Directrice de la promotion immobilière au sein du ministère de l'Habitat, Mounia Lahlou affirme que les segments moyen et haut standing ne seront pas sacrifiés au profit du logement social et confirme la reprise du secteur. De la généralisation des agences urbaines sur tout le territoire national, à la création de 103 guichets uniques, en passant par la loi sur la copropriété, la VEFA ou encore le code de l'urbanisme, Mounia Lahlou, directrice de la promotion immobilière au ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme revient sur les principaux chantiers lancés pour réformer le secteur de l'immobilier. Comment s'est comporté le secteur de l'immobilier cette année ? L'année 2011 est considérée comme une année de consécration de beaucoup d'efforts déployés dans le secteur immobilier et notamment dans la production de l'habitat social. Ce grand chantier, qui a stimulé le marché immobilier, a permis aussi d'instaurer un climat de confiance et de dynamisme entre tous les concernés et les indicateurs du secteur immobilier peuvent en témoigner. Ne craignez-vous pas que les segments moyen et haut standing soient délaissés par les promoteurs, intéressés par les incitations fiscales au niveau du logement social ? Il est vrai que 60% de la demande se situe dans l'habitat social, néanmoins l'élargissement de la classe moyenne et la nécessité d'encourager cette classe à l'accès à la propriété permettra de générer une offre adaptée en qualité et en prix de revient. Le ministère a organisé depuis février 2011 une série de réunions et de séances de travail avec tous les opérateurs et les concernés par le logement de cette couche et il a fait ressortir une vingtaine de mesures applicables touchant toutes les facettes de ce segment (Foncier, financement, aménagement,…). Concernant le haut standing, aujourd'hui la bonne reprise de l'immobilier permet d'être optimiste quant à l'avenir de ce marché, qui repose surtout sur la bonne conception du logement, sur la bonne qualité de l'exécution des éléments de la finition et l'emplacement du projet qui joue un rôle déterminant pour la promotion de cette catégorie. Je tiens également à rappeler que le ministère s'est doté d'une stratégie prospective qui englobe tous les secteurs à l'horizon 2020. Cette étude a traité plusieurs aspects dont l'aspect foncier, élément principal dans toute programmation immobilière et notamment celui du haut standing. « Nous avons pu avoir un projet de code de l'urbanisme très ambitieux qui sera adopté prochainement ». Cependant des réformes doivent être opérées dans le secteur. Concrètement, qu'avez-vous accompli jusqu'à maintenant ? Il est vrai que le secteur de l'immobilier de part son dynamisme et la place qu'il occupe dans le marché économique national, demande une révision régulière de ses outils d'encadrement puisque les données du marché sont en mutation permanente. De ce fait, plusieurs réformes ont déjà eu lieu, comme le nouveau dispositif de l'habitat social qui a permis la mise en chantier de plus de 100 000 logements depuis son lancement fin 2010. Le nombre de logements conventionnés, quant à eux, ont dépassé les 700 000. Du côté juridique, le texte sur la copropriété a été transmis au secrétariat général du gouvernement (SGG) pour approbation, celui très attendu concernant le locatif a franchi plusieurs étapes depuis son dépôt et il est aujourd'hui à l'approbation au niveau de la deuxième Chambre du Parlement. De même, la loi sur la VEFA a fait l'objet d'une large concertation avec les professionnels et les amendements ont été communiqués au SGG. Toutefois, je tiens à souligner que l'application du concept de contractualisation dans les différentes politiques et programmations a permis de faire participer activement le secteur privé autant que le secteur public dans les stratégies immobilières et d'habitat, et surtout de clarifier les attributions des partenaires dans toute programmation. Dans ce contexte, les politiques appliquées depuis 2002 ont permis au secteur immobilier de connaître une évolution de tous les indicateurs, particulièrement en ce qui concerne la production de l'offre en logements sociaux qui a évolué de près de 77% depuis 2003 à 2010. La valeur ajoutée, quant à elle, a atteint une évolution de 178% passant de 17,8 milliards de dirhams en 2000 à 50,2 milliards en 2010. Les nouveaux emplois sont passés à 598 000 créés en 2001 à 699 000 en 2010. Quant aux IDE, ils ont enregistré un taux d'évolution de l'ordre de 194% avec un passage de plus de 2 milliards de dirhams en 2004 à 6 milliards en 2010. Qu'en est-il des problématiques liées à l'urbanisme et au foncier ? Du côté de l'Urbanisme et du foncier, il y a eu la généralisation des agences urbaines sur tout le territoire national et nous sommes arrivés à un taux de couverture en documents d'urbanisme de 70%. Ceci a été atteint grâce à la création de 103 guichets uniques en vue de fluidifier le traitement des dossiers à instruire. De plus, nous avons pu avoir un projet de code de l'urbanisme très ambitieux qui sera adopté prochainement. Nous travaillons sur l'articulation des outils de planification urbaine avec les outils des politiques de l'habitat afin d'aboutir à un aménagement concerté des territoires tout en appliquant la stratégie définie du secteur de l'habitat. Y aura-t-il une reprise en 2012 ? Les effets de la conjoncture économique mondiale actuelle créent une certaine tension chez les acteurs du secteur, mais n'influent pas sur l'évolution du marché marocain. La demande est toujours là, eu égard au déficit évalué à près de 840 000 unités. En effet, l'anticipation de la politique publique a joué un grand rôle, puisqu'elle permet de réguler le marché et d'immuniser le secteur contre tout effet négatif extérieur. Nos indicateurs témoignent de la bonne santé du secteur soutenue essentiellement par le lancement du nouveau produit le l'habitat social à 250 000 dirhams.