■ La reprise de l'enseigne Bvlgari a nécessité un investissement de 50 M DH pour l'achat et l'aménagement du local. ■ Après un parcours mouvementé, Adil Benmlih, Directeur général de Bvlgari Maroc, retrouve sa voie. ✔ Finances News Hebdo : Est-ce que la conjoncture actuelle a impacté le marché du luxe, à savoir la joaillerie et l'horlogerie au Maroc ? ✔ Adil Benmlih : Nous ne sommes sur ce marché que depuis 6 mois, ce qui fait que nous n'avons pas assez de recul pour pouvoir juger de l'impact de la conjoncture sur le marché. Toutefois, d'après l'étude que nous avons effectuée, la conjoncture a certainement impacté le marché, dans la mesure où le marché du luxe est très stable depuis maintenant 2 ans. La crise internationale de 2008 a énormément freiné le secteur du luxe, notamment la joaillerie et l'horlogerie, malgré l'implantation de nouvelles marques et franchises. On peut dire qu'aujourd'hui le marché n'est ni en régression ni en progression; il est plutôt stable, ce qui pourra durer encore un peu. ✔ F.N.H. : Vous avez récemment repris l'enseigne Bvlgari. Qu'est-ce qui vous a motivé à prendre les commandes de cette marque italienne ? ✔ A. B. : D'abord, parce que le luxe c'est mon métier; c'est ce que je sais faire et ce que j'aime faire. Maintenant, pourquoi le choix de la marque Bvlgari ? Tout simplement parce que je considère que c'est une marque extraordinaire dans le marché mondial du luxe. Elle reste une des marques phares et l'un des acteurs majeurs dans l'horlogerie et la joaillerie. Elle est No2 mondial dans beaucoup de secteurs d'activité, notamment l'horlogerie et la joaillerie. C'est une marque qui a une gamme de produits extrêmement étendue d'accessoires, de bijoux, de montres, de maroquinerie... Et avec le savoir-faire de Bvlgari les produits sont demandés et bien vendus. Pour moi, c'est un produit très adapté au marché marocain, avec une offre de prix très variée. La gamme de prix de Bvlgari commence à moins de 1.000 DH jusqu'à 1 M DH sur le marché marocain, avec une concentration de produits importante dans chacune des gammes. ✔ F.N.H. : En relançant Bvlgari au Maroc, vous vous êtes lancé un grand défi. Quel est le premier bilan de la réimplantation de la marque au Maroc ? ✔ A. B. : Il est clair que le projet était ambitieux vu que ce n'était pas facile de rouvrir une marque déjà existante, mais le bilan du premier semestre est extrêmement positif. Nous sommes aujourd'hui au-dessus de nos prévisions. C'est un investissement important, avec des locaux de 400 m2, une boutique extrêmement aérée avec beaucoup d'espace pour mieux exposer les produits. En plus d'un back office qui fait 200 m2 et qui permet d'avoir de meilleures conditions de travail. Nous avons veillé à recruter des personnes qualifiés que nous avons formées pour répondre aux attentes de nos clients. Nous avons donc mis les moyens et l'organisation qu'il faut pour réussir cette marque, avec toujours une petite appréhension quant à la réaction des clients. ✔ F.N.H. : La reprise de l'enseigne vous a coûté un investissement de 50 MDH. Comment avez-vous réuni cette somme ? ✔ A. B. : J'ai deux associés qui m'accompagnent dans ce projet. 50% de l'investissement sont financés avec des fonds propres par mes associés et 50% par la banque. ✔ F.N.H. : L'emplacement de la boutique, en plein quartier Triangle d'or où il y a une grande concentration de grandes marques de luxe, est-il une stratégie en soi ? ✔ A. B. : Stratégiquement, il faut être là. Dans ce métier, il y a des paramètres qu'on ne peut pas négliger. Certes, avec une marque comme Bvlgari la moitié du travail est faite avec leur savoir-faire, la communication... L'autre moitié du travail, et c'est là que nous intervenons, c'est principalement le local et son emplacement. Ce dernier peut diviser votre chiffre d'affaires par 2. ✔ F.N.H. : Que représente le marché marocain pour l'enseigne? ✔ A. B. : Dans la gestion interne de Bvlgari, on est rattaché à la région Middle East & Africa. En seulement 6 mois nous avons pris une place intéressante, voire dépassé certains pays de la région. ✔ F.N.H. : Vous avez un parcours assez mouvementé; vous avez plusieurs fois changé de cap. Est-ce qu'aujourd'hui vous avez trouvé votre voie ? ✔ A. B. : Oui, complètement. Je suis né dans ce métier, mon père est joaillier maître artisan depuis 40 ans. Certes, je n'ai pas démarré ma carrière dans ce métier parce que j'avais fait le choix de faire une école de commerce. Ce qui fait que je me suis lancé dans un cursus professionnel complètement différent. J'ai opéré dans l'industrie pharmaceutique, dans la stratégie… Toutefois, je gardais toujours au fond de moi ce besoin de faire ce métier où j'ai baigné. Depuis maintenant 4 ans, j'ai décidé d'embrasser le métier de mon père, mais différemment, vu que le savoir-faire de mon père n'est pas le mien. Je peux dire aujourd'hui que j'ai trouvé ma voie. ✔ F.N.H. : Quelle est la stratégie de déploiement de l'enseigne au Maroc pour les prochaines années ? ✔ A. B. : Nous comptons développer dans le futur la marque dans d'autres villes du Royaume. ■ Propos recueillis par L. Boumahrou