Le mémorandum signé entre l'AMDI et la CFCIM vise le renforcement des relations bilatérales entre le Maroc et la France. Avec 750 implantations, le Maroc est la première destination des investissements français dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. Le nombre de projets d'IDE a enregistré une hausse significative au premier semestre 2011 de + 23 % par rapport au 1er semestre 2010. Pour Philippe Confais, Directeur de la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc, il y a plus important que le volume des IDE français : c'est leur importante progression ces dernières années au Maroc. - Finances News Hebdo : Le mois de juillet a connu la signature du mémorandum d'entente entre l'Agence marocaine de développement des investissements et la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc. Quelles sont les grandes lignes de ce mémorandum, et quelles seront les actions concrètement menées conjointement pour promouvoir la destination Maroc ? - Philippe Confais : Ce mémorandum a vu le jour suite à l'identification commune de la nécessité d'une coopération étroite en matière de développement des relations bilatérales entre les deux pays. Parmi les actions concrètes validées, nous retiendrons : • les échanges d'informations sur les aspects législatifs et à caractère économique en général ; • l'organisation conjointe de missions d'hommes d'affaires favorisant la rencontre entre les entrepreneurs marocains et leurs confrères français en vue de promouvoir les investissements et la création d'entreprise ; • l'association mutuelle des deux organismes dans leurs agendas respectifs d'actions de promotion et de prospection ; • la collaboration en matière d'assistance technique et de formation en vue d'élaborer des projets communs et de former nos cadres respectifs, chacun dans ses domaines d'intervention. - F. N. H. : Avez-vous fixé des objectifs à court et moyen termes ? Si oui, peut-on savoir lesquels ? - P. C. : L'une des premières actions concrètes d'organisation de mission impliquant les deux organismes est celle du Forum de Lyon, organisé par l'AMDI, et auquel la CFCIM a été invitée à participer et à intervenir. Il s'agit d'une journée d'information et de rencontres B-to-B à la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon sur le thème «Le Maroc : opportunités de développement pour les entreprises de la région Rhône-Alpes». - F. N. H. : Bien que le Maroc soit la première destination des investissements directs de l'Hexagone, à la fois dans la région Mena et sur le continent africain, notamment en 2010, dans l'ensemble il attire moins de 1 % des IDE français. À quoi imputez-vous cela ? - P. C. : La France est le 1er partenaire commercial du Maroc (1er client et 1er fournisseur) et le 1er investisseur étranger au Maroc, et ce depuis des années. Le chiffre de 1 % dans l'absolu ne veut pas dire grand-chose ; ce qu'il serait intéressant de regarder, c'est la progression des IDE français au Maroc ! À titre de rappel : le recensement des filiales et participations françaises dans le monde effectué par le ministère français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, et le Service économique de l'ambassade de France à Rabat inventorie près de 750 implantations au Maroc en 2009. Ce chiffre est en forte augmentation par rapport à l'enquête précédente (529 en 2006) : + 40 % en trois ans. La progression moyenne au niveau mondial n'est que de 15 % sur la même période. Ceci signifie que l'orientation des investissements directs français vers le Maroc s'est accentuée au cours de la période par rapport aux périodes précédentes, pourtant déjà marquées par des flux importants en direction du Royaume. Avec 750 implantations le Maroc est la première destination des investissements français dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. C'est aussi la première sur tout le continent africain. De même, au sein du monde émergent (tous continents confondus), la place du Royaume est particulièrement éminente : le Maroc compose un trio de tête avec la Chine et l'Inde. - F. N. H. : Ces deux dernières années il y a eu une importante affluence des PME françaises vers le Maroc. Est-ce que vous confirmez cette tendance et l'ajoutez-vous à la taille du marché marocain qui est relativement petit ? - P. C. : Les PME s'internationalisent de plus en plus et le Maroc, de par sa situation géographique, ses relations privilégiées avec la France et la visibilité offerte par ses autorités publiques (dynamisme et diversification de l'économie, encouragements à l'investissement…), fait que bon nombre de PME françaises affluent vers le Maroc. Imputer cela à la taille du marché marocain serait réducteur. - F. N. H. : L'Indice global de compétitivité du World Economic Forum dans son édition 2011-2012 place le Maroc au 73éme rang. Mais bien qu'ayant gagné deux places au classement, le Maroc se situe au 10ème inefficace marché du travail. Dans quelle mesure les RH peuvent être un problème pour les investisseurs français au Maroc comme l'offshoring par exemple ? - P. C. : Les chiffres concernant la progression du secteur de l'offshoring au Maroc parlent d'eux-mêmes. Aujourd'hui, le Maroc est reconnu à l'international comme une destination pour l'offshoring. S'il y avait un problème significatif de RH, le secteur n'afficherait pas une telle progression puisque sa ressource principale est l'être humain. - F. N. H. : Quelles sont les principales doléances des investisseurs ? (Dans l'indice du WEF on pointe du doigt l'accès au financement, la corruption, l'infrastructure fournie inadéquate…) - P. C. : A la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc, nous accompagnons les investisseurs potentiels dans leur processus de prospection et d'installation au Maroc. Nous les conseillons en fonction des données politico-socioéconomiques du pays afin que leurs démarches se déroulent dans les meilleures conditions possibles et que leurs activités s'intègrent au mieux dans le marché marocain. Nous ne sommes pas là pour pointer du doigt quelque dysfonctionnement que ce soit, mais pour faire en sorte que tout se passe au mieux pour nos prospects-investisseurs. - F. N. H. : Comment ont évolué les IDE français au Maroc durant le premier semestre 2011 ? Ont-ils été impactés par le printemps arabe ? Et quels sont les secteurs qui ont réussi à les attirer ? - P.C. : D'après l'Observatoire Anima-Mipo des annonces d'investissements et de partenariats en Méditerranée, il ressort que le Maroc se démarque des autres pays du Maghreb et du Machreq en enregistrant la seule hausse significative du nombre de projets d'IDE au premier semestre 2011 (+ 23 % par rapport au 1er semestre 2010). Le Maroc conserve la confiance des investisseurs. Propos recueillis par Imane Bouhrara