Les estivants casablancais fustigent les excès des exploitants des plages. Les loueurs de parasols s'accaparent pratiquement toute l'étendue de l'espace sablé. Les responsables ferment les yeux sur ce phénomène. La période estivale est pour la plupart des gens une période où l'on se repose et profite des loisirs en bord de mer et y dépenser de l'argent. Bien évidemment, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Nous vivons un temps où les inégalités sont dominantes. Le Maroc ne fait pas exception, vu que la majorité de la population est de classe pauvre. Du coup, pour passer leurs vacances les moins nantis se dirigent soit vers des endroits publics comme les plages et les parcs publics, soit emmènent leurs enfants chez les proches qui habitent les zones rurales. Pour le cas de Casablanca, les estivants à revenus limités se dirigent souvent vers la plage d'Aïn Diab qui est une plage publique. En apparence seulement ! Il suffit d'y faire un tour pour voir que pratiquement toute la grève est exploitée par les loueurs de parasols. Plus encore, tous les 5m on trouve un parasol implanté. Du coup, il n'y a plus d'espace libre pour les estivants. Ces derniers se plaignent de l'exploitation de la plage par les loueurs de parasols qui exigent un loyer de 20 à 35 DH le parasol (selon le nombre de chaises). Ces loueurs ne se limitent pas uniquement à la location du matériel, ils exigent de l'estivant de payer 5 DH s'il souhaite planter le sien. Ce qui aboutit généralement à des rixes entre les vacanciers et les loueurs de parasols. «Nous dénonçons ce qui se passe sur les plages. Nous n'avons pas les moyens de dépenser chaque jour, en plus du transport et de la nourriture, 35 DH pour un parasol ou même 5 DH parce que nous sommes sur un espace public», proteste une maman de 4 enfants. Un autre ressortissant marocain assure n'avoir jamais vu un phénomène pareil sur pratiquement toutes les plages d'Europe. «Franchement, ces gens-là n'ont aucun scrupule» a-t-il ajouté. D'après le témoignage d'un sapeur-pompier qui opère sur place, les tarifs changent d'un individu à l'autre, soit entre 5 et 50 DH. Les samedi et dimanche, les prix montent jusqu'à 60 DH. Selon lui, «les loueurs de parasols ne laissent même pas les gens déposer leurs serviettes avant d'avoir payé 5 DH». Certes, la plage d'Aïn Diab est labellisée zone bleue, toutefois aucun constat n'est effectué pour contrôler ces hors-la-loi. Malheureusement et malgré cette loi, ces derniers continuent à sévir, au vu et au su de tous, sauf pour les responsables du secteur. La question qui se pose aujourd'hui est : qu'est-ce qui pousse les loueurs de parasols à exploiter les estivants de cette manière? Tout d'abord, la plupart des employés sont des voyous qui intimident les gens et les obligent à payer par tous les moyens, sous prétexte qu'ils sont dans leurs droits, vu qu'eux aussi louent l'espace où ils louent leurs parasols. D'autre part, les concessionnaires à qui la commune octroie les autorisations pour l'exploitation des plages, louent à leur tour ces emplacements à des prix exorbitants. Du coup, les loueurs de parasols essayent par tous les moyens de rentabiliser cette location. La loi est-elle appliquée ? D'après Cardinal de Retz, homme politique et écrivain français, «faire une loi et ne pas la faire exécuter, c'est autoriser la chose qu'on veut défendre». Lorsqu'on consulte la réglementation en vigueur, elle est pour ainsi dire quasiment parfaite et les détails secondaires n'y sont pas omis, malheureusement la réalité est tout autre. À la lecture des lois, on se croirait dans un pays développé où on a affaire à gens civilisés respectant scrupuleusement le droit établi ; mais l'évidence rattrape tout le monde, elle est à la fois amère et décevante. Ce qu'il faut savoir c'est que les communes sont prioritaires pour obtenir les concessions ouvertes par l'Etat. Il leur est possible de les rétrocéder à des exploitants (souvent dénommés «plagistes»), dans le cadre d'une procédure prévue par décret. Au Maroc, la réglementation du domaine maritime est déterminée par la loi qui régit le régime foncier, soit le dahir du 1er juillet 1914. Il faut par ailleurs savoir que, dans le cadre de l'application d'une circulaire conjointe des ministères de l'Intérieur et de l'Equipement datant de 1998, les communes peuvent obtenir l'occupation temporaire des plages relevant de leur territoire. A condition de n'exploiter que 30% de la superficie totale de la plage pour des activités commerciales, les 70% restants sont destinés à l'usage public gratuit, tout en assurant l'entretien et la salubrité de la totalité de la plage, et en la dotant des équipements nécessaires à sa bonne gestion. Une circulaire qui, bien entendu, n'est pas respectée au détriment des estivants qui souffrent chaque jour, en cette période estivale, de ce désagrément. Pire encore, les loueurs de parasols exploitent même les voies d'accès. Comme le déplore ce sapeur-pompier «toutes les issues de secours sont bloquées. Nous trouvons beaucoup de difficulté à évacuer les noyés vu que toutes les allées sont investies, ce qui entrave notre travail et la rapidité de notre intervention». Toujours selon ce dernier, les loueurs de parasols vont plus loin et érigent des barrières à l'aide de cordes pour limiter leur territoire comme ils disent. Et qu'en est-il du parking ? C'est une autre histoire. Un autre réseau opère sur le parking de la corniche d'Aïn Diab. Il faut payer 5 DH si l'on veut stationner sa voiture ne serait-ce que pour une heure. Les gardiens obligent les automobilistes à payer cette somme sous prétexte que c'est la loi et que les tickets émanent de la commune. Or, les tickets n'appartiennent ni à la commune ni à un autre organisme, c'est juste une ruse pour arnaquer les gens et les obliger à payer. Ce que les automobilistes déplorent c'est l'absence de contrôle de la part des autorités concernées. Les choses sont en train de changer au Maroc et nous ne pouvons plus tolérer ce genre d'injustice et d'abus.