L'instabilité provoquée par les soulèvements du printemps arabe devait être ressentie dans la dynamique économique interne à travers plusieurs perturbations. L'année 2012 semble s'inscrire dans la continuité de l'année précédente. Dans la dernière lettre, les conjoncturistes se sont penchés sur les prémices d'une relance de croissance économique, et ce dans un nouvel élan démocratique. Comme annoncé dans notre dernière édition, la reprise tant attendue au début de l'année 2011 a été moins vigoureuse que prévu au cours des derniers mois. De même pour les anticipations de redressement du cycle des affaires qui demeurent encore incertaines, compte tenu des particularités de la conjoncture économique, au plan interne, mais aussi de la persistance des facteurs de risques liés à l'instabilité politique et sociale dans la région. En effet, les mouvements revendicatifs enclenchés dans différents pays arabes depuis le début de l'année, ont eu des répercussions importantes au Maroc, favorisant la mise en place dans le cadre d'un nouvel élan démocratique, de réformes d'envergure au plan institutionnel allant jusqu'à l'adoption d'un nouveau texte constitutionnel. «Tout au long de cette période de débat et de discussions portant sur la teneur des réformes à mettre en place et leur ampleur, les capacités d'initiative et d'anticipation ont été affectées par la montée des risques inhérents à cette période de transition», constatent les analystes du CMC. Qu'on le veuille ou pas, l'instabilité provoquée par les soulèvements du printemps arabe devait être ressentie dans la dynamique économique interne à travers les perturbations subies par le secteur du tourisme et les activités qui lui sont liées, l'afflux des investissements étrangers, les transferts des MRE et la demande étrangère adressée à la production nationale. Après l'adoption du nouveau texte constitutionnel et la mise en place des structures prévues par ce texte, peut-on s'attendre à une certaine accalmie des mouvements revendicatifs favorisant le retour au fonctionnement normal des rouages de l'économie et le rétablissement de la confiance, seul gage de relance de l'activité et de l'investissement ? Le creux est-t-il conjoncturel ? Les hypothèses portant sur les principaux facteurs d'anticipation de l'activité économique, relevant aussi bien de l'environnement interne qu'externe, permettent d'envisager pour l'année 2011 un rythme de croissance stabilisé à peu près du même niveau de l'exercice précédent, soit 3,9%. Sachant que l'année 2010 s'est achevée elle-même sur un repli du rythme de progression de l'activité par rapport à l'exercice qui l'avait précédé, ce qui témoigne d'une quasi-stagnation du processus de croissance. Les analystes du CMC déduisent ainsi dans leur analyse que le taux de croissance se maintiendrait pour la deuxième année consécutive au-dessous du seuil de 4%. Ce résultat qui s'écarte notablement de l'objectif de croissance généralement retenu pour la réalisation des progrès significatifs en matière de niveau de vie et d'emplois, témoigne de l'ampleur du creux conjoncturel que traverse actuellement l'économie nationale. Pour l'année 2012, le scénario de croissance repose globalement sur des hypothèses qui, par différents aspects, s'apparentent à celles retenues précédemment. Les années 2011 et 2012 semblent ainsi s'inscrire dans une phase conjoncturelle de consolidation de l'activité qui se singularise par un relâchement des leviers les plus dynamiques de la croissance. Force est de constater que depuis 2004, on tourne autour d'un taux de croissance de 4%, alors que la moyenne de la croissance au cours de la période 2001-2007 s'est établie nettement au-dessus de 5%. La phase de croissance actuelle enclenchée depuis 2010 et qui pourrait se prolonger jusqu'en 2012, et probablement même au-delà, représente du point de vue de l'analyse des cycles une période de basse conjoncture. En pleine tourmente de la crise financière, nous nous sommes félicités de la capacité de résilience de notre économie. Mais deux ans plus tard, les ressorts de la croissance semblent accuser le coup avec l'éventualité même de perte de croissance d'un point par an. La lecture des développements conjoncturels sur les trois dernières années autorise ainsi un scénario prévisionnel pour l'année 2010, reproduisant à quelques détails près la configuration de croissance en 2011. Ce scénario se veut désormais plausible étant donné que les hypothèses retenues sont quasiment les mêmes que celles de 2011. Sur le plan international, les pronostics établis par les organismes les plus autorisés tablent sur la poursuite de la reprise de l'économie mondiale, mais à un rythme marqué par une certaine lenteur. Sur le plan interne, les conditions de l'offre ne devraient pas connaître de changements profonds. Les perspectives budgétaires pour l'année 2012 ne semblent pas offrir de marges de manœuvre suffisantes pour faire jouer à la dépense publique un rôle de premier plan de soutien à l'activité et à la croissance. Partant des particularités de la présente conjoncture et dans l'hypothèse d'un retour à une accalmie favorisant le rétablissement de la confiance, l'économie nationale pourra retrouver le chemin de la croissance en 2012 avec un taux prévisionnel de 4,1%.