L'annonce, la semaine dernière, de la coalition regroupant huit partis (le RNI, le PAM, l'UC, le MP, le PT, le Parti de la Renaissance et de la vertu, le Parti de la gauche verte marocaine et le Parti du congrès socialiste) a secoué le champ politique marocain. Dans ce paysage très politique atomisé, une telle coalition peut, a priori, sembler plus que légitime. Pour autant, elle suscite une seule interrogation… tout aussi légitime. Les socialistes, les libéraux et les islamistes (modérés) peuvent-ils brouter dans le même champ ? La question est ouverte. En tout cas, d'aucuns ont déjà fait entendre leur plume braillarde pour dénoncer une «mascarade politique», une «alliance de façade», voire «une coalition contre-nature» destinée, certes, à servir de rempart au Parti de la justice et du développement lors des prochaines législatives, mais davantage à maintenir sur la scène politique la même élite. Celle qui occupe avec convoitise la scène politique depuis plusieurs années et dont la légitimité est actuellement sujette à caution. Celle qui souscrit du bout des lèvres au rajeunissement de la classe politique. Celle dont la crédibilité est mise à mal par l'opinion publique. Celle qui a fait que ceux qu'elle courtise lors des échéances électorales n'ont plus foi en ces politiques rompues à l'art des promesses non tenues. Les socialistes, les libéraux et les islamistes (modérés) peuvent-ils brouter dans le même champ ? Il faut en convenir, cette coalition, qui n'a en partage que l'ambition d'avoir la majorité dans le prochain gouvernement, ressemble fort à un fourre-tout politique. Je me demande, tout naturellement, comment on peut rester fidèle à son étiquette et à ses convictions politiques tout en défendant l'opinion d'une majorité à laquelle on est idéologiquement opposé. C'est aussi, tout naturellement, que les citoyens s'interrogent de plus en plus sur le sens du vote, face notamment à certaines accointances de circonstance. On ne peut donc que souscrire aux propos de la défunte philosophe française, Simone Weil, qui disait que «la politique m'apparaît comme une sinistre rigolade». Reste cependant une autre grande interrogation : quelle partition vont jouer le Parti de l'Istiqlal et l'USFP face à l'offensive des Solistes (Socialistes, libéraux et les islamistes modérés) de l'A8 (alliance à huit) ? Wait and see. ■