de réintégrer ces logements dans le système productif de l'immobilier. ✔ F.N.H. : Que prévoyez-vous afin d'arrêter cette flambée des prix de l'immobilier due au foncier ? ✔ F. C. & M. D. L. :Toutes ces mesures citées plus haut versent dans le même sens qui est celui de la réduction du prix de revient des logements. Les aménageurs, ainsi que tous les concernés par la viabilisation, doivent jouer leur rôle dans l'équipement en VRD des zones ouvertes à l'urbanisation dont la superficie a atteint 70.000 Ha, ceci permettra d'offrir le support foncier adéquat pour stimuler l'offre. Toutefois, il est à signaler que le logement social, tel que conçu aujourd'hui, a permis de réguler le marché du segment social, du fait que le prix est fixé à un maximum de 250.000 DH HTVA avec des prestations techniques minimales à respecter ; ce dispositif a permis de lever le niveau de la concurrence dans l'offre vers une concurrence qualitative au profit de l'acquéreur, bien entendu, sans pour autant influer sur le prix de revient. Par ailleurs, il est à signaler que la diversification et l'intensification de l'offre en logements sont les meilleurs moyens pour réduire les coûts de production. ■ Dossier réalisé par W. Mellouk